Si vous avez entendu parler d’un administrateur communal qui assiste matériellement les étudiants ressortissants de sa commune, il est fort probable qu’il s’agissait de Goreth Nshimirimana, administrateur de la commune Marangara en province Ngozi. Une dirigeante qui s’est choisie une noble tâche : un accompagnement social et matériel des étudiants de sa commune. Yaga est allé à sa rencontre.
Cette mère de trois enfants, fervente pentecôtiste se déclare de « ceux qui craignent Dieu ». Ainsi, balaie-t-elle du revers de la main tout ce qui ne revêt ou ne conserve son état « originel ». Cheveux naturels, sans maquillage, sa garde robe n’a jamais connu de pantalon d’apparat. Seuls les travaux communautaires font qu’elle enfile un training.
À ses 39 ans révolus, elle a déjà caressé par deux fois le rêve de siéger dans les deux chambres du parlement. Une première fois en 2010 pour une place à l’assemblée nationale. Une seconde fois en 2020 pour une place au sénat.
Cela fait déjà deux ans que, à la tête de la commune Marangara, elle a pris l’engagement de se porter « rassembleuse » des étudiants natifs de Marangara fréquentant les universités établies à Bujumbura, Gitega et Ngozi.
La première étape a été de les inciter à loger ensemble. Cela pour faciliter la visite qu’elle leur rend chaque année. Cette visite aux allures de séances de moralisation est une occasion de leur offrir un igikemanyi : sacs de riz, haricots et charbon à bois. Du pain béni pour les étudiants !
Un rêve brisé qui la pousse à entretenir ceux des autres
Débobinons et faisons un petit saut dans le passé. Nous retrouvons la jeune Goreth, une élève pleine d’ambitions. Décrocher les diplômes, jusqu’au doctorat, voilà son rêve. As des maths, elle a du mal à se tirer d’affaires en langues.
Dans notre système, les sciences et les langues sont deux ailes que l’on doit bien maitriser pour pouvoir voler dans les hautes altitudes du cursus. La mort dans l’âme, Goreth se résigne à un diplôme A2 dans une école de gestion-comptabilité.
Au fond d’elle, elle garde toujours un faible pour ceux qui poussent loin leurs études. « Je ne veux pas entendre qu’un enfant intelligent a quitté l’école. Je fais tout mon possible pour le faire regagner l’école», indique-t-elle.
Une fois à la tête de la commune, elle apprend avec amertume des cas d’étudiants qui n’arrivent pas à rejoindre l’université du Burundi faute de moyens financiers alors qu’ils sont homologués. « J’ai alors pris l’initiative d’inviter tous les étudiants à un dialogue. Et je leur ai dit que je comptais les accompagner. Après la rencontre, nous nous sommes convenus de choisir des représentants dans chaque province pour faciliter la communication et de vivre ensemble par groupe de 5 ou de 6 personnes pour permettre la mise en commun des vivres à leur envoyer. »
Selon certains des bénéficiaires, « en dehors des biens matériels, elle leur inculque sans cesse des vertus telles que l’amour, la générosité, l’entraide mutuelle, la visite des malades, et par-dessus tout garder une bonne éducation ».
Prêcher par les bons actes
Pour arriver à la concrétisation de son œuvre de charité, Goreth Nshimirimana fait recours aux églises opérationnelles dans son entité territoriale. « J’ai convoqué une réunion avec différents leaders des confessions religieuses pour leur parler du projet d’aider nos étudiants à travers la collecte des vivres par le canal des églises. Dieu merci, le message a été reçu favorablement.», fait-elle savoir en précisant qu’elle donne sa contribution comme tant d’autres fidèles, et non pas mettre la main dans le trésor communal. La caisse communale participe à la scolarisation des élèves indigents.
Espérons qu’un tel exemple servira de modèle aux autres élus du peuple et à la population pour unir les efforts et apporter un coup de main aux étudiants du pays en ce moment que le coût des denrées alimentaires ne cesse de flamber.
C’est vraiment extraordinaire et nous l’encourageons d’aller de l’avant et que ses rêves soient accomplis!