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Faire Bujumbura-Rumonge, ça m’a pris un détour de 200 km

Si vous avez un voyage à l’intérieur du pays, il serait judicieux de scruter votre smartphone avant votre départ. Ces jours-ci, des montagnes s’écroulent bloquant par la suite des routes pour plusieurs heures dans certains coins du pays. La situation est pire sur la RN3, d’autant plus que les entreprises qui assuraient sa réhabilitation ont annoncé l’arrêt des activités.

Lundi, le 15 avril, j’ai une mission de travail à Rumonge. Il est prévu qu’on s’y rende le dimanche, le 14 avril. Avec notre équipe, nous décidons de rester à Bujumbura et de partir très tôt le matin. A 6h30 min, nous entamons notre périple, afin d’arriver sur les lieux à 8h, pile pour le début de notre travail. Peu après une heure de route, nous dépassons Gitaza. Il pleut à ce moment, et à mon chef de nous lancer cette question que nous nous posions déjà tous : « Va-t-on vraiment arriver à Rumonge ? » 

Après un autre kilomètre, nous atteignons Kijejete. Surprise ! Une longue file de véhicules nous accueille. L’intenable montagne de Kijejete s’est encore écroulée sur la route au-dessus du lac Tanganyika. Hélas, aucun véhicule ne passe. Des gars s’improvisent pour transporter les voyageurs sur le dos, moyennant un petit 1000 mille Fbu. Des bateaux de pêche sont également là pour faire les navettes d’un côté à l’autre pour transporter des gros sacs. Les voyageurs qui sont dans des véhicules de transport en commun doivent, eux, rejoindre l’autre bout de la route pour prendre un autre. 

« On est cuit. Comment faire pour arriver à Rumonge ? », murmure un collègue dépité. Notre chauffeur ne réfléchit pas deux fois. Il fait demi-tour. « Avec la lenteur des services burundais, nous serons encore là demain ! ». Nous voilà donc qui retournons à Bujumbura, pour prendre la RN7 jusqu’à Mahwa (environ 100km), puis Bururi (30km) pour enfin descendre sur Rumonge (30km). Avec plus de 50km (aller-retour) Bujumbura-Kijejete, nous avons parcouru plus de 200km. Pour un trajet qui, normalement, fait une distance de 72 km, nous sommes arrivés à Rumonge à 13h. Je vous épargne la gestion de notre retard. 

Que faire ?

Les chances de rétablissement de cette route s’amenuisent. La montée des eaux du lac Tanganyika menace fortement les rives de cette infrastructure qui est déjà en piteux état. Pire, les travaux de réhabilitation qui étaient exécutés par le groupement des sociétés SOGEA-SATOM et Getra viennent d’être arrêtés. 

Dans une correspondance envoyée au directeur général de l’Agence Routière du Burundi (ARB), le 10 avril 2024, ces deux sociétés annonçaient l’arrêt des travaux et la suspension des délais à partir du 11 avril.  La raison ? « La somme des travaux exécutés et le calcul de la révision des prix et des stocks ont atteint le montant initial des travaux ». L’ARB est accusée de ne pas réagir aux correspondances du groupement et de ne pas donner des orientations sur la démarche à suivre quant à la suite des travaux. SOGEA-SATOM et GETRA précisent que l’état d’avancement des travaux ne permet nullement d’en garantir la pérennité et que de graves désordres ne manqueront pas de les affecter dans un bref délai, faute d’avoir pu assurer un achèvement suffisant. 

Lors de sa visite sur les lieux le 12 février, Dieudonné Dukundane, ministre en charge des infrastructures, a annoncé la suspension du paiement des frais additionnels couverts par le gouvernement pour SOGEA-SATOM. Il avait en outre précisé que le gouvernement envisageait des discussions avec la BAD pour la révision du contrat de la société de construction ou le cas échéant, pour sa résiliation. Le ministre avait signalé qu’après plus de 2 ans, les travaux n’avancent que très lentement. Seule une dizaine de Km (Rumonge-Kagongo) a été construite.

Ceci veut dire que la réhabilitation de cette route et plus particulièrement sur des endroits plus menacés (Magara-Gitaza) est un rêve. Aux voyageurs de s’habituer à faire plus de 150km pour rallier Bujumbura-Rumonge. 

Les initiatives pour protéger la Route Bujumbura-Rumonge tardent à se mettre en place. Il faudrait trouver la solution aux éboulements des montagnes surplombant le lac Tanganyika. Pourquoi ne pas planter des arbres sur ces collines ? Aussi longtemps que ces montagnes ne seront pas protéger, les efforts de construction de la RN3 tomberont à l’eau.

 

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