« Nul n’est prophète en son pays », un proverbe mangé à toute les sauces au Burundi. Pour ce blogueur, le cas de cette bodybuildeuse burundaise qui impressionne ailleurs, mais qui reste une inconnue chez elle, n’est pas seulement une preuve que le pays néglige ses talents. Il trouve que c’est un signe qui atteste que la détection des talents et leur soutien reste le maillon faible du sport burundais.
À Aalborg, au nord du Danemark, vit une athlète exceptionnelle. Chanisse Melissa Ikorineza, d’origine burundaise, est sur le point de devenir une pointure du bodybuilding, un domaine encore largement dominé par les hommes. Pourtant, dans son pays natal, peu connaissent son nom.
Cette pépite de 29 ans est en passe de devenir la première femme noire à représenter le Danemark au championnat européen de bodybuilding. Accueillie au Danemark à l’âge de 12 ans, Melissa a grandi dans un pays qui l’a soutenue et célébrée. Aujourd’hui, tous les médias scandinaves ne parlent que d’elle, tant son parcours impressionne.
Son nom est déjà associé à des records nationaux, et elle s’est imposée dans un domaine encore peu exploré par les femmes africaines : le bodybuilding de haut niveau.
Lors de notre rencontre chez elle, à seulement deux heures de vol de Bruxelles, j’ai découvert une jeune femme rayonnante de positivité, d’humilité et de détermination. Derrière son sourire sincère, elle cache une rigueur exemplaire. Son corps sculpté témoigne de longues années de discipline, de sacrifices et d’une volonté de fer. Pourtant, derrière la force brute, il y a une douceur, une générosité rare, et surtout, un rêve immense : devenir championne du monde et inspirer les femmes africaines à croire en elles. Elle est déjà suivie par de grandes marques internationales, encadrée par des coachs renommés et respectée dans les cercles professionnels du sport.
Mélissa, une source d’inspiration pour les jeunes talents
« Je veux montrer aux femmes burundaises qu’elles ont leur place dans tous les domaines, même ceux que la société a longtemps réservés aux hommes », me confie-t-elle avec conviction. Pendant une heure d’entretien et une session d’entraînement incroyable, j’ai été frappé par sa force intérieure autant que physique. Elle n’est pas seulement une athlète : elle est une ambassadrice discrète du Burundi, une source d’inspiration pour notre jeunesse. Dans mes 14 années de carrière journalistique, j’ai rencontré des chefs d’État, des ministres, des artistes… mais interviewer Melissa Ikorineza restera l’un des moments les plus marquants. Car au fin fond de la Scandinavie, loin de Bujumbura, j’ai ressenti une fierté profonde d’être Burundais.
Si elle remporte le championnat d’Europe, et elle en a les capacités, les projecteurs du monde entier seront braqués sur elle.
Et comme souvent, ce n’est qu’à ce moment-là que certains chercheront à s’en approprier le mérite. Mais pourquoi attendre demain ? Pourquoi ne pas honorer aujourd’hui ceux qui portent nos couleurs avec dignité et courage, même de loin ?
Le Burundi regorge de talents. Melissa Ikorineza en est la preuve vivante. Il est temps que notre pays ouvre les yeux, valorise ses enfants et leur tende la main avant que d’autres nations ne le fassent à sa place.