Consulter un médecin en cas de migraine, maux de ventre, mal au dos ou aux yeux, etc., quoi de plus normal pour le Burundais lambda? Tant mieux. Mais il y a aussi cette autre dimension qui nous fait, nous détermine et nous suit. C’est l’esprit, le mental. Il vit en nous, avec nous et pour nous. Lorsqu’il est perturbé, nous souffrons. Pourtant, quantité de Burundais ont du mal à consulter un psychologue pour leur santé mentale.
« Pati, hanura wa mugore wampa» (« Mon Père, viens conseiller la femme que tu m’as donné, ndlr»). Telles sont les paroles typiques d’un fidèle qui conduit sa femme chez le prêtre pour une écoute. De son vivant, le psychologue feu Docteur Suguru soulignait ceci à cet égard : « Le problème de traiter les problèmes psychologiques à l’église est qu’il y a beaucoup de rechute. Les pasteurs des églises semblent traiter les conflits psychologiques mais le calme y gagné est parfois éphémère du fait qu’on n’use pas de procédés psychothérapeutiques validés. » D’autres Burundais, avouons-le, font recours aux guérisseurs traditionnels en cas de symptômes de « folie ». Je m’abstiens de parler des parrains de mariage qui s’arrogent toutes les tâches de spécialistes pour gérer les problèmes de couple parrainé.
L’exemple de Martine*, la vingtaine, en dit long. Martine ne demande jamais pardon. « Malgré mes caprices d’enfance, je n’ai jamais demandé pardon à qui que ce soit. Même à mes parents», avoue-t-elle. Ses relations amoureuses ne font jamais long feu. Pourtant, Martine est très perplexe à l’idée de consulter un psychologue. Elle n’y voit aucune importance.
Un cas loin d’être isolé
Sinon, comment se fait-il qu’on entende ici et là des enfants jetés dans les toilettes ? Et ces informations de conjoints qui s’égorgent ou se poignardent ? Cela est souvent le fruit de conflits intérieurs non résolus sous l’accompagnement de spécialistes du comportement.
Disons-le, bon nombre de Burundais ne savent pas quand consulter le psy. Ce n’est que lorsque le sujet commence à menacer la communauté par des actes violents ou très suspects que la famille commence alors à enquêter sur l’adresse du centre neuropsychiatrique. Cependant, beaucoup de troubles devraient se traiter chez le psy. Votre enfant s’adapte mal à l’école, un trouble au niveau sexuel, une dépendance aux drogues, une mésentente continue au sein du couple, vous avez terriblement peur d’un chat, d’une souris ou de tout autre animal qui ne représente naturellement pas de danger, vous avez du mal à vivre une déception amoureuse, vous avez des pensées suicidaires, vous ne sommeillez plus après peut-être un incendie qui a dévasté vos marchandises ou après un vol de vos biens, ne cherchez plus loin : il vous faut consulter un psychologue.
Les centres et associations de prises en charge psychologiques devraient expliquer le rôle du psychologue et de la consultation psychologique pour les communautés. Car, un sujet mentalement malade ne peut être valablement au service de sa communauté. À bon entendeur !
* : nom d’emprunt
je ne pensais pas le dire mais intéressant article , surtout pour les gens ayant des familles dysfonctionnels et des psychoses irrationnelles