On a tous rêvé un jour d’une société utopique, où tout le monde aime tout le monde. Mais pour le blogueur Egide Nikiza, un état dénué de conflit serait contre-productif, et pèserait sur l’évolution de la société. Explications.
Si je dis que je ne veux en aucun cas d’une société dépourvue de conflit, je suis conscient que je m’engage sur un terrain dangereux, et que je vais être directement jeté dans la fosse aux lions. « Inadmissible », allez-vous dire d’emblée. Certains parmi vous vont être tentés de me traiter de cynique ou d’indifférent. J’ai le regret de vous annoncer que notre société, comme toutes les autres par ailleurs, ne sera jamais un pays de cocagne, hélas. Devrions-nous nous désoler pour ça ? Non, au contraire.
L’aspect positif d’un conflit.
Je sens le poids du concept « conflit », mais je ne suis pas réceptif au fait qu’il soit nécessairement fatal. Loin de moi de faire l’apologie de cet état des choses. Je ne fais ici qu’exprimer ma stupéfaction par rapport à sa soi-disant négativité.
Je trouve personnellement qu’un conflit possède des germes de progrès pour la société malgré son caractère nuisible.
Tenez. Au sortir d’une situation tendue, les gens, se regardant pourtant en chiens de faïence pendant le conflit, finissent par transcender leurs extrémismes, par faire des concessions, par cohabiter, … Mais il doit y avoir eu au préalable un antagonisme. En quelque sorte donc, un conflit est un facteur important de progrès des sociétés.
Burundi, un cas illustratif
L’ethnisme s’est avéré un facteur important que les acteurs politiques du Burundi ont toujours exacerbé pour accéder ou garder le pouvoir politique. Cela a duré jusqu’au lendemain de la signature du fameux accord pour la paix et la réconciliation d’Arusha (20 Août 2000). Plus d’une décennie après, beaucoup remarquent que les burundais ont évolué par rapport à la question des ethnies. Le dépassement des clivages ethniques est un acquis évident de l’accord d’Arusha I.
N’est-ce pas vrai que des Hutu aussi bien que des Tutsi se retrouvent dans les camps opposés de la crise actuelle ? Si l’ethnisme fut un enjeu majeur lors des négociations d’Arusha de 2000, il le sera moins ou vraiment pas avec le dialogue externe en cours à Arusha.
Quoi qu’il soit difficilement concevable, le conflit est une véritable école.
« …Tenez. Au sortir d’une situation tendue, les gens, se regardant pourtant en chiens de faïence pendant le conflit, finissent par transcender leurs extrémismes, par faire des concessions, par cohabiter, … Mais il doit y avoir eu au préalable un antagonisme. En quelque sorte donc, un conflit est un facteur important de progrès des sociétés ». Le problème c’est quand il y en a un qui veut exterminer l’autre pour qu’on en parle plus. Cependant, lorsque le conflit naît parce qu’il y a mésentente pour protéger un bien commun, les protagonistes finissent par trouver un terrain d’entente. Alors chers compatriotes, le bonheur, le bien vivre ensemble, ce ne sont pas des biens communs ?