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Burundi : l’essence des manifs

Je n’écris pas ce billet pour faire l’éloge de Roland Rugero, mais pour discuter de son point de vue sur les manifestations contre le troisième mandat de Pierre Nkurunziza qui durent depuis un mois déjà.

L’auteur de « Les oniriques » est un excellent jeune écrivain burundais. Il est peut-être le meilleur de sa génération. Ses livres reçoivent bonne presse même au niveau international. Il est aussi un des observateurs privilégiés de la vie politique burundaise. Ses analyses et critiques ne laissent jamais indifférentes.

Dans l’interview que Roland Rugero a accordé au site The Dissident, le passage où il analyse la croissance du PIB burundais a spécialement retenu mon attention.

« Les avantages et les bienfaits de cette croissance ont principalement profité à la direction du parti au pouvoir », indique-t-il. D’après l’écrivain burundais, la majorité des manifestants – des jeunes sans emploi – ont perdu tout espoir d’une vie meilleure avec le pouvoir en place. Les descentes dans la rue seraient un « prétexte secondaire », le vrai ras-le-bol provenant de la pauvreté.

Roland Rugero étoffe sa critique en pointant l’absence de « véritable programme économique » de la part du pouvoir en place pour inclure les jeunes, pour « leur accorder du travail autrement qu’en entrant dans la ligue des jeunes du parti ».

Cette analyse va dans le même sens que celle du président Paul Kagame, qui ne cache pas sa volonté de voir Nkurunziza partir à la retraite. « Si vos propres concitoyens vous disent : « nous ne voulons pas que vous fassiez ça ou que vous nous dirigiez », peut-être sont-ils en train de dire que vous n’avez pas fait assez pour eux », avait déclaré le chef d’État rwandais il y a quelques semaines.

Mon point de vue

Je soutiens les manifestations depuis le début. Je suis membre du Forum pour la Conscience et le Développement (FOCODE), une des associations de la société civile qui a pris le devant dans l’organisation de la contestation. J’ai pris part à ces manifestations à Nyakabiga depuis le premier jour le 26 avril, quand j’ai été réveillé par les sifflets des étudiants du campus Mutanga à 4 heures du matin.

La vérité est que, même si le président Pierre Nkurunziza avait amené le Burundi à une croissance à deux chiffres, même s’il avait aboli le chômage, et même si la distribution des richesses était idéale, nous n’accepterions pas qu’il brigue un troisième mandat anticonstitutionnel et contre les accords d’Arusha. Une bonne gestion du pays n’autorise pas la violation de la Constitution.

Ces manifestations ne sont donc pas qu’un prétexte. Il s’agit d’un mouvement pour le respect des principes démocratiques, que les Burundais ont payé par beaucoup de sacrifices.

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