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Econet-Leo, too big to fail ?

L’Office burundais des recettes (OBR) réclame des arriérés d’impôts à l’entreprise des télécommunications Econet-Leo. Cette dernière risque de mettre les verrous sur la porte au grand dam de ses milliers d’employés et leurs familles, et pire l’économie nationale risque, elle aussi, d’en pâtir durablement.

Sur le boulevard Patrice Lumumba qui se trouve en plein centre-ville de Bujumbura, chaque avant-midi : des milliers de gens circulent. Certaines se hâtent, pendant que d’autres font leurs achats dans les échoppes aux abords de ce boulevard. Une situation, somme toute, normale dans cette ville ‘‘où tout va vite’’. Mais, ce lundi, le 30 janvier 2023, l’ambiance est morne pour les agents d’Ecocash (le service des transactions monétaires d’Econet-Leo) qui sont souvent stationnés sur ce boulevard. Depuis trois jours, le service Ecocash est fonctionnel, mais les agents n’arrivent plus à recevoir de l’argent liquide de la part d’Ecocash. Une situation préoccupante pour eux, mais il y a pire encore.

« Si Econet-Leo ferme, on se retrouvera dans la rue »

Jean*, 32 ans est agent Ecocash depuis plus d’une année. Mince, le regard perçant, courtois et agréable à converser avec, c’est sûr un petit banc en bois qu’il nous accueille : « Vous pouvez vous asseoir, il n’y a pas de problème ». L’accueil est à la burundaise. Après quelques échanges, on entame le sujet d’Econet-Leo qui risque de fermer comme Smart récemment, à cause aussi des arriérés d’impôts.

Jean* avec la voix triste confie : « Toutes mes transactions, même celles qui sont personnelles, je les faisais avec Ecocash. La fermeture de cette entreprise sera un coup dur pour nous les agents qui vivaient de ses services. Mes revenus vont diminuer. J’ai peur pour mon enfant et ma femme. C’était déjà difficile de faire vivre une famille dans ce Bujumbura, imagine alors si cette société ferme. On se retrouvera dans la rue ». Cet homme qui réside dans la zone Kinama en mairie de Bujumbura, se dit « inquiet ». Et il n’est pas le seul.

Les employés d’Econet-Leo dans la tourmente 

Fiston*, 31 ans, travaille depuis plus de 10 ans pour ladite société. Il touche par mois « 750 000 BIF». Il témoigne : « J’ai une famille. Trois enfants à nourrir. Si Econet-Leo ferme, c’est une catastrophe pour de nombreuses familles. Trouver un emploi actuellement au Burundi, c’est déjà difficile. Ce sera un coup dur pour nous les employés de cette société qui ont des familles à nourrir ».

Bruce*, 25 ans, a été embauché par Econet-Leo au mois de mars 2022. « Après avoir travaillé une année dans une société qui assure la sous-traitance en tant que call-center d’Econet-Leo, j’ai reçu un contrat mais, celui-ci approche la fin », confie le jeune homme. Il poursuit avec tristesse : « Avec les contrats qui arrivent à leur fin, on n’est pas à l’abri d’un licenciement avec les restructurations qui pourraient intervenir. Si Econet-Leo ferme, bienvenue au chômage ».

Et en parlant du chômage…

« De nouveaux chômeurs dans un pays de beaucoup de chômeurs »

« La fermeture d’Econet-Leo va créer de nouveaux chômeurs. Cette mesure va impacter l’économie nationale et celle des ménages surtout », explique l’économiste Léonidas Ndayizeye. Selon ce professeur d’université : « La fermeture de cette société va créer des nouveaux chômeurs dans un pays qui compte déjà beaucoup de chômeurs. Ce sera un nouveau stock de chômeurs ».

Pour Leonidas Ndayizeye : « Fermer Econet-Leo est une mesure à prendre avec précaution. L’impact sera énorme au niveau microéconomique et macroéconomique même ». Sur la question de savoir si l’État peut accompagner une entreprise pour éviter des milliers de futurs chômeurs, cet économiste explique qu’effectivement l’État peut décider d’accompagner une société si sa fermeture risque d’impacter énormément l’économie nationale. « Dans le cas, par exemple, d’une grande banque commerciale, la banque centrale peut l’accompagner dans le processus de redressement. Ça dépend de l’importance de l’entreprise aussi ».

Un autre point important que Léonidas Ndayizeye tient à mentionner est que « la fermeture d’Econet-Leo signerait le monopole d’une seule entreprise de télécommunications dans le pays. Ce qui créerait des dérapages au niveau du secteur de la téléphonie. Si cette société ferme ses portes, d’autres devraient venir. Et c’est une évidence. Pour éviter que tous les Burundais utilisent un seul opérateur ». 

Un saut en arrière. Pas si loin que ça. En 2008, le monde a été secoué par une crise économique. À Wall Street, les grandes banques étasuniennes ont été secouées au point que le gouvernement a choisi d’en sauver certaines qui étaient « trop grandes pour faire faillite ». L’expression anglaise « Too big to fail » a été utilisée pour désigner des sociétés qui sont importantes au point que leurs faillites impacteraient énormément l’économie d’un pays. Est-ce qu’Econet-Leo est « too big to fail » ? Cette société qui détenait plus de 2,6 millions de consommateurs selon les chiffres de 2015. Sa fermeture ne va-t-elle pas engendrer des conséquences catastrophiques sur l’économie nationale et la vie de nombreux foyers burundais ? Wait and see.

 

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Les commentaires récents (3)

  1. Nous aimérions beaucoup plus comprendre dans cet article le point de vue d’un Directeur Cmmercial / Directeur en chargé du marketing ou le chargé de la Communication de Econet-Leo s’exprime à propos et tranquiliser aussi les abonnés et les utilisateurs de Ecocash, mais aussi pour avoir de l’information équilibrée, interviewer un cadre de l’ARCT et/ou de l’OBR sur la suite de la mesure pour apaiser les esprits. La grande question à propos pourquoi attendre si longtemps l’augmentation de ces arriérés sans alerter la société et l’opinion publique sur l’imminente fermeture de big house??? Les pertes sont énormes en terme de perte de confiance et la société va le payer cher, quoi prendre ?? quels sont les avantages? quels sont les inconvénients? quels sont les atouts? quels sont les obstacles? qui fait quoi et quand pour que nous gardions nos contacts de longues date?

  2. C’est très douloureux pour le personnel de Econet – Léo et leurs proches.c’edt une perte énorme pour le pays aussi car ces employés paient l’impôt.alors en fermant Econet Léo est ce que l’OBR récupérera cet impôt ?a mon humble avis il faut laisser Econet Léo continuer à offrir ses services et recouvrer petit à petit les arriérés

  3. Yaga je compte sur vous pour nous dire ce qu’on a pas compris jusqu’ici : qu’est-ce qui se passe vraiment dans cette affaire aussi publiquement soudaine? Quelques chose se cache derrière tous? Pourquoi les dettes à Econet Léo seul? Tout simplement faites une investigation si vous en êtes capables bien sur .Les burundais dont je suis 1 ont besoin de comprendre