En désespoir de cause, la blogueuse Dacia Munezero en appelle à l’épouse du président Pierre Nkurunziza. Une femme, mère de famille, attachée au Burundi, proche de la hiérarchie suprême ; qui d’autre peut arrêter la crise aujourd’hui ?
Deux mois déjà que votre époux a annoncé publiquement sa décision de briguer un mandat supplémentaire. Deuxième ou troisième ? J’aurais aimé connaître votre avis. Moi, le nombre m’importe peu, contrairement aux conséquences de la décision.
J’ignore si, depuis les hauteurs de Kiriri, il est facile de s’informer du quotidien des quartiers périphériques et de l’intérieur du pays.
Plus de 100 000 civils ont déjà quitté le Burundi, en grande majorité des femmes et des enfants. Chaque jour, depuis deux mois, il y a au moins un mort et des blessés. Vous avez peut-être vu des images. Les mineurs périssent. Les mères sont endeuillées.
Votre Excellence
Chère Première dame, vous êtes aussi mère, certainement sensible. Les enfants ne vont plus à l’école. Les établissements ont dû fermer. Le troisième trimestre a carrément été annulé. Je l’espère pour vous, vos enfants n’ont pas vécu cela. L’avantage de votre statut…
Révérende pasteure
Je ne vous demande pas de vous rebeller contre votre mari. C’est contraire à notre culture et un sacrilège pour votre foi. Mais posez au moins un geste humanitaire. Rien que ça. Saint Mathieu ne disait-il pas : « Tu aimeras ton prochain comme toi-même » ? Les Textes ne disent-ils pas : « Une foi sans œuvres est une foi morte » ?
Les femmes réfugiées meurent du choléra. Leurs enfants succombent à la famine. Ma Première dame, vous pouvez plaider pour eux, leur rendre visite tout au moins. Ce ne sera pas un acte de rébellion mais de bravoure. Votre cher époux pourrait même vous en remercier.
Je suis une fille, une sœur, une citoyenne, future femme, peinée et angoissée. Je vois en vous la clé du dénouement de cette crise.