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Débat : l’abolition de la monarchie au Burundi vu par les jeunes

Lorsque Micombero dépose le roi Ndizeye, il signe le début d’une nouvelle ère, d’un nouvel ordre : celui de la république. Mais dans quel contexte  s’inscrit cet évènement, quel rôle de la jeunesse ? Quelle a été la suite ? Débat à Mwaro autour de ces  questions.

Ce jour-là, lorsque le roi Ntare V se voit éjecté du trône, «  il y avait  un climat malsain entre les Ganwa et les Hima (le clan de Micombero), qui était là depuis longtemps. La suite vous la connaissez, c’est ce même Micombero qui finira par abolir la monarchie. Ceci dans un contexte de divisions ethniques grandissantes depuis la mort de Rwagasore », avance d’entrée de jeu, Elie Hakizimana, un jeune de  Mwaro.

Claver Ngurube, de Mwaro lui aussi, va dans le même sens. Pour lui, « tout s’inscrit dans un contexte de l’après Rwagasore. Une période qui voit l’ethnisme s’installer. Jusqu’en 1965 quand certains hutu tentent de renverser la monarchie pour prendre le pouvoir »

Des  propos corroborés par Emile Mworoha. Sauf que lui donne beaucoup plus de détails. Pour cet historien, si l’abolition de la monarchie,  le 28 novembre 1966,  est  tombée comme un couperet pour les Burundais, il faut dire que c’est le produit d’un contexte qui est venu progressivement. Cet universitaire avance entre autres les divisions depuis la mort de Rwagasore, la mort du roi rwandais, l’assassinat des tutsi au Rwanda en 1959, la suppression de la monarchie du Rwanda (coup d’état de Gitarama) sans oublier les problèmes à l’Uprona lors de la succession de Rwagasore ainsi que les séjours répétés et prolongés du roi à  l’étranger. 

Autre contexte de l’époque, Mworoha parle de l’assassinat du Premier ministre Ngendandumwe qui amplifia les divisions ethniques, mais également, les élections de 1965 à l’issue desquelles le roi nomme un ganwa Léopold Biha, au grand dam des milieux hutu. 

Le contexte de l’époque, c’est aussi le rôle d’un un certain Gervais Nyangoma qui en juillet 1965 proposait déjà l’avènement d’autres institutions. Ou encore  ce coup d’état échoué contre le roi en octobre 1965 à l’issue duquel le roi  partira à Genève pour ne plus revenir. Après, c’est Micombero qui prend de l’importance et qui est nommé première ministre après que Mwambutsa ait été déposé par son fils. 

La suite, c’est la mésentente entre ces deux personnages. Jusqu’à ce que le jeune roi tente de révoquer son Premier ministre. Sans succès. Par contre, c’est un Ndizeye qui est déposé par Micombero.

Plus rien ne sera comme avant

Il  faut aussi le dire. À l’époque, une certaine opinion de la  jeunesse était contre la monarchie. Mworoha parle des jeunes réunis dans l’UNEBA ou dans la JNR. Les premiers faisaient leurs études en Europe. Dans leurs écrits, ils prônaient l’abolition de la monarchie. De même, du côté de la JNR, des velléités républicaines se manifestaient. Autant donc dire que les jeunes instruits joueront un rôle important dans ce changement de régime. Ce sont d’ailleurs ces jeunes (des JRR nés de la fusion de l’UNEBA et de JNR) qui participeront aux rencontres internationales pour expliquer ce qui venaient de se passer au Burundi. 

Voilà donc, la république installée et la monarchie devenue de l’histoire. Une plus-value ? Pas du tout. C’est en tout cas l’idée d’Edouard Ngendakuriyo, lui aussi originaire de Mwaro qui fait savoir que la période verra les divisions ethniques ou des massacres à caractères ethniques sans oublier l’instrumentalisation de la jeunesse.

Et pour Salvator Ndikumaso, entre autres conséquences, c’est l’exclusion des Baganwa du pouvoir, le régionalisme qui s’installe, d’où le conflit Bururi-Muramvya. Une idée qu’il partage avec Fridolin. 

Des maux que reconnaît le professeur Emile Mworoha. Pour ce, il conseille aux jeunes générations de faire un dépassement, de ne pas s’adonner aux mauvaises pratiques qui ont caractérisé le Burundi dans le passé. 

 

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