Le métier de commissionnaire vient d’être interdit au Burundi. Entre « une pure arnaque » selon le gouvernement, et « un métier comme tant d’autres » selon les commissionnaires. Comment leur ménager une porte de sortie ?
Travail au noir. C’est comme cela que le métier de commissionnaires est désormais qualifié. Avec la masse de jeunes burundais au chômage, le métier était devenu un sport favori pour les jeunes désœuvrés. Avant, ils étaient dans l’immobilier, notamment dans la location de maisons et la vente de parcelles. Aujourd’hui, ils sont partout : dans la vente du bétail, des voitures, vente des places à la morgue des hôpitaux, un compteur à la Regideso… Il vous suffit juste d’avoir un numéro et vous voilà servis.
Les avis des clients sur ce métier sont partagés. Si pour certains, les commissionnaires facilitent les transactions commerciales entre acheteurs et commerçants, pour d’autres la commission fait hausser les prix et entrave le travail de certains services publics. Quant aux autorités administratives, ce métier est tout simplement une pure arnaque, un vol qualifié dont le seul but est de s’enrichir facilement, en percevant abusivement une commission non méritée.
Une commission non méritée ?
Davinus Niyonzima, commissionnaire des maisons, le voit autrement. Pour lui, « le métier de commissionnaire est un travail fatiguant où l’on creuse le ciboulot en prenant beaucoup de temps pour la recherche et le collecte d’informations, l’étude sur les services à offrir, et des déplacements fréquents pour l’assurance de la qualité des services ». Il donne l’exemple que pour trouver une maison à louer, une parcelle en vente ou une voiture, ils doivent se rendre jusqu’à l’endroit se trouvent ces biens, vérifier leurs états, négocier les prix, prendre note des exigences du bailleur et faire une publicité. « Sans oublier que trouver un acheteur est un travail de combattant », ajoute Davinus.
Pour Claude, un commissionnaire du bétail au marché de Rutegama, « les commissionnaires agissent de façon informelle ce que d’autres compagnies comme Ntumangende, infinity, Amazon ou Alibaba font de façon formelle », sans nier la présence des usurpateurs dans le métier, il refuse que tous les commissionnaires soient mis dans le même panier par le ministère de l’Intérieur, du Développement Communautaire et de la Sécurité Publique.
Concession
Avec la récente interdiction, ils n’ont pas arrêté leur métier. « Comment arrêter un métier qui nous fait vivre ? ». Pour trouver un compromis avec le gouvernement, ils ont dû changer leur modus operandi. « Au lieu de négocier les prix nous-mêmes comme avant, nous mettons en contact le vendeur et l’acheteur qui discutent du prix, et notre rémunération qui se faisait par pourcentage se fait actuellement par consensus du vendeur et de l’acheteur ».
Pour que le gouvernement puisse contrôler leur action sans oublier les taxes, il faudrait adopter une loi régissant le métier de commissionnaire, les pousser à se regrouper en association ou créer des agences officielles afin de travailler dans le formel et lutter contre les faux commissionnaires. Pourquoi pas les inscrire au registre de commerce pour qu’ils travaillent dans la légalité et deviennent plus professionnels ?