Dans une société foncièrement phallocratique, notre subconscient a déjà assimilé le fait que ce sont les hommes qui doivent courtiser la gente féminine et non l’inverse. Mais, est-ce pour autant une abomination si une fille prend les devants ? Faut-il aller à l’encontre du « politiquement correct » ou s’enfermer dans le carcan culturel ad vitam aeternam ?
Un ami m’a récemment envoyé une vidéo de la tiktokeuse Delly Dryce. Sur un ton taquin, cette dernière raconte à quel point elle est déprimée, car elle s’est pris un râteau. Mais il s’agissait d’une forme de provocation pour amorcer le débat. Elle voulait juste s’exprimer sur le cas de certaines femmes qui tombent amoureuses d’un homme mais décident de se retenir. In fine, elles sombrent dans le regret, voire dans la dépression. En exprimant leurs sentiments pourtant, il y aurait peut-être une chance. Et si ça ne passe pas, elles passeraient à autre chose.
Un schéma tout tracé
Dans la société burundaise, et même dans d’autres sociétés, l’homme doit être à l’initiative. Le courage, le leadership et la conquête sont les maîtres-mots de l’univers masculin. Quand il s’agit de faire la cour, les hommes ont cette réputation de beaux parleurs. Pour séduire la femme qu’ils aiment, ils savent trouver les mots et les gestes parfaits.
Mais il y a des exceptions à cette règle. Des hommes qui souffrent de « igihwa » (timidité, ndlr) existent bel et bien. Mais devraient-ils pour autant être condamnés à rester seuls toute leur vie ? Où est le mal si une femme fait le premier pas face à un homme qui a visiblement besoin d’un coup de pouce ? L’homme est-il diminué pour autant ? Pourquoi alors des expressions comme «yariye icifishije », pour signifier à peu près qu’il n’a fait que ramasser un fruit trop mûr tombé d’un arbre.
La proie devient le chasseur. Vraiment ?
Les autres diront que les hommes savent ce qu’ils veulent dans la vie et ont une vision claire de la personne qui va partager le restant de leurs jours. Là aussi, la norme n’est pas en faveur des femmes. Cette perception légitime le fait qu’une femme doit attendre qu’on vienne demander sa main et rester passive. Sauf que les femmes aussi sont des êtres pensants. Elles savent aussi ce qu’elles recherchent chez un partenaire potentiel.
Une femme qui tombe éperdument sous le charme d’un homme a le droit de l’apprécier aussi bien physiquement qu’émotionnellement et d’envisager de bâtir quelque chose avec lui. Alors pourquoi s’amuse-t-on à dire malicieusement que « uruhigi rwahindukiye », comme pour dire que la proie devient le chasseur ?
Draguer n’est pas un crime
Vous l’aurez compris, les filles peuvent éprouver de l’amour en premier. Cette histoire met aussi en jeu la santé mentale et physique des femmes et des filles. Certaines tombent dans la dépression suite à une accumulation de sentiments refoulés. Mieux vaut la boucler et souffrir au lieu de risquer la désapprobation sociale.
Chers “damoiseaux’’, la femme qui fait le premier pas n’est pas une femme facile. Il est peut-être temps de remettre en question vos mentalités. Une relation où c’est la femme qui prend l’initiative n’est pas vouée à l’échec et ne diminue en rien votre masculinité. Mesdemoiselles, réaliser qu’un homme vous plaît et prendre les devants n’est pas un crime. Vous pourriez même filer le parfait amour, qui sait ? Le seul moyen d’en avoir le cœur net c’est de communiquer ce que l’on a sur le cœur.
Ceci n’est pas un appel aux femmes de draguer à tout-va. Mais, si l’amour te prend aux tripes, fonce ! Qui ne risque rien n’a rien.