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Education : Karusi Vs Bujumbura Mairie, le jour et la nuit ?

La capitale économique du Burundi se retrouve à la queue de la liste de mérite du dernier classement provincial au concours national. C’est Karusi se trouvant à 146 km de Buja qui occupe la première place depuis trois années scolaires successives. Comment expliquer cet écart ? Ces deux blogueurs se sont posé cette question. 

Bujumbura est le cancre ! Alors que Karusi occupe la première place au dernier classement du concours national, Buja traine à une décevante 18ème place, c’est-à-dire la dernière. Ce n’est même pas une surprise car en 2019 il était sorti 14ème contre une 16ème place en 2018 alors que Karusi occupait déjà la 1ère place toutes ces années. Qu’est-ce qui explique cet écart donc ? 

Le ministre ayant l’éducation nationale dans ses attributions explique pourquoi Bujumbura ne se démarque plus : « La pluralité des écoles privées, dont le niveau d’enseignement est à la limite médiocre entraine la baisse de la moyenne pour la mairie de Bujumbura. Les responsables des établissements privés les considèrent comme des entreprises, sans se soucier de leur mission principale ». 

Ces propos du ministre me rappellent l’époque où j’étais encore à l’école secondaire dans un établissement public de Bujumbura. Torturée par les équations mathématiques, les formules physiques et les noms scientifiques compliqués et kilométriques en biologie. On tremblait toujours à cause des interrogations non averties (je passe sous silence les points qu’on obtenait). Plus grande était ma frustration lorsqu’un ami voisin, de même niveau de classe que moi mais fréquentant un établissement privé, venait se pavaner pour avoir eu de si bonnes notes, alors qu’il n’avait fourni aucun effort. Ma plus grande rancœur venait du fait que nous avions les mêmes enseignants. C’est la rigueur qui différait dans la dispensation des cours, ne parlons même pas du système d’évaluation. 

Du business au dépend de la formation 

Olivier Ndikumana, économiste de formation et enseignant, débute sa carrière professionnelle en 2019 dans un établissement privé. Avec sa rigueur de poillissime, il a été désagréablement surpris par la manière de faire de son nouvel établissement. Il témoigne : « Ce fût une grande déception. J’ai donné une interrogation non avertie sur la matière la plus récente. Les élèves ont refusé de la faire, arguant que cela ne se faisait pas dans leur établissement. Cela me sera répété par les dirigeants qui m’ont fait comprendre que mon salaire dépend de la satisfaction de l’élève et donc de sa réussite. Ils m’ont même obligé de leur soumettre mes questionnaires avant les interrogations, choses que je ne pouvais pas admettre, de par ma conscience ». 

D’où vient la réussite de Karusi ?  

Ferdinand Havyarimana, Directeur Provincial de l’éducation à Karusi, dévoile le secret du succès de cette province : « Un encadrement de proximité fait par le personnel de l’enseignement, voilà ! Nous travaillons en réseau, c’est à dire que les établissements voisins travaillent conjointement. Une matière qui semble difficile pour l’un est expliquée par l’autre. Nous faisons également des évaluations aux niveaux communal et provincial. A chaque fois, nous organisons des évaluations collectives accompagnées d’une remédiation. Enseignants, parents et élèves relevons ensemble les défis et essayons d’y apporter des solutions ». 

Ce n’est finalement pas un coup de chance que cette province soit première 4 années successives au concours national et 3 années à l’examen d’Etat. Au fond, même à Bujumbura la faute incombe à ceux qui sont chargés de la gestion des établissements parce que c’est la qualité des enseignements qui est en cause. On devrait établir des sanctions pour tous ceux qui ne se conforment pas aux normes exigées. Il n’est pas normal que des écoles poussent comme des champignons avec pour seul but d’empocher de l’argent sans se préoccuper de la qualité de la formation dispensée. 

« C’est évident que le suivi n’est pas de rigueur. Parfois on parle même de probables pots-de- vin. Cela laisse libre cours à la médiocrité », déplore un enseignant qui a requis l’anonymat. Et la jeunesse burundaise dans tout ça ? C’est la question qu’il faut peut-être se poser avant qu’il ne soit trop tard.

 

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