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Pénurie de bières : jamais dire ‘’fontaine, je ne boirai pas de ton eau’’

Il n’y a pas très longtemps, ce blogueur criais son désespoir à la Brarudi pour lui rappeler le calvaire que vivent les amateurs de la dive bouteille. Depuis, de l’eau a coulé sous les ponts, notre ami est passé de l’Amstel au Goldberg ou d’autres « nouveautés » venues d’ailleurs. Les habitudes des consommateurs burundais de la bière sont en train de changer, et cela n’est pas sans conséquence. Et s’il y avait des alternatives ? Et si on chantait à la Brarudi un ‘’Je t’aime mais je pars’’ ? Voici le spleen d’un buveur invétéré.

Le week-end a été exceptionnel pour les amateurs de la dive bouteille. Et pour cause, la Brarudi a daigné distribuer des Amstels ‘’za kera’’, comme elles sont désormais appelées. La nouvelle s’est propagée dans les groupes WhatsApp comme une traînée de poudre. Je croyais à un canular. J’ai donc passé un coup de fil à un ami tenancier de bar pour en avoir le cœur net. Il me confirme l’info et me refile la bonne adresse. Par chance, j’en ai dégusté trois au bar Maquis, avant que la serveuse vienne me susurrer à l’oreille qu’il n’y a plus rien en stock. Je suis rentré, mais la soif étant ce qu’elle est, c’est-à-dire sans pitié, j’ai dû m’accommoder d’un Goldberg, une bière qui nous est venue de Tanzanie, pour avoir ma dose. Normalement, je ne suis pas fan des bières tanzaniennes. Je trouve qu’elles sont de piètre qualité. J’ai essayé Balimi, Basembe, Safari, Kilimandjaro, etc., rien n’y fait. Il n’y a que Goldberg qui a trouvé grâce à mes yeux. D’ailleurs, je trouve que le Burundi brasse les meilleures bières de la région. Sommes-nous victimes de cette réputation ? En tout cas, il se peut qu’à Kigali ou à Kigoma, les Amstels blondes et bocks s’arrachent comme de petits pains.

Comment est-on arrivé là ?

Récemment, un blogueur de Yaga écrivait qu’on importe désormais des bières qu’on produit localement. Dans un groupe WhatsApp, quelqu’un a dit que même l’Amstel blonde coûte autour de l’équivalent de 30 000 Fbu à Kampala. Donc consommer une bière qu’on produit est devenu si rare que lorsqu’elle est distribuée localement, c’est la fête au village ! Bacchus doit se faire du mouron là-haut ! Actuellement, les habitudes des consommateurs de la sainte mousse sont en train de changer. Les bières de Tanzanie sont en train d’envahir le marché. Plus question de faire la fine bouche. Il y a Basembe ? On boit Basembe. Il y a Balimi ? On prend Balimi. Il y a Bright ? Va pour la Bright.

Des conséquences

Mis à part le fait d’avoir le gosier sec, tout ça doit avoir un impact. C’est bien d’exporter nos bières pour avoir des devises. D’ailleurs, à un certain moment, un cadre de la Brarudi a fait savoir qu’une bouteille exportée vers la RDC permettait d’en fabriquer trois. Est-ce que pour autant on doit négliger le marché intérieur ? Et nous, pauvres buveurs de la patrie de Ntare Rushatsi ? Imaginez si le Japon fabriquait ses Toyota uniquement destinées à l’export, les Japonais devant commander les véhicules aux USA ! Ce serait absurde, non ? Dans le meilleur des mondes, la Brarudi devrait faire des projections et couvrir la consommation interne tout en exportant. Nous, les pauvres buveurs, en avons ras-le-bol de sillonner les quartiers ou les collines pour pouvoir se désaltérer. Il y en a qui ne peuvent pas se passer de la sainte mousse. Umurundi n’agacupa ni nanzi (Le Burundais et la bière, c’est une vieille histoire d’amour). Quand ils ne parviennent pas à en trouver ou qu’elle coûte trop cher, certains se détournent de la bière pour se tourner vers des boissons frelatées, et bonjour les problèmes de santé.

Des alternatives ?

C’est un fait, les bières importées remplacent de plus en plus les bières locales. Même dans les coins reculés, il y a toujours un moyen de trouver un Serengeti, un Heineken ou un Basembe. Pourtant, elles aussi sont importées en devises étrangères, j’imagine. J’ai beaucoup parlé de la Brarudi, mais ce n’est pas le seul brasseur du Burundi. Je serais Soma Burundi, j’aurais déjà concocté un plan pour remplacer et damer le pion à l’indétrônable Brarudi. Pourquoi les hommes d’affaires ne pensent-ils pas à investir dans le domaine de la brasserie ? En attendent qu’est-ce qu’on va devenir ? Continuer d’enrichir les Tanzaniens en se goinfrant de leurs bières ? Déchirer les habits qu’on porte et se couvrir de cendres pour montrer à la Brarudi notre désespoir ? En cette journée dédiée à la bière, méditons. Et à la santé !

 

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