Au Burundi, l’échec scolaire est perçu par certains élèves comme la « fin de leur monde ». S’ils ne sont pas sévèrement punis, ils sont humiliés par leurs parents. Est-ce la meilleure façon d’encourager l’enfant à faire mieux ? Pas sûr.
Dans la matinée de ce lundi 17 septembre, j’ai surpris une conversation déroutante entre un père et son fils. Ils sont en uniforme. Le fils est en uniforme bleu-blanc de l’école secondaire. Quant au père, il porte l’uniforme de l’une des entreprises étatiques.
Au fait, il ne s’agit pas d’une simple conversation. C’est un père en colère qui gronde son fils d’environ 15 ans. Selon les propos du père, l’enfant n’a pas réussi au concours national. Il va reprendre la 9ème année. Il en est furieux. Sur un ton humiliant et menaçant, le père continue: « Si tu échoues encore. Je ne te donnerai plus les frais scolaires. Tu resteras à la maison et tu finiras à la rue, en vaurien.» Et sans attendre une quelconque réaction, le voilà qui prend son chemin, laissant son fils abattu derrière lui. Cela se passe dans la rue. Il faut savoir que cette histoire de résultats au concours national a fait couler beaucoup l’encre. Une trentaine d’écoles qui n’avaient pas la moyenne de plus 20% ont été fermées.
Cette humiliation que subissent les enfants qui n’ont pas réussi ne vient pas des parents uniquement. Chacun y met son grain de sel.Certains élèves vont jusqu’à se moquer de leurs camarades qui ont échoué, ignorant ce que cela peut avoir comme impact négatif sur ces derniers. Avant même de rentrer chez eux, ces enfants subissent un véritable calvaire parce qu’ils ont échoué à un test auquel d’autres ont réussi parfois sans difficulté.
Humilier l’enfant ne le pousse pas à faire mieux
Qu’on soit fainéant ou pas, aucun échec ne peut être volontaire. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle la majorité des élèves trichent. Ils le font car ils veulent tous réussir. Lorsqu’un enfant échoue, il s’en blâme bien avant que d’autres ne le fassent. Il remet en question ses capacités intellectuelles, et dès lors, devient fragile. Il suffirait que vous veniez lui dire qu’il est nul et ne sera jamais meilleur, pour qu’il l’intègre, l’accepte, et cesse définitivement de faire des efforts.
Chers parents. C’est à ce moment-là que vos enfants ont besoin des gens qui viendront renforcer leur estime de soi. En leur faisant comprendre que même s’ils échouent aujourd’hui, ils peuvent, en redoublant d’efforts, réussir l’année prochaine.
Chers parents, ne détruisez pas l’estime de soi de vos enfants à cause des résultats scolaires. L’école primaire, école secondaire et l’université ne sont que des moments de leur vie. Aidez-les à traverser cette période de la meilleure manière qui soit. Les études, c’est pour eux, pas pour vous. Ne leur faites pas détester ce qui est censé les nourrir en tant qu’individus. Je suis persuadé que réussir ou échouer au concours national ou à l’examen d’État ne garantit pas un avenir tout tracé. Cela ne signifie pas que nous sommes intelligents ou idiots. Ne détruisez donc pas vos enfants, accompagnez-les, c’est d’ailleurs cela le rôle de chaque parent.
A relire : Éducation : dialogue de sourds entre parents burundais et leurs enfants