La fabrication et consommation des boissons prohibées ne sont pas une nouveauté dans certains coins du pays. Des administratifs, des policiers se battent pour en venir à bout, en vain. Ne faudrait-il pas changer de stratégies ?
J’ai toujours entendu parler d’umudiringi, umunanasi, umukorora jipo, une boisson fabriquée à base d’ananas, de sucre, de la levure et du sorgho. De couleur jaunâtre, elle est très présente dans certaines communes de Mwaro, Gitega et dans certains quartiers de Bujumbura. Les producteurs et vendeurs de ce breuvage se seraient même enrichis. Kanyanga, une autre boisson prohibée, fait des ravages et ruine des familles.
Les consommateurs adoptent toujours des stratégies pour ne pas tomber dans le filet de la police et des administratifs. Sur une colline X, de Kayokwe, constatant que la police a redoublé d’efforts, les consommateurs ont mis sur un brancard des bidons d’umudiringi. Faisant semblant d’aller enterrer un des leurs, des femmes, des hommes munis de houes, en pleurs, ont accompagné le pseudo-défunt. Personne ne s’est rendu compte de rien sauf les avisés.
Aujourd’hui, le constat est que le combat a repris contre ces boissons. Le 25 août, Christophe Manirakiza, vice-inspecteur général de la police, a mis en garde les policiers et les administratifs qui tenteront de protéger les producteurs ainsi que les vendeurs de ces produits nuisibles à la santé.
Toutefois, pour réussir, il est nécessaire d’adopter d’autres stratégies :
Sensibiliser, conscientiser
La sensibilisation, la conscientisation pourra produire des résultats positifs. Il s’agit là de montrer la dangerosité sur la santé de ces boissons via des réunions, des spots publicitaires, etc. Si possible, il faut mener une enquête pour savoir le nombre des victimes de ces produits. Mais surtout, il est nécessaire d’impliquer les producteurs, les consommateurs dans ce combat en mettant en place des comités collinaires, au niveau des quartiers avec la mission de dénoncer ces boissons.
Identifier et punir les complices
Si ces boissons existent encore, sans doute que certains administratifs, policiers en profitent. Il y aurait une enveloppe que les producteurs donnent chaque semaine au responsable policier ou administratif. Si ces gens qui jouent un double-jeu ne sont pas démasqués, punis, désillusionnez-vous, le combat est perdu d’avance.
Contrôler la matière première
Par exemple, si l’umunanasi est fabriqué principalement à base du sucre, il suffit de bien contrôler sa consommation pour savoir qui est le producteur de cette boisson. La consommation familiale du sucre peut être connue. Si quelqu’un fait une commande de 50 kg ou100kg de sucre alors qu’il n’est pas un commerçant, c’est pour quelle finalité ?