Grandir, c’est souvent apprendre à porter des poids invisibles. Parmi eux, il y a celui des comparaisons familiales. Il y a de petites phrases dites comme si l’on plaisantait, mais qui, en réalité, marquent à vie la personne. Un jour, elles deviennent des voix dans ta tête. Un autre jour, elles t’empêchent même de te réjouir d’avoir réussi.
Si tu es Burundais, certainement que tes parents t’ont déjà comparé directement ou indirectement. A ton frère. A la fille de l’ami de papa. A une voisine brillante. A ton aînée « mariée à 22 ans”. Même ton camarade de classe est parfois entré dans le classement sans le savoir. C’est presque culturel : une compétition sourde, installée dès l’enfance. Pas méchamment. Pas toujours brutalement. Mais toujours assez fort pour qu’on s’en souvienne, vingt ans plus tard.
Une compétition qui ne dit pas son nom
Dans les familles burundaises, il y a comme une ligue secrète, un championnat des enfants réussis. Les critères changent selon les saisons : un jour, c’est la moyenne à l’école, un autre, c’est le mariage, la voiture, ou le nombre d’enfants.
Mais toi, tu ne sais jamais si tu es dans le bon classement. Tu cours. Tu t’épuises.
Et pourtant, le podium t’échappe toujours.
« La fille de Jeannine, elle a déjà un master !»
« Et Junior ? Il vient d’ouvrir une entreprise. »
Parfois, c’est dit entre deux bouchées. Parfois, c’est un silence. Ou un simple soupir.
Mais tu comprends. Tu comprends trop bien. Tu n’es pas assez.
Le poids d’un prénom qui ne t’appartient pas
La vérité, c’est que beaucoup de nos parents ont grandi avec ces mêmes comparaisons. On leur a appris que l’amour devait se mériter. Que la réussite, c’était de “faire mieux que”. Alors ils nous ont transmis ce qu’ils connaissaient.
Pas toujours pour nous faire mal. Parfois, simplement pour nous motiver.
Mais ils ne voyaient pas que ça blessait.
Que ça creusait une fissure discrète, là où il aurait fallu une accolade.
Ces mots deviennent des murmures qu’on traîne partout : au boulot, en amour, en amitié. Elles nous font croire qu’il faut briller plus fort pour être aimé. Qu’il faut toujours prouver.
Et puis un jour, tu réussis. Tu termines ce master. Tu décroches ce contrat. Tu ouvres ton entreprise. Mais tu ne ressens pas… rien. Pas de joie. Pas de fierté. Parce que dans ta tête, il y a toujours quelqu’un de “mieux que toi”. Quelqu’un a rattrapé. Une étape de plus à franchir. Tu ne sais plus célébrer. Tu ne sais plus t’arrêter. Tellement on t’a appris que ta victoire n’est qu’un début. Et que le “vrai” modèle, ce n’est jamais toi.
Alors, on fait quoi de tout ça ?
Je n’accuse pas les parents. Mais c’est parce qu’on est nombreux·ses à porter cette blessure. Parce qu’elle fait partie de nous, même quand on rit, même quand on réussit. Et qu’elle nous freine plus qu’on ne le croit.
Tu n’es pas un concours à gagner, pas une comparaison à subir. Tu as le droit d’exister, même sans briller plus que les autres. Tu as besoin de respirer. De rêver. De ralentir.
Tu es assez. Tu l’étais déjà, bien avant qu’on te dise le contraire.
Vous savez ce que vous dites est vraiment très touchant , et émotionnelle. Nos parents veulent qu’on s’implique dans la vie des autres. Moi perso j’ai il beaucoup de choses que je sais même pas si j’ai bien fait ou pas. Je sais pas de me réjouie au fond, même si je le fais , je ressens presque rien , vous savez pourquoi , parce que j’ai ete aussi victime de ce genre de comparaison, parfois je ke faisais par moi même et ça ne m’a pas du tout construis .
Si on dit aimer ou mot amour, je l’entend mais le ressentir comme il le fallait, il m’arrive que je perd ce sentiment de savoir que je suis réellement en amour ou si c’est des illusions, ou quelque temps de désir et de plaisir .
J’aime bien ce que vous nous partagez, j’aimerais que vous arriviez à tout les Burundais nos parents pour qu’ils puissent comprendre que on ne peut pas vivre pour les autres . Nos chers parents parfois ne comprennent pas que c’est normale d’echouer.Dans la vie , le mieux serais de ne jamais abandonner plus tôt que de se plaindre d’avoir echouer, et à faute de toujours se souvenir des comparaisons qu’on nous a infligé, on n’a même peur de demander de l’aide aux mieux expérimentés.
On dire que j’étais aussi l’écrivain mais je viens juste de vide mon sac merci.