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Dialogue : je ne t’aime pas, moi non plus

Très récemment, le pouvoir de Bujumbura a mis sur pied une commission de dialogue inter-burundais, lui conférant la mission de dissiper la crise actuelle. Pour le blogueur Spageon Ngabo, tout cela n’est que du vent.

À chaque fois que cette option de dialogue me revient en tête, je me demande si les Burundais sont réellement capables de trouver, à eux seuls, la solution aux problèmes qui minent leur société. Je reste perplexe.

Si tel était le cas, l’organe le mieux indiqué pour abriter de tels pourparlers aurait été l’institution de l’Ombudsman. Au cas où ce dernier n’était pas à la hauteur techniquement et moralement, j’aurais trouvé convenable de le renforcer par la Commission nationale intégrée des droits humains (CNIDH), avant de penser à nommer une nouvelle commission, qui ne compte aucune expérience.

Si ladite commission s’était avérée vraiment nécessaire, il aurait été logique qu’elle soit nommée par l’Ombudsman burundais, plutôt que par quelqu’un d’autre.

D’après moi, ces raisons enlèvent tout caractère légitime et crédible de la Commission et rend impossible la mission conférée aux commissaires.

Un jeu sournois

Depuis le début de la contestation contre la candidature du président actuel, la communauté internationale a, à plusieurs échelons, tenté de créer des espaces de dialogue, en vain. Parfois, la partie gouvernementale a claqué la porte, parfois, ses détracteurs l’ont fait.

Aujourd’hui, malgré la contestation, ladite candidature est passée. Depuis ce coup de force, la situation socio-politique et économique se dégrade de jour en jour. Certains estiment déjà que le Burundi est au bord d’une guerre civile.

Je me demande réellement si le pouvoir de Bujumbura peut réussir à organiser et conduire un dialogue qui mettrait fin à la crise. Comment ce pouvoir qui a bravé les appels à la discussion tant nationaux qu’internationaux a-t-il pu acquérir la légitimité et la crédibilité pour rassembler les Burundais autour d’un dialogue inclusif ? Oh, pessimiste que je suis !

Arrêter de (se) mentir…

Disons-le sans détour : le pouvoir actuel fait partie du problème. Il ne peut pas créer un espace de dialogue digne de son nom vu la gravité de la crise. Ce serait de la farce.

La légitimité et la légalité sont les piliers indispensables de tout pouvoir. L’image du conflit est telle que le gouverné dit « non » quand le gouvernant, lui, dit « oui », et vice versa. Les deux parties doivent trouver un terrain qui soit neutre afin de mener un vrai dialogue. Le reste n’est que mensonge. Cette solution n’en est pas une.

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