Les affiliés de la Mutuelle de la Fonction publique (MFP) se plaignent du fait que les pharmacies ne leur servent pas tous les médicaments prescrits par les médecins, alors que ces mêmes médicaments sont servis à ceux qui les paient cash à 100%. Où se situe le nœud du problème ? Quid de la disponibilité des médicaments au Burundi ? Nous avons essayé d’en savoir plus.
Y.I, un fonctionnaire de Bujumbura témoigne sur la mauvaise régulation des médicaments dans les pharmacies : « La semaine passée, j’ai conduit ma femme à l’hôpital. Après la consultation, nous n’avons pas trouvé des médicaments alors que j’ai la MFP qui devrait nous donner accès à des médicaments vendus par pharmacies de la MFP et celles collaborant avec elle. »
Ce n’est pas tout, ajoute-t-il : « Ils ont prétexté que les médicaments qu’il cherchait ne sont pas couverts par la mutuelle ou qu’ils ne sont pas disponibles dans leurs pharmacies. Pourtant, ceux qui ont payé cash ces médicaments sans utiliser la MFP ou d’autres assurances maladies privées ont reçu ces mêmes médicaments qu’ils nous ont refusés.»
Le nœud du problème
Où se situe donc le problème ? Quelle est la raison qui pousse les pharmaciens à ne pas servir ceux qui utilisent la carte MFP et les autres assurances privées ? C’est bizarre, un commerçant qui refuse de vendre ses produits alors que faire son business est censé lui procurer des profits. Pour essayer de comprendre ce qui se passe, nous nous sommes adressés aux pharmaciens ou ceux qui ont exercé ce métier.
Gilbert, un pharmacien de formation expose des raisons par rapport à ce fait : «D’une part, dans les pharmacies publiques, la MFP importe les médicaments à l’étranger via la CAMEBU (Centrale d’Achat des Médicaments Essentiels du Burundi) en utilisant les devises provenant de la BRB à un taux bas par rapport au marché noir, avec un coût d’achat moins élevé, d’où les médicaments coûtent moins chers. Néanmoins, dans ces pharmacies, il y a toute une gamme de médicaments qui n’est pas disponible. D’une autre part, faute de devises, les pharmacies privées collaborant avec la MFP importent leurs médicaments avec les devises provenant du marché noir, d’où un coût d’achat élevé. Par conséquent, elles vendent leurs produits à un prix élevé. »
Les délais de remboursement, l’autre écueil
Ce pharmacien explique la réticence de ces pharmacies privées à servir leurs produits aux affiliés de la MFP : «Ces pharmacies privées collaborant avec la mutuelle ont peur de perdre de l’argent à cause de ces produits couverts par la MFP, car cette dernière fixe un prix se basant sur ses tarifs. Pour récupérer le manque à gagner, ces pharmaciens demandent aux clients de payer un surplus sur le prix fixé par la mutuelle ».
C’est cela qui explique pourquoi les pharmaciens privés préfèrent vendre leurs produits à ceux qui paient cash plutôt qu’à ceux présentent la carte de la MFP. Quant aux assurances maladie privées, elles paient en général ces pharmacies mieux que la MFP, selon le prix fixé par les pharmaciens privés et remboursent rapidement, a ajouté M. Gilbert.
Selon toujours lui, ce n’est pas seulement une question de devises, les pharmaciens du privé hésitent également à fournir leurs produits aux affiliés de la MFP, car les délais de remboursement de cette dernière sont longs.
Qu’en disent les autres concernés ?
Nous avons sollicité une audience auprès de la Directrice générale de la MFP, Dr Sylvie Nzeyimana. Pourquoi les clients de la mutuelle de la fonction publique ne sont pas servis de certains produits dans les pharmacies privées partenaires ? Pourquoi certains produits prescrits par les médecins ne sont pas disponibles, même auprès des pharmacies MFP ? Telles étaient nos questions que nous souhaitions ardemment lui poser.
« Nous sommes au courant de ces problèmes, et nous recevons également des plaintes de la part des affiliés de la MFP. D’ailleurs, pour éclairer l’opinion, une conférence de presse sera prochainement organisée. Nous vous tiendrons informer», a déclaré la Directrice générale que nous avons contactée au téléphone.
Quant à la Directrice générale de la CAMEBU, Larissa Arakaza, elle aussi jointe au téléphone, elle a tenu à souligner que pour ce qui est des clients affiliés à la MFP qui ne sont pas servis par les pharmacies privées, c’est la MFP qui est la mieux indiquée pour répondre à la question. « Ces pharmacies présentent des contrats de partenariat avec la MFP ainsi que leurs expressions des besoins pour s’approvisionner. La CAMEBU n’est pas concernée par les contrats de partenariat entre les pharmacies privées et la MFP », a-t-elle précisé.
Notre échange a été court et ne nous a pas permis d’avoir des réponses pour certaines questions que nous espérions poser. Y aurait-il une rupture de stock qui justifierait le manque de certains des médicaments, même auprès des pharmacies de la MFP ? Et pourquoi ?
Vivement que la conférence de presse promise par le Directrice générale de la MFP ait lieu pour en savoir plus.