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Cannibale malgré moi ?

Une façon comme une autre d’être affecté par la crise que traverse le Burundi. Le blogueur Landry Burundi s’interroge sur ce que le Burundais boit et mange, quand les médias nous font part de cadavres ramassés ici et là, repêchés  dans les rivières…, des endroits où on tire certains de nos produits de consommation.

« Ni les mukeke ni les ndagala, je ne peux plus en manger!! Cela parce que j’ai vu des cadavres jetés dans les rivières, finir leur funèbre course dans le lac Tanganyika! » c’est la phrase qu’un ami m’a sortie il y a quelques années.  Il expliquait cette phobie née des séquelles de ce qu’il avait vécu dans les années 94-95. À ce moment, sans l’exprimer à haute voix, je me disais dans mon for intérieur que c’était exagéré. Abandonner les succulents mukeke et ndagala alors que des années venaient de passer depuis cette triste période ! Insensé.

À ce moment, je ne savais pas que je commettais l’erreur dont plusieurs se rendent coupable aujourd’hui : minimiser la douleur de l’autre. Comme on dit chez nous, «  igise wokibaza uwakirayeko » (les douleurs de l’enfantement ne sont comprises que par celle qui les subit, ndlr)

Fallait le vivre

Aujourd’hui les mots chargés de douleur de mon ami ont pris une autre dimension. Quand je vois le nombre de cadavres ligotés, couverts de blessures, repêchés jour après jour dans les rivières, ceux découverts dans les buissons, champs et forêts , c’est à mon tour de me questionner!

Puisque plusieurs Burundais n’ont pas accès à l’eau potable, serait-on en train de devenir cannibale malgré nous en consommant l’eau des rivières où les corps de nos proches portés disparus ont passé des jours?

Puisque j’ai déjà vu le corps boursouflé d’un de mes amis finir  sa course  dans le lac Tanganyika, vais-je avoir le cœur de manger les produits que m’offre ce réservoir de faune ?  Je ne sais pas encore.

Une question de temps

Un ami me faisait remarquer dernièrement que sur mon mur Facebook, il n’y avait pas de photos, style #MyBeautyfullBurundi.

Ce n’est pas que mon pays ne soit pas beau ou que je ne le vois pas! Sa splendeur est obscurcie par les agissements de certains de ses enfants!

Mais je ne perds pas espoir. Je sais que mon petit pays est comme une très belle fille qui va perdre un concours de beauté parce qu’on l’a mal maquillée. Tôt ou tard, elle aura sa revanche.

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