Dans certains établissements, et même dans le milieu hospitalier, les serviettes hygiéniques sont rares, voire introuvables alors que les préservatifs sont souvent facilement disponibles dans les blocs sanitaires. Une récente expérience vécue dans une clinique privée a rappelé à cette blogueuse la nécessité de penser au genre en ce qui concerne les petites commodités quotidiennes. Ni compassion, ni condescendance, juste la délicatesse de se rappeler qu’on est différent. Récit.
Le soleil est à son zénith. Nous sommes à Bujumbura. Personne ne souhaite rester coincer entre quatre murs à cause de cette chaleur qui n’en finit pas. Dans l’un des centres cliniques privés du centre-ville, une longue file d’attente se forme devant le bureau de l’ophtalmologue. On dirait qu’il y a une pandémie. En réalité, ce n’est pas aussi grave, c’est peut-être parce que les médecins spécialistes ne sont pas si nombreux. Alors que la file avance, un fait sortant de l’ordinaire attire notre attention : une femme d’environ 40 ans, qui est venue avec son fils, se retrouve soudainement embarrassée, lorsqu’une tache rouge apparaît sur le pagne qu’elle porte. Les règles viennent de frapper sans avertir.
Rien que la gêne
Lorsque la femme se lève pour se rendre chez le médecin, une autre jeune femme et moi remarquons la tache sur son pagne. Nous sommes gênées, mais nous devons lui signaler la situation. Avec un peu de tristesse, elle prend son sac et s’éclipse discrètement.
Entant que jeune fille, je ressens la gêne qui a été la sienne, mais je ne sais pas comment lui venir en aide, mis à part le fait de lui avoir signalé le problème. Mais la question que je me suis posée est de comment trouver des serviettes hygiéniques, si cela devait m’arriver dans un établissement ouvert au public comme là où on était. Le milieu hospitalier devrait être sensible à ce genre de problème, me suis-je dit.
La compassion d’un employé
Nous avons dû alerter le service de nettoyage du centre pour nettoyer la chaise souillée. À notre grande surprise, après le nettoyage, l’employée se renseigne sur la personne qui a souillé la chaise. Puis, elle va trouver femme en question et la guide vers un espace où elle peut se laver, se changer et recevoir une serviette hygiénique. L’employée se charge même de laver le pagne taché. Le centre a donc pris les devants. Le personnel est préparé pour pouvoir aider, en cas de besoin, les patientes qui viendraient à être prises au dépourvu par les règles. Nous avons été tous touchés par cette marque de délicatesse que la clinique a anticipée. Ce geste de solidarité remarquable m’a fait réfléchir sur l’absence de telles pratiques dans d’autres institutions ou établissements. Evidemment, il y en a qui prennent en compte des besoins spécifiques des femmes et des filles qu’elles emploient ou qui viennent solliciter leurs services. Mais ils sont peu nombreux, hélas !
Des préservatifs, mais pas de ‘’Cotex’’
Certains établissements ou institutions mettent des préservatifs dans des endroits discrets pour faciliter leur accès. La question que l’on peut se poser est de savoir pourquoi à côtés des préservatifs, on ne met pas des serviettes hygiéniques.
Un appel à toute personne qui a à sa charge un personnel incluant les femmes et les filles : ayez toujours en tête qu’elles ont des besoins spécifiques. Y penser et agir en conséquence leur donnent le sentiment d’être valorisées. Pensez au confort et à la dignité des patientes, des clientes des centres commerciaux, des actrices et spectatrices, des sportives, etc., c’est faire preuve d’une générosité sensible au genre.