Le budget de l’État au cours des cinq derniers exercices budgétaires est allé crescendo. Dès 2015, la pression fiscale reste la principale voie de collecte des ressources, les partenaires extérieures ayant gelé leur appui. Une question se pose : le budget récemment adopté est-il réalisable, en tenant compte de la configuration économique actuelle ?
Le projet de budget de l’État exercice 2020-2021 analysé en conseil des ministres du 26 et 27 mars et adopté ce 21 avril, arrive au moment où des facteurs tant exogènes qu’endogènes laissent penser à un budget difficilement réalisable.
Les dépenses, durant la période sous analyse, ont toujours été supérieures aux ressources. Ces dernières étant constituées de produits fiscaux, de produits non fiscaux, des dons et des produits exceptionnels.
De l’évolution du budget
Voici un petit tableau pour illustrer l’évolution du budget dès 2015 à aujourd’hui.
Année budgétaire | Ressources | Dépenses | Produits fiscaux |
2015-2016 | + 1.119 milliards | 1.260 milliards | + 631 milliards |
2016-2017 | + 1.152 milliards | 1.326 milliards | + 682 milliards |
2017- 2018 | + 1.224 milliards | 1.388 milliards | + 745 milliards |
2018-2019 | + 1.237 milliards | 1.400 milliards | + 758 milliards |
2019-2020 | + 1.327 milliards | 1.516 milliards | + 854 milliards |
2020-2021 | + 1.415 milliards | 1.569 milliards | – |
Quid de 2020-2021 ?
Les recettes fiscales de cette année sont de près de 980 milliards Fbu selon le projet de loi des finances commenté par la Cour des comptes à l’Assemblée nationale, mardi 7 avril. Deux nouvelles mesures fiscales sont introduites. Une taxe de 20 % sur la soude caustique importée destinée à la revente ainsi que l’amende sur toute construction en dépassement des bornes. Cette amende est de 1000 fbu/m2 à l’intérieur du pays et de 3000 fbu /m2 en Mairie de Bujumbura.
L’élargissement de l’assiette fiscale et le recouvrement vont aider à l’augmentation des recettes intérieures. Cet élargissement doit intervenir au moment où le Burundi se prépare aux élections de mai prochain. Les achats pour les nouvelles institutions passent de plus de 78 milliards à plus de 83 milliards dans le budget de l’État exercice 2020-201, fait remarquer Elysée Ndaye, président de la Cour des comptes.
C’est ce contexte des élections qui justifie plus de dépenses que d’investissement, explique Professeur Prosper Niyoboke, économiste. Il trouve que la partie investissement doit découler de grandes orientations définies par le Plan National de Développement et les différentes visions. Pour lui, « le budget reste un acte de prévision qui devrait aussi être un acte de décision et budget 2020-2021 est difficilement réalisable vu les facteurs internes et externes de la configuration économique (élections et coronavirus) ».
Et à mon avis, le budget général de l’État devrait être d’austérité et réalisable. Étant donné l’augmentation des dépenses au fil des années, l’instauration et le suivi de la politique de plafonds pour ces dépenses seraient à l’origine de la diminution du train de vie du gouvernement.