Le dessinateur Damien Glez illustre à sa manière le ressenti de beaucoup d’Africains face à l’attitude de la communauté internationale par rapport à la question des migrants. Une attitude qui contraste avec la mort, dramatiquement banale, qui frappe depuis de nombreuses années les migrants et réfugiés partis d’Afrique vers l’Europe en bateau.
Selon les estimations d’un rapport de l’Organisation internationale pour les migrations, depuis 2000, plus de 22 000 personnes seraient mortes en tentant de gagner l’Europe. La grande majorité d’entre elles sont mortes par noyade dans la Méditerranée.
Une émotion sélective ?
L’année 2015 fut particulièrement meurtrière. Le nombre de personnes ayant tenté la traversée a explosé. Suite à la large diffusion de la photo du cadavre d’Aylan, cet enfant Syrien de 3 ans dont le corps fut retrouvé sur une plage, une vague d’émotion s’est emparée de l’Europe.
Mais la soudaine préoccupation des dirigeants européens face au sort des migrants suscite parfois l’incompréhension. Les vies des nouveaux migrants venus de Syrie valent-elles davantage que celles des migrants venus d’Afrique ?
Car le problème est ancien. Certes, l’Union Européenne n’a jamais connu une tel afflux mais cette volonté politique des autorités, uniquement basée sur un choc émotionnel, est simplement insupportable.
L’urgence d’agir en dehors de l’urgence
Depuis des années, l’Europe aurait pu et du se donner les moyens de mettre fin aux morbides traversées des migrants. Même si elle est salvatrice pour de nombreux réfugiés, cette volonté européenne arrive bien tard.
Oui, qu’il est tard pour Aylan, la triste icône de ce drame humanitaire. Et surtout qu’il est tard, ô combien tard, pour les milliers de migrants morts ou disparus dans un anonymat détestable.