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8 mars : pendant qu’on parle, les autres agissent

Le mois de mars touche à sa fin. Comme chaque année, il a été marqué par des discours, des panels, des promesses et, bien sûr, des fêtes. Mais ailleurs, pendant qu’on parle, certains passent à l’action. Serviettes hygiéniques gratuites pour les écolières au Ghana, congé maternité prolongé en Côte d’Ivoire. Et chez nous ? Que faisons-nous concrètement ? Coup de gueule.

 Honnêtement, je comprends ceux qui nous conseillent de ne pas trop scroller sur les réseaux sociaux ! J’ai reçu ma leçon. Il y a quelques jours, en naviguant sur Internet, une vague de jalousie m’a submergée, une jalousie positive, celle qui nous pousse à envier ce qui est bien ailleurs et à se demander pourquoi cela n’existe pas chez nous !

« Ne te compare jamais aux autres », me diraient les motivational speakers. Mais soyons réalistes : dire à un enfant de ne pas saliver en voyant son voisin savourer un bon repas, cela n’a pas de sens. En tout cas, moi, je me suis retrouvée à envier les autres.

Le Ghana sha !

Le 11 mars, trois jours après la fameuse journée internationale des droits des femmes, le gouvernement ghanéen a décidé de prendre des mesures concrètes pour lutter contre la précarité menstruelle en offrant des serviettes hygiéniques gratuites aux jeunes filles scolarisées dans les écoles primaires et secondaires.

Cela m’a immédiatement rappelé une étude menée ici, au Burundi, en 2022 par l’Abarundikazi Period Movement (APM). Elle révélait qu’environ 7 504 jeunes filles sur 26 937 interrogées s’étaient déjà absentées de l’école à cause de leurs menstruations. Imaginez : plus de 7 000 filles privées d’éducation simplement parce qu’elles n’ont pas accès à des protections hygiéniques. Elles préfèrent rester chez elles pour éviter la honte et la moquerie. Et que faisons-nous ici ? Rien.

Au Ghana, ils ont compris que les menstruations ne devraient jamais être une raison de manquer l’école. Ils ont compris que c’est une question de dignité et de santé. D’ailleurs, ils y ont consacré un budget conséquent : 292,4 millions de GH¢. Si l’on fait le calcul (bon, je sais, on n’aime pas toujours les maths, mais quand il s’agit d’argent, l’effort devient plus facile), cela représente environ 70 milliards de BIF.

Côte d’Ivoire, les autres enfants…

Je ne me suis pas arrêtée là, j’ai continué à scroller (je sais, ce n’est pas très bon pour le moral). Et là, une autre nouvelle m’a frappée.

Toujours pendant ce « mois de la femme », la Côte d’Ivoire a adopté un décret prolongeant le congé maternité à six mois pour les fonctionnaires et fonctionnaires stagiaires.

Ils ont compris que le congé maternité n’est pas qu’une « pause médicale », mais un besoin réel, et pas seulement pour les femmes. Ce décret introduit également un congé paternité d’un mois, alors qu’il était auparavant limité à seulement deux jours ! Ils ont compris que « umwana atari uwumwe » (« un enfant n’appartient pas qu’à sa mère »).

Et pendant ce temps, chez nous, l’OBR annonce qu’il va désormais ne payer que la moitié du salaire pendant le congé maternité (et d’ailleurs, même le code du travail semble pencher en leur faveur), une régression totale, surtout pour une institution aussi cruciale que l’OBR, « le poumon du pays ».

We listen but (this time) we judge

Dans quelques jours, mars sera terminé. Et ici, chez nous au Burundi, que nous restera-t-il ? Des discours ? Des promesses ? Des recommandations issues de panels ? Mais, concrètement, qu’avons-nous ? En observant les mesures prises dans d’autres pays pour promouvoir les droits des femmes, je me dis qu’au moins, eux, ils ont compris que le « mois dédié à la femme », c’est bien plus que des discours, bien plus que les mêmes discussions (pour ne pas dire les mêmes débats) qui se répètent chaque année et qui finissent toujours en eau de boudin. C’est bien plus que des discours diplomatiques, bien plus qu’une fête commerciale où l’on trouve des promotions à tout-va, ou tout simplement une occasion de liquider des produits, que ce soit des textiles, des ustensiles ou même des boissons… (Bon, une promo, qui n’en voudrait pas, surtout en ces temps d’inflation, mais ne perdons pas de vue l’essentiel.)

Mais comme le dit une blogueuse, « nous ne voulons pas de fleurs, nous voulons des lois. Nous ne voulons pas de panels, nous voulons des décisions. Nous voulons des droits ». Oui, je la soutiens, nous voulons des droits qui dureront au-delà des années. Une garantie pour nos petites sœurs, qu’elles aient des droits qui ne seront pas simplement discutés le 8 mars, puis oubliés.

En attendant, je vais continuer à scroller. Qui sait, peut-être que je finirai par trouver du concret, même chez nous.

 

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