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Ethnisme : et si nous regardions au-delà de nos nez ?

Nous sommes le produit de la société dans laquelle nous vivons. Au Burundi, l’ethnisme ronge les âmes et finit par faire des victimes collatérales : les enfants. Ceci est un témoignage d’une jeune fille qui s’est retrouvée dans un cercle vicieux à cause des mots prononcés par ses proches, camarades, amis et connaissances. Témoignage.

Nous sommes en 2011. Jeune adolescente, je suis en 8ème  juste au milieu du second trimestre. Ce soir-là, je me rends chez mes voisines pour réviser ensemble le cours de Maths vu qu’on était toutes dans la même classe. Voulant profiter de la matière grise d’une d’elle en mathématiques, nous la trouvons absente. Entre temps, j’ai un devoir à rendre demain. Je demande alors à son cousin rencontré chez elle, fraîchement venu de l’intérieur du pays, de m’aider. Une réponse très sèche et blessante me tombe dessus : « Kuva ryari mfasha umututsikazi ? (Depuis quand dois-je aider une tutsi ? Ndlr). Choquée, je ne m’attendais pas à une réponse aussi crue venant de sa bouche. 

Et la frustration commença…

Jeune fille, croquant la vie à belles dents, je me suis toujours sentie sans complexe ni jugements envers les gens. Un soir, dans ma petite robe rose, je traine dans mon quartier tout près d’une station-service. Un policier passe et me regarde avec un air dégouté : « Kuberako mwagororotse nico gituma mwiyambika ubuhuzu bw’impenereza. Abatutsikazi mukwiye uwo bavyarako hanyuma akirenganira », me lance-t-il, furieux. Etant donné que c’est la nième fois qu’on me traite de la sorte, je commence à regarder autour de moi qui est Hutu, qui est Tutsi. Tout cela a fait de moi une personne très sensible à l’ethnisme, ce qui m’est resté encore aujourd’hui.

A la longue, je me suis rendue compte que même la plupart des hommes qui me draguent sont hutu, et je me sens toujours comme un simple objet de convoitise pour arriver à leurs fins. Plus préoccupant encore, une amie hutu m’a un jour dit que chez eux, ils se marient uniquement entre eux pour se protéger et qu’il faudrait que je fasse la même chose.

Une histoire sans fin

Des questions me taraudent toujours. On nous fait croire que le problème ethnique n’existe plus mais pourtant les stéréotypes et clichés nous accompagnent au quotidien. Pourquoi prétendons-nous être seulement des « Burundais », alors que l’histoire des nez joue encore un rôle important dans nos vies que ce soit au niveau professionnel ou en amour ?

Naître tutsi ou hutu est-il un crime ? Personne ne choisit sa famille. À tous ces extrémistes (toutes ethnies confondues), la nouvelle génération en a marre de ce cercle vicieux lié aux maux divisionnistes. Sachez que « la haine n’aura jamais le dernier mot »

 

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Les commentaires récents (6)

  1. Murabeshe caaane ngo ntiyarazi ubwoko arimwo!huuuu yari umututsikazi wa he? mensonge!ikumirana nyen bafise .Guhena vyovyo birazw k bahakwa kuzitwar kumutwe!

  2. Oui. J’ai vécu moi aussi des événements qui montre que l’ethnisme à toujours une place significative dans la société burundaise

  3.  » À tous ces extrémistes (toutes ethnies confondues), la nouvelle génération en a marre de ce cercle vicieux lié aux maux divisionnistes. Sachez que « la haine n’aura jamais le dernier mot » »

    Que Dieu exhausse ta prière!

    Entre-nous, moi qui suis né à l’époque du début des problèmes étniques au Burundi, j’avais une impression (qu’une impression j’espère) que presque tous les hutus qui parvenaient à émerger dans la société à cette époque, épousaient des femmes tutsis. Imaginez-vous qu’après près d’un demi-siècle de séjour en occident, il me semble que la majorité des noirs qui réussissent dans leur société épousent des femmes blanches. Probablement que je suis rongé par la ségrégation entre les peuples. Quelqu’un peut-il m’éclairer?