Depuis le début de cette année, les cas de féminicides se font remarquer dans certains coins du pays. Mais d’où vient ce déferlement de violences qui s’abat sur nos sœurs et nos mères ? Il est difficile d’évoquer des cas particuliers tellement les circonstances de ces meurtres sont sordides. Mais la solution n’est pas de passer sous silence la monstruosité humaine qui se cache derrière ces dossiers.
Ces faits sordides ne se déroulent pas dans les quartiers huppés de New York ou de Los Angeles mais bien dans les collines paisibles et verdoyantes du Burundi, jadis pays du lait et du miel.
Le crime le plus récent et le plus épouvantable est celui de Marie Sandrine Nkunzimana, une jeune fille de 25 ans retrouvée morte, sein et oreille sectionnés et utérus retiré par son (ses) ravisseur(s). C’était à Mabayi en province de Cibitoke dans la journée du 1er mai 2023. Quel est le mobile de ce crime odieux ? Nous ne savons toujours pas. Difficile de trouver une explication à ce déferlement de violence. Donner un sens à cette folie humaine, c’est presque chercher un semblant d’humanité dans ces monstres.
L’autre drame a eu lieu le 31 mars 2023. Ce fait ignoble relate une vengeance macabre d’un homme de 40 ans envers une jeune fille. Ce résidant de la province Muyinga, zone Rugari a demandé à sa femme d’assouvir ses pulsions sexuelles. Sa compagne a rejeté sa demande. En proie à une rage démesurée, cet homme au dessus de tout soupçon comme l’affirme le voisinage, s’est vengé en se jetant sur la fille de sa femme quand elle revenait de l’école. Il l’a violée blessant profondément ses parties génitales avant de la tuer et de prendre la fuite. Mais il a été rattrapé par les forces de l’ordre et emprisonné à la prison de Muyinga. Les actes de ces criminels m’ont rappelé une citation de Joseph Conrad : « La croyance en une origine surnaturelle du mal n’est pas nécessaire. Les hommes sont à eux seuls capables des pires atrocités. »
Aux grands maux, les grands remèdes
La médiatisation de ces crimes perpétrés alerte la population sur ces faits. Les médias burundais nous rappellent que ce n’est pas seulement les pays industrialisés qui enregistrent des crimes horribles, parfois passionnels. Certes, ces histoires bouleversent les âmes sensibles et reflètent les ténèbres des hommes, mais nous enseignent, nous rappellent et nous instruisent sur la propension de la violence de l’homme moderne.
Encore un cas effroyable d’homicide est survenu dans la commune Vugizo de la province Makamba. Le matin du 28 février 2023, le cadavre d’une élève de 20 ans du lycée Gishiha, Sophie Irakoze, a été découvert. Morte étranglée avec des blessures aggravées au visage, elle gisait dans le champ de l’établissement. L’enquête a révélé qu’elle était enceinte (d’où le double homicide) et que le meurtrier n’était autre que son encadreur, Pascal Congera avec qui elle entretenait une liaison. Il a été aidé dans cette sale besogne par un professeur portant le surnom de Kazungu. Les deux criminels ont été mis sous les verrous grâce aux résultats de l’enquête.
Le pouvoir de la justice, la première arme puissante pour éradiquer le féminicide en appliquant des sanctions sévères, est-elle suffisante ? Des peines exemplaires sont certes infligées à ces criminels sans foi ni loi, à l’instar de ce tueur qui a poignardé une jeune fille de 21 ans à Gahahe en commune Mutimbuzi de la province Bujumbura. Immaculée Mwaluke Muhemedi (nom de cette fille) est morte sous le coup des blessures infligées. Le tribunal de grande instance de Bujumbura a prononcé à l’encontre de ce meurtrier une peine à perpétuité et une amende de 10 000 000 de Fbu. La justice a la main lourde dans ce genre d’affaire et elle a raison. La justice et les forces de l’ordre doivent rester des piliers de la lutte contre ces folies meurtrières.
« Les normes sociales de genre renforcent les inégalités… »
Un criminologue qui a requis l’anonymat s’exprime: « C’est difficile de se prononcer sans mener une étude approfondie sur le terrain pour expliquer la survenue de ces cas de féminicide. »
Christa Josiane Karirengera, experte en genre et dans la lutte contre les VBG, tente de donner une explication à cette montée des cas de féminicides : « Je pense que ce phénomène pourrait être expliqué par la persistance des normes sociales de genre qui renforce les inégalités entre les hommes et les femmes. » Elle souligne aussi le fait que dans une société patriarcale, la domination masculine et la hiérarchisation des rôles sociaux influencent la socialisation des individus. Ainsi, les hommes comme les femmes répondent à un modèle social imposé.
Cette experte touche sur un autre point sensible : « La masculinité hégémonique ou toxique impose aux hommes un comportement social les poussant à devenir des êtres non émotifs, à démontrer leur virilité et leur force physique; ce qui peut expliquer la violence observée. »
Selon cette experte, d’autres causes peuvent expliquer la montée en puissance des fémincides, comme l’impunité, sans oublier le contexte des conflits armés où règne la loi du plus fort dans lequel un refus est une humiliation. Ainsi le refus des femmes n’est pas toléré par ceux qui se considèrent comme des « êtres supérieurs ».
Karirengera propose les solutions suivantes face à ce fléau : « Pour y remédier les parents et la société devraient promouvoir une masculinité positive qui transforme les relations hommes-femmes en relations égalitaires. La répression effective traduite par l’application des textes de loi par les personnes habilitées pourrait aussi avoir un impact palpable. »
Elle nous parle également des mesures d’accompagnement psychosocial individuel et communautaire palliant aux effets des traumatismes antérieurs et aussi des blessures latentes des Burundais(e)s qui pourraient contrer la perpétuation de ce cycle de violences basées sur le genre et autres. L’experte conclut par ces mots : « Le gouvernement devrait, quant à lui, augmenter le budget national attribué aux politiques et aux programmes de lutte contre les VBG et de promotion du genre dans tous les domaines. »
pourquoi vous ne nous parlez pas de ces femmes qui tuent leurs maris aussi ?
pourquoi est ce toujours un train unidirectionnelle
quitte à sensibiliser sensibiliser dans les 2 sens!