Cher politicien, le blogueur Rivardo Ntadambanya t’a démasqué. Après de longues années de silence, le voici sortir du bois avec son poème « Excuse-moi, cher politicien ». Il ne peut désormais plus se taire.
Excuse-moi, cher politicien,
Je suis grandement abattu par ta décision
De décider du sort de ma vie,
Et par ton absence quand vient le moment de faire preuve de ta responsabilité.
Ta joie est ma tristesse,
Ton gain est mon échec et vice-versa.
De toute façon, nous sommes incompatibles !
Tu disais que tu allais essuyer mes larmes
Et voilà qu’elles coulent comme un fleuve sur mes fines joues.
Tu promettais le ciel et tu m’offres des cimetières…
Tu promettais le paradis et tu investis dans mon euthanasie
Quand tu m’envoies marcher dans la rue à ton propre gré et que j’y nage avec un bébé sur le dos
Sous le soleil accablant,
Quand tu me fais payer les taxes
Qui n’assureront jamais mes soins médicaux
Qui pourtant bâtiront les toits de ton étage
Que je ne fréquenterai jamais.
Écoute, cher politicien,
Cette voix tremblante et faible
Ce roseau qui pousse dans l’océan de larmes
Cette force qui se montre incapable de rire.
Écoute plutôt
Ces pleurs multiformes et ces lamentations incolores,
Ces voix de tambour tondu
Ces cris qui s’entonnent au jour le jour en hors gamme.
Tu m’as toujours négligé,
Oublié volontairement
Quand tu te sers gloutonnement
En te ventant d’être à mon service.
Écoute plutôt cette voix portée
Qui vient du sommet de la montagne, érodée par tes propos mensongers
Qui vient du fond des vallées, endeuillés par ton désintéressement et ta déception,
Qui poussent du fond du cœur des osseux toujours délaissés,
Toujours maigre d’opinion, déconsidérés…
Qui ne connaissent plus de sourire
Mais des cris apparemment éternels.
Ce n’est pas par hasard que ma voix te parvient
Ce n’est pas par hasard que ma bouche s’ouvre après des années
Pour te dire que je ne te veux plus,
Si par force divine ou surnaturelle
Selon ce que tu crois, je m’en fiche
Je suis poussé à sortir un mot.
Sache que je l’ai réfléchi
Qu’il m’a tourmenté
Qu’il m’a isolé pendant des années…
Si j’ose te dire « non », c’est que j’en ai marre
De tes démagogies, de ton silence suite aux tueries qui font rage,
Des assiettes crasseuses sur lesquelles tu sers tes opposants,
De l’intoxication de mes amis
Jeunes devenus tous fous.
Pourquoi me prends-tu comme une houe pour creuser des puits, pour recueillir les têtes de tes opposants ?
Pourquoi me prends-tu comme un ballon, que tu dribles comme tu veux dans la rue pour manifester ce dont j’ignore ?
Pourquoi te hâtes-tu à me faire une flûte pour chanter tes démagogies ou un tambour pour épeurer ton adversaire ?
Saches quand-même que je suis un humain
Alors donne-moi un traitement humaniste !
Avant les élections,
Je suis honoré
Je suis visité et sollicité
Je bois à ton verre…
Après les élections,
Je suis un torchon, le patron de l’oubliette…
Excuse-moi de m’être trompé
Et d’avoir cru en toi pour être déçu à la dernière minute,
Pour t’avoir prêté une oreille,
Pour t’avoir donné la main…