Cela fait déjà plus de 2000 ans que la fête de Noël est célébrée. Et pour le faire, certains ne lésinent pas sur les moyens, allant même jusqu’à s’endetter. Et si on changeait ?
« Mes enfants ont eu de nouveaux habits pour la fête de Noël, nous avons mangé un repas copieux. De la viande, des petit-pois, etc. Et vers le soir, nous sommes allés à la plage », raconte Edmond, un habitant de Bwiza. Il ajoute que son épouse a eu aussi un nouveau pagne. « En tout cas, je me suis arrangé à ce que personne ne se moque de moi. J’ai fait la différence comme d’habitude », se targe-t-il. « Avez-vous des moyens pour le faire ? C’est quand même coûteux ! », fais-je remarquer, car je sais qu’actuellement, il est au chômage et s’est reconverti en commissionnaire.
Avec cette question, Edmond change de ton : « Oui. J’ai contracté des crédits chez des amis. Je les rembourserai une fois que j’aurai une commission. Et tu sais, notre métier est vraiment bon. Tu peux avoir d’un coup une commission de plus de dix millions BIF. Tu vois que c’est facile de rembourser. »
Pour ce père de quatre enfants, les fêtes de fin d’année doivent être célébrées de façon exceptionnelle. « Mon ami, Noël et Bonne année se fêtent. C’est une habitude. Quand on termine les 12 mois en vie, ce n’est pas n’importe quoi. Une année est longue. On doit dépenser pour célébrer », tente-t-il de me convaincre.
Edmond n’est pas le seul à se préparer pour ces fêtes. Un autre homme, fonctionnaire de l’Etat, me raconte qu’il a demandé un découvert bancaire pour ces fêtes. Lui et sa famille prévoient de se rendre à Mugara, dans les eaux thermales de Rumonge au sud du pays pour tout le week-end. Sans véhicule personnel, il prévoit de louer une voiture pour deux jours. Sans compter les frais d’hôtel, la nourriture, etc.
Pour le salaire du mois de décembre, il affirme qu’il l’a déjà dans sa poche. « Et comme il ne peut pas suffire pour mes prévisions, c’est pourquoi j’ai demandé un découvert. Et je constate que je dois aussi demander à un ami un peu d’argent pour compléter. Mes enfants ne peuvent pas tolérer qu’on ne fête pas. Je n’aurais pas d’explications à donner comme parent », argumente-t-il.
Et le remboursement ?
Interrogé sur comment va-t-il rembourser ces crédits, il semble hésitant. Après quelques minutes de silence, il répond : « Je vais m’arranger. »
Mes deux sources ne sont pas les seules à penser de cette façon. Il y a des milliers de Burundais qui sont en train de se battre, de faire toutes les acrobaties possibles pour célébrer ces fêtes de fin d’année. Et pas avec leurs moyens, mais avec des crédits et des découverts.
Ne faudrait-il pas penser à l’avenir, et analyser la conjoncture économique actuelle avant de s’embarquer dans des dépenses énormes pour ces fêtes. Pour le fonctionnaire, les salaires du mois de décembre tombent souvent avant le 25. Et là, pour percevoir un autre salaire, il faut attendre 35 jours, voire 40 jours. N’est-ce pas chez ces mêmes fonctionnaires que l’on entend souvent que « le mois de janvier a plus de 35 jours. »
Avant de célébrer de façon exceptionnelle les fêtes de fin d’année, prenez le temps de penser à cela. Quant à ceux qui avancent que leurs enfants y sont habitués, qui décident finalement ? Les enfants ou les parents ? Qui doivent planifier, préparer un bon avenir pour eux ?
En entraînant des dépenses exceptionnelles, incontrôlées pour ces fêtes, est-ce la meilleure façon d’éduquer nos enfants, de leur préparer l’avenir ?
Et si vous fêtiez sobrement pour ne pas vous ruiner ? A bon entendeur…