Considérée comme étant le quatrième pouvoir aux côtés du pouvoir exécutif, législatif et judiciaire, la presse n’échappe pas au triste constat : les femmes ont encore du chemin à parcourir pour avoir la même parité que les hommes.
Lunettes, cheveux blonds coupés courts, un regard qui scrute un interlocuteur jusqu’à le faire craquer, Élise Lucet est la journaliste qui fait peur aux politiques et aux hommes d’affaires. Son émission, Cash Investigation revient sur les dossiers brûlants, ceux que certain.e.s journalistes n’osent aborder, au risque de se bruler les doigts. Malgré la réputation d’Elise Lucet, les femmes journalistes en France ne sont pas encore arrivées à une égalité effective avec leurs compères masculins, spécialement dans les postes de responsabilité.
Un débat, un constat
« Les femmes dans le journalisme, où en sommes-nous ? » , tel était le thème du débat organisé par le collectif des blogueurs Yaga aux côtés de l’ambassade de France au Burundi, l’Association Burundaise des Radiodiffuseurs (ABR) et l’organisation PAPROM (projet d’appui à la professionnalisation des médias au Burundi). Avec un panel 100 % féminin : Daniella Niteka, chercheuse en sciences de l’information ; Liliane Nshimirimana, à la tête de l’association des journalistes de sport du Burundi et Corinne Vanmeriss, Directrice adjointe de l’Ecole Supérieur de Journalisme de Lille.
Il était question de la place des femmes dans la presse en France et au Burundi. Corinne Vanmeriss, qui a fait un exposé sur l’état des lieux en France, montre que « sur 35 000 cartes de presse en France, 48 % appartiennent aux femmes et 52 % aux hommes ». Et d’ajouter que « les femmes journalistes représentent 31 % des journalistes dirigeants, 39 % des rédacteurs en chef et 42 % des chefs de service et des chefs d’édition ». Quant aux femmes journalistes de sport, « elles représentent 10 % des journalistes de cette spécialité ». Ainsi, même dans le pays des « droits de l’Homme », les femmes journalistes comme on peut le constater, n’ont pas encore une place de choix dans les organismes de presse.
Et au Burundi…
« Nous sommes 113 membres à l’AJSB (association des journalistes sportifs du Burundi, Ndlr) et parmi ses membres, uniquement 6 sont des femmes », révèle Lilliane Nshimirimana, présidente de l’AJSB. Fait encore surprenant, c’est elle qui dirige cette organisation à plus de 90 % composé par des hommes.
Selon le conseil national de la communication (CNC), les femmes journalistes représentent moins de 30 % et moins de 10 % occupent des postes de prise de décision dans les médias. Daniella Niteka, enseignante et chercheuse, explique cette faible représentation : « On ne les voit pas dans les postes de direction et peu de femmes dirigent les rédactions, comme à la radio Isanganiro ».
À y voir de près, les femmes journalistes sont non seulement inférieures en nombre dans les organes de presse, mais elles le sont encore plus dans les postes de directions. Ce qui représente évidemment un frein : si elles ne s’expriment pas, comment vont-elles faire savoir l’injustice et la violence auxquelles elles font face chaque jour ? Je vous laisse réfléchir sur ce passage du « Deuxième Sexe » de Simone de Beauvoir : « Economiquement, hommes et femmes constituent presque deux castes ; les premiers ont des situations plus avantageuses, des salaires plus élevés, plus de chances de réussite que leurs concurrentes de fraîche date. Ils occupent dans l’industrie, la politique un plus grand nombre de places et ce sont eux qui détiennent les postes les plus importants. »