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Et si on leur cédait la place dans les services publics ?

Les femmes enceintes sont parfois fragiles pendant leur période de grossesse. Les files d’attentes dans les services publics deviennent une croix pour elles. Dès lors, pourquoi ne pas leur faciliter l’accès à ces services.

La société burundaise a depuis longtemps un regard respectueux à l’égard des femmes enceintes. Partons par cet adage « Ntawutera ibuye ahoyateretse igisabo », la métaphore qu’on trouve dans cet adage montre que ibuye (la pierre) est quelque chose qui peut faire mal et qu’iil est déconseillé de la lancer contre quelques objets de valeurs comme igisabo (une baratte en français) symbole, ici  de la femme.

Un regard de respect envers la femme partagé par tous les gouvernements du monde, respect qui se manifeste notamment à travers leurs codes de travail. Dans son code de travail, le gouvernement du Burundi a consacré tout un chapitre sur le traitement et le respect de la femme en gestation. Cependant, dans la pratique et la vie de tous les jours, cela n’est pas toujours cas. 

« Ukaba watuma ababishoboye »

Il y a quelques jours, je faisais des courses au volant d’une voiture d’une cousine qui est dans sa dernière semaine de grossesse. Elle ne pouvait pas conduire. Son mari n’est pas au pays. Comme son employeur lui a refusé un congé prénatal tel que mentionné dans le code du travail, elle a travaillé jusqu’à l’avant-dernière semaine par peur d’être licenciée. Ce jour-là, c’était un lundi, elle devait se présenter dans trois bureaux différents l’un après l’autre : renouveler son contrat dans une entreprise d’assurance et de mutualité, faire résoudre le problème de son compteur électrique et enfin retirer sa carte d’électeur. À mentionner qu’on avait obligatoirement demandé sa présence dans ces lieux.

8h30, on franchit la porte de la Regideso. Il y a déjà une file des gens à la quête de leurs services. Quand la femme implore aux premiers arrivants de pouvoir passer en avant, des réponses peu compatissantes lui sont adressées : « Tu penses que nous n’avons rien d’autre à faire ? Tu n’avais qu’à envoyer quelqu’un d’autre à la place… ». Après deux heures et demie d’attente suite à la lenteur et l’absence de certains des fonctionnaires, on quitte la Regideso pour se rendre dans l’entreprise d’assurance et de la mutualité. On arrive à midi moins le quart. Juste à notre arrivée, la dame à la réception nous signifie que c’est déjà la pause. Il faudra revenir après la pause à 14h. Elle ajoute : « Wamugo aba bose batondetse hano wibaza ko badafise ingorane nkizo zawe. Mbere hari nabo amagara akitse ku kuruta. » (femme, tous ceux qui ont aligné leur document ont aussi des problèmes. Certains en ont même plus que toi.)

Après 2h, on est toujours sur place. L’irrégularité et le non-respect de la ponctualité de certains travailleurs nous font implorer le seigneur. Au bout de trois heures, on est au bureau de vote pour récupérer la carte d’électeur. C’est le dernier jour et à une heure de la fermeture des bureaux. Un bon nombre de gens font la queue. On cherche où se mettre pour attendre.

Des modèles ne manquent pas…

Un langage péjoratif et réprimant fait office de réponses qui écœurent les femmes enceintes quand elles demandent la facilité d’accès aux services publics. Ceci est souvent inévitable car des fois, leur présence physique est obligatoire. Cependant, on pourrait leur rendre la vie plus facile, les bons exemples ne manquent pas. 

Les parkings de bus du centre vers les différents coins de la capitale ont leur règle pour faciliter cette catégorie de gens. Une femme enceinte quand elle arrive au parking, signale le responsable puis ce dernier lui montre une chaise pour s’asseoir, en attendant que le bus arrive. Une fois que le bus se présente, la femme passe directement avant les autres.

Si ces initiatives sont faites par des privés, pourquoi ne pas les étendre dans tous les services publics ?

 

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Les commentaires récents (1)

  1. Je pense que ce serait une bonne chose d’instaurer ces règles dans les services publics. Cependant, la lenteur parfois délibérée dans les services publics peut être également une cause de frustration. Mais dans tous les cas, ces personnes vulnérables devraient être prioritaires.