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Gratuité des soins de santé, le revers de la médaille

Depuis 2006, les femmes enceintes et les enfants en dessous de cinq ans bénéficient d’une prise en charge gratuite pour les coûts liés à leur situation de maladie ou santé. Mais ce n’est pas toujours le cas au grand dam des malades.

 « Les accouchements, y compris les césariennes ainsi que les soins des enfants de moins de 5 ans, dans les structures de soins publiques et assimilées sont subventionnées à 100% », dit entre autres le décret no 100/136 du 16 juin 2006 portant subvention des soins aux enfants de moins de 5 ans et des accouchements dans les structures de soins publiques et assimilées.

Ce décret a permis à de nombreuses femmes de pouvoir donner naissance dans des conditions plus ou moins acceptables, avec l’assistance de médecin ou de sages-femmes. Et « la proportion des accouchements en milieu de soins atteint actuellement 74% », pouvons-nous lire dans la Politique Nationale Santé 2016-2025, alors que les accouchements assistés dans les FOSA (formations sanitaires) étaient passés de 34 % en 2005 à 67 % en 2012.

Mais les imperfections ne manquent pas. C’est ce qui ressort du Cadre d’expression des malades au Burundi (CEMABU), qui se dit non satisfait de la qualité des soins offerts aux malades en général. Sylvain Habanabakize, Chargé de Plaidoyer et Communication au CEMABU estime que « certains de leurs droits ne sont pas respectés ».

Des médicaments qui font défaut

D’abord de façon générale, « l’accueil qui devait être en principe courtois ne se retrouve pas dans les structures de santé publique », se désole M. Habanabakize, « tout comme le droit des malades à l’information qui n’est pas de mise, ce qui désoriente parfois les malades », ajoute-t-il.

Quant à la gratuité, certains actes et médicaments ne sont pas donnés aux enfants ou aux femmes qui accouchent. « Alors que, la loi, entre autre l’ordonnance ministérielle de mise en application du décret de 2006 prévoit une liste des médicaments essentiels qui doivent être disponibles dans les structures de soins publics et donc accessibles aux malades gratuitement, l’on se retrouve la plupart des fois sans ces médicaments et les femmes ou mamans de petits enfants se voient offertes une ordonnance pour aller acheter ces produits dans les pharmacies privées », explique Sylvain.

L’autre point, dit-il, ce sont des femmes qui ont accouché et qui sont obligées de rentrer très tôt de l’hôpital pour laisser la place aux autres. « C’est dangereux pour leur santé car il y a des risques de complications après la sortie, d’où elles devraient être gardées en observation pendant au moins trois jours », nous dit le chargé de communication au CEMABU.

Partage du peu qu’on a

Un médecin interrogé nuance ces propos. « C’est vrai que la mesure est d’une importance capitale mais elle pose le problème du personnel et d’infrastructures dont notre système de santé dispose ». Pour lui, avec le nombre élevé des parturientes et des lits parfois peu nombreux dans certains hôpitaux, il faut plus penser à l’équipement en ressources humaines et matérielles de nos structures de soins car « parfois nous sommes débordés  et par conséquent l’accueil et les produits peuvent se raréfier du fait que la demande se retrouve augmentée, sans oublier bien sûr qu’on peut juger bon de laisser rentrer une femme qui a bien accouché pour qu’une autre qui est en travail trouve place ».

Il tient aussi à souligner que le mot « gratuité » en fait n’existe pas. Si l’on ne paie pas, c’est parce que quelqu’un d’autre a payé pour toi. Et dans le cas d’espèce, tient-il à clarifier, alors qu’on a tendance à penser que tout soin pour femme enceinte est remboursé, il fait savoir qu’ « il y a des actes qui ne le sont pas, c’est-à dire quand ils ne sont pas liés directement à la grossesse ou à l’accouchement ».  Mais, concède-t-il, « une plus grande communication, la plus claire possible en la matière, viendrait apaiser ou du moins donner réponse à certaines lamentations ».

 

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