On vous parlait dans notre dernier article de la position des partis politiques par rapport à la question du recouvrement de l’indépendance. Si certains d’entre eux n’émettaient pas sur la même longueur d’onde, il faut dire que les principales rivalités de l’époque opposaient les partis issus des familles princières. Le point.
Autour de la question de l’indépendance du Burundi, les premières dissensions entre Burundais se font sentir au pays avec la propulsion sur le devant de la scène des élites. Des élites dont les avis divergeaient quant aux modalités du départ des Belges.
En effet, c’est Aude Laroque qui l’écrit : « Dès 1959, le Conseil Supérieur du Pays demande l’autodétermination du Burundi, avant celle du Congo. Mais très vite, des divergences apparaissent dans l’aristocratie burundaise : Jean-Baptiste Ntindendereza, fils du chef Barayanka, et quelques autres affirment leur soutien pour les Belges et redoutent publiquement que l’indépendance ne replonge le pays dans une arriération médiévale ».
C’est aussi le camp Baranyanka qui redoutait de perdre les prérogatives et les pouvoirs hérités de la tutelle belge. Ce qui n’était pas du goût du prince Rwagasore, le fils de Mwambutsa. Et il ne manquera pas de le faire savoir. À en croire , il se lance dans l’arène politique et propose un projet politique en deux temps : il réclame d’abord l’autonomie interne avant l’indépendance et fonde l’Uprona où il n’est pas question de division ethnique mais plutôt de l’industrialisation du pays, de la lutte contre l’analphabétisme et de la formation civique des citoyens.
Et sans tarder, en 1958, lors d’une réunion au tour du prince Louis Rwagasore, de plusieurs autorités coutumières et de quelques membres du clergé autochtone, la décision est prise à Muramvya de fonder un parti politique : l’UPRONA. Cette initiative sera accueillie avec enthousiasme, entre autres par de nombreux commerçants swahili.
Le PDC et la tutelle, l’entente « parfaite »
Pour barrer la route à l’Uprona, Jean-Paul Harroy, du nom du Résident-Général du Ruanda-Urundi, encourage la formation d’un parti politique rival de celui du prince Rwagasore. Si au Rwanda, la tutelle ne dissimulait pas son aversion pour la royauté et les grands chefs, au Burundi, elle soutiendra un parti aux idées pro-indépendance tardive : le PDC, Parti démocrate-chrétien, dirigé par les fils de Barayanka, Joseph Birori et Jean-Baptiste Ntindendereza.
Un soutien au PDC en phase avec le « modèle belge de décolonisation » en trois temps : premièrement, la tutelle belge s’était fixé comme objectif l’indépendance dans un délai assez long. Deuxièmement, pour l’atteindre, une programmation « raisonnée » des réformes s’imposait. Et troisièmement, ce processus devait se réaliser dans une atmosphère d’entente et de parfaite collaboration. Toute une consécration du plan de trente ans de Jef Van Bilsen.
Il faut aussi dire que l’accélération des processus d’émancipation, d’abord au Congo, puis très vite au Ruanda-Urundi, poussera les Belges à soutenir ou à encourager la création des partis des autochtones qui proposaient une « collaboration ». C’est en tout cas ce qu’écrit l’Historien Jean-Pierre Chrétien. Et c’était bien trouvé pour la tutelle quand on connaît la position des fils de Baranyanka par rapport à la question de l’indépendance.
On le voit donc, s’il y avait une multitude de partis politiques à la veille de l’indépendance, le fait est que les enjeux étaient incarnés par la famille princière. Une famille divisée qui ne le sera pas moins avec la question de l’indépendance.
On devrait sortir de cette vision caricaturale , simpliste pour ne pas dire fausse de cette lutte pour l’indépendance. Ce n’était pas une lutte entre deux familles princières. Des Bezi ont milité contre l’Uprona, des Batare ont soutenu l’Uprona . C’était une lutte entre ceux qui voulaient l’indépendance et les autres qui n’en voulait pas ou qui voulaient profiter de l’argent distribué par l’administration contre l’Uprona. De nombreuses familles ont été divisées et certaines personnes militaient le jour contre l’Uprona et la nuit ils militaient pour .
@Anonyme
C’est a dire que (parfois?) dans la societe burundaise, le manque d’ideologie et l’opportunisme sont bien evidents si « certaines personnes militaient le jour contre l’Uprona et la nuit ils militaient pour. »
Les fils de Baranyanka avaient raison.. Voilà où on en est avec l’indépendance hâtive.. Même quelques jours après l’indépendance, l’Uprona s’est divisé en plusieurs branches et nous le payons cher encore aujourd’hui.
@Anonyme.
Les fils de Baranyanka avaient droit d’avoir leurs propres convinctions politiques (qu’ils exprimaient d’ailleurs a travers leur Parti democrate Chretien).
ILS N’AVAIENT POINT RAISON EN ASSASSINANT LE LEADER DU PARTI POLITIQUE UPRONA (lequel parti venait de remporter les elections).
Ils sont carrement a l’origine de l’instabilite politique au Burundi au moment de l’independance.
(Si a ca on ajoute que l’assassinat du President Melchior Ndadaye (et de nombreux de ses collaborateurs) s’est suivi d’une dizaine d’annees de guerre civile, AUJOURDH,UI AUCUN BURUNDAIS NE DEVRAIT PRENDRE LES ASSASSINATS POLITIQUES A LA LEGERE).
Il ne faut justement pas mettre tout les fils de Baranyanka dans le même panier. Il n’étaient pas tous contre l’indépendance et ceux qui étaient contre n’étaient pas tous des fils de Baranyanka. Ils étaient dans une coalition de partis nommée Front Commun(PDR, PDC,PP…) et non fils de Baranyanka ou Batare. Les militants de l’Uprona n’étaient pas de la famille de Rwagasore, c’étaient des résistants a l’occupation étrangère issus de tous les horizons du pays. Les problèmes que le Burundi a connu n’ont pas été causés par l’indépendance . Ceux qui cachaient leur soutien a l’Uprona avaient de sérieuses raisons de le faire. Certains le faisaient pour éviter la prison. Une action clandestine peut être efficace.