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Accords de coopération avec les pays arabes : le Burundi mise-t-il sur le bon cheval ?

Le dernier en date a été conclu avec l’émirat du Qatar, mais la patrie de Mwezi a récemment signé d’autres accords avec les pays du golfe persique pour y envoyer de la main d’œuvre. Cela étant, plus d’un s’interroge sur l’utilité de ces accords que le Burundi signe à tour de bras. Au de-là de la protection de nos compatriotes qui partent voir où l’herbe est plus verte, que gagne le Burundi réellement ? Est-ce la bonne chose à faire ? Cette blogueuse s’interroge. 

Lors de sa récente visite officielle au Qatar, en marge de la cinquième conférence des Nations Unies sur les pays moins avancés (PMA) du 5 au 9 mars 2023, la délégation burundaise a signé un accord concernant l’envoi des travailleurs au Qatar. En même temps, le Kenya signait un contrat de marché de fourniture de viande de chèvres avec l’Iran qui va lui rapporter des millions de dollars. Qui a vraiment gagné le gros lot entre les deux pays ? 

Le Burundi signerait-il des accords, juste pour signer, sans se préoccuper de ses intérêts ? Le ministre burundais des Affaires étrangères Albert Shingiro a fièrement annoncé la signature d’un accord avec le ministre du Qatar du Travail en vue de protéger les travailleurs burundais qui veulent trouver du travail dans ce pays. Après l’ordonnance ministérielle n°204/570/1018/2022 du 07 juillet 2022 réglementant ce secteur, des femmes et des filles, y compris les domestiques, se bousculent pour se faire enregistrer par les agences de recrutement. A hauteur de combien vont-t-elles contribuer dans les caisses de l’Etat ?

Un tien vaut mieux que deux tu l’auras

Toute agence de recrutement des travailleurs migrants doit payer 100 millions de Fbu pour avoir une licence valable pour une durée de 2ans. Elles seraient 17 agences qui ont obtenu cette licence pour commencer à fonctionner. Une coquette somme a donc atterri dans les caisses de l’Etat. 

Au-delà de cela, ceux qui ont la chance de partir travailler dans ce pays envoient surement de l’argent (en devises) à leurs familles et le pays en bénéficie sûrement. Mais est-ce pour autant satisfaisant ? 

Par exemple, pendant que le Burundi signait l’envoi des « domestiques » à l’étranger, le Kenya négociait le marché de la viande de chèvres et oignons en Iran. Avec les 50 tonnes de viande par jour et 10 mille tonnes d’oignons, Nairobi va mensuellement encaisser 773,9 millions shilling kenyans (6 millions USD), somme qui n’a rien à voir avec les miettes que le Burundi va gagner avec ces accords. 

Ne devrait-il pas penser à conclure des accords commerciaux beaucoup plus avantageux, par exemple concernant le carburant, avec ces pétromonarchies du golfe ? 

Soyons quand même réalistes, la plus belle fille ne peut donner que ce qu’elle a, dit-on. Par ailleurs, un tien vaut mieux que deux tu l’auras. Pour le moment, le Burundi a déjà signé ce genre d’accords avec l’Arabie saoudite et le Qatar. L’objectif du gouvernement burundais est d’atteindre au moins un effectif de cent mille travailleurs migrants burundais d’ici trois à quatre ans, selon le ministre Shingiro. Un bon objectif en soi. Mais le pays tire-t-il le meilleur de ces accords ? Parole à un expert. 

 « Le Burundi ne pèse pas lourd sur la scène internationale »

D’après Pascal Niyonizigiye, professeur d’université et expert en relations internationales, le pays a beaucoup de faiblesses et manque de vision pour négocier des accords de taille. 

« Un pays comme le Burundi qui persiste dans des crises répétitives et est miné par la corruption ne peut pas être influent sur la scène régionale ou internationale. C’est ce qui fait qu’il est obligé de signer les accords qui se présentent », explique Professeur Niyonizigiye. Cet expert en relations internationales suggère au Burundi d’améliorer sa visibilité sur la scène internationale.

Tout commence par un rêve. Le Burundi a besoin, en tout cas aujourd’hui, d’industries et de marchés, plutôt que l’envoi de la main d’œuvre aux pays du golfe, pour booster son développement économique. Il souffre encore du manque ou d’insuffisance d’industries agroalimentaires, textiles, sidérurgiques, minières, automobiles, aéronautiques, etc. C’est là où il devrait concentrer ses efforts. 

 

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Les commentaires récents (3)

  1. Ces accords que le Burundi a signé ne sont pas en soi faibles du moment que c’est le commencement. ils présagent l’ouverture de bons horizons.