A chaque maladie, sauf quelques-unes, il doit y avoir un remède. Au Burundi, le manque de carburant que ça soit le mazout ou l’essence est devenue une maladie. Et le premier médecin à la soigner, c’est le gouvernement, bien sûr avec des moyens à sa disposition.
Aujourd’hui, il n’y a plus de carburant. Les gens peinent à se rendre sur leur lieu de travail. De longues files d’attente commencent même avant midi sur les parkings. Ceux qui le peuvent, n’ont d’autres choix que de marcher. « On ne sait plus quoi dire. On est abandonné. Voilà, même les autorités ne parlent pas, c’est silence radio. C’est aberrant », se lamente Idissa, une maman rencontrée sur le pont de la République, après avoir fait plus d’une heure de marche pour rejoindre le centre-ville.
Elle dit ne pas comprendre pourquoi on ne peut pas autoriser les vélos à reprendre le travail : « Ne fût-ce que leur permettre d’arriver à la rivière Ntahangwa pour ceux du nord et à la Muha pour ceux du Sud. Je pense que cela peut contribuer dans cette période de manque de carburant », suggère-t-elle, appelant celui qui a pris la mesure d’interdiction de vélo, de songer à soulager la population. Rappelons que c’est à partir du 21 mars que la mesure d’interdiction des deux-roues est entrée en vigueur.
Pourquoi ce silence ?
Edmond, un habitant de Kanyosha est dépassé. « C’est la première fois qu’on vient de passer autant de jours, sans mazout, ni essence. Et voilà, à côté des problèmes pour se déplacer, les prix de toutes les denrées sont montés », déplore-t-il. Il donne l’exemple du charbon : « Le prix d’un sac est aujourd’hui multiplié par trois voire quatre. Et là, c’est si on a la chance d’en avoir. On ne négocie plus. Les stands de vente du charbon sont devenus comme des stations-services. Les demandeurs sont obligés de faire la queue pour être servis. C’est malheureux », décrit-il, sous l’émotion.
« Et si on laissait les vélos reprendre le travail ? », s’interroge-t-il, notant qu’au lieu de s’entêter sur une situation aussi sensible que celle-ci, il faut tester toutes les voies pour alléger le fardeau de la population.
« Avant l’interdiction de circulation des vélos, ce sont eux qui nous approvisionnaient en charbon, en bananes, etc. Ils n’ont pas besoin de carburant pour travailler », souligne-t-il, alertant que si la situation perdure durant deux ou trois autres semaines, ça sera intenable.
Edmond trouve aussi qu’il faut laisser les motos, les Jeho Kuki, les tricycles arriver au centre-ville. En effet, explique-t-il, ils ne sont pas exigeants en carburant et constituent des moyens de déplacement rapides. « Je ne doute pas que cela pourra aider les fonctionnaires, les élèves, les banquiers, … à ne pas être en retard au travail. Je me dis que plus les gens s’absentent au travail ou se présentent en retard, le gouvernement est aussi en train de perdre », analyse-t-il, appelant le gouvernement à sortir de son silence et dire clairement ce qui se passe dans ce secteur.
« Pour guérir une maladie, il faut savoir les causes. Et comme ça, chercher des solutions, des remèdes. Et les moyens de déplacement moins exigeants sont une des solutions possibles », tranche-t-il.