Le recensement général de la population et de l’habitat bat son plein. Lorsqu’on parle de la superficie d’un pays comme le Burundi, les chiffres que nous rencontrons se réfèrent généralement à une mesure plane de la surface terrestre, obtenue à l’aide de systèmes d’information géographique (SIG). Par exemple, il est couramment admis que le Burundi couvre une superficie de 27 834 km². Mais que signifie réellement ce chiffre, et cette mesure reflète-t-elle fidèlement la surface réelle du pays, compte tenu de son relief ? Quel est leur impact sur le recensement en cours ? Ce contributeur nous éclaire la lanterne.
La surface de 27 834 km² attribuée au Burundi est une mesure de la « surface projetée ». Cette mesure représente la projection horizontale de la surface terrestre sur une carte plane, en ignorant complètement les variations du relief. Autrement dit, cette superficie est calculée comme si le terrain était complètement plat, sans tenir compte des montagnes, des collines ou des vallées.
En revanche, la « surface réelle » d’un pays tient compte de ces variations topographiques. Lorsque le terrain est accidenté, la surface réelle peut être plus grande que la surface projetée, car le relief ajoute de la « distance » supplémentaire à la surface. Imaginez, par exemple, un morceau de papier plat que vous froissez. La surface du papier froissé (la surface réelle) est plus grande que lorsqu’il est à plat (la surface projetée).
Quid de la surface réelle du Burundi ?
Le Burundi est un pays d’Afrique de l’Est principalement constitué de plateaux et de montagnes. La chaîne montagneuse des Mirwa, située à l’ouest, domine une grande partie du pays. En raison de ce relief, la surface réelle du Burundi est en réalité plus grande que la surface projetée de 27 834 km².
Supposons par exemple qu’une région montagneuse du Burundi ait une inclinaison moyenne de 10 %. Sur une petite superficie de 1 km² projetée (un carré de 1 km de côté sur une carte plane), la surface réelle pourrait être légèrement supérieure en raison de l’inclinaison. En utilisant des calculs géométriques simples, on peut estimer que la surface réelle de cette région serait d’environ 1,005 km², soit une augmentation de 0,5 % par rapport à la surface projetée. Si l’on extrapole ce phénomène à l’ensemble du pays, la surface réelle totale du Burundi pourrait être légèrement supérieure aux 27 834 km² officiels.
Le Bhoutan, un cas d’école
Le Bhoutan est un des rares pays qui a tenté de mesurer sa surface réelle en tenant compte du relief. En 2007, les études géographiques avancées ont été menées pour obtenir une estimation plus précise de la superficie du pays. Le Bhoutan, situé dans l’Himalaya, possède un relief extrêmement accidenté, avec des altitudes variant de quelques centaines de mètres à plus de 7 000 mètres au-dessus du niveau de la mer.
Grâce à l’utilisation de modèles numériques de terrain (MNT) et de systèmes d’information géographique (SIG), les géographes ont pu recalculer la superficie en intégrant le relief complexe du pays. Les résultats ont montré que la surface réelle du Bhoutan était significativement plus grande que celle estimée par les méthodes traditionnelles de projection plane. Selon certaines estimations, la superficie réelle pourrait être supérieure de 10 à 15 % à la superficie projetée.
Cette précision accrue a permis au Bhoutan de mieux planifier ses ressources, de gérer ses terres de manière plus efficace et de renforcer ses politiques environnementales, des éléments cruciaux pour un pays qui attache une grande importance à la conservation de l’environnement.
Quel impact sur le recensement général de la population ?
Cette différence entre surface projetée et surface réelle prend une importance particulière dans le contexte du recensement général de la population et de l’habitat actuellement en cours au Burundi. Lors de la collecte des données de population, il est crucial de prendre en compte la surface réelle, surtout dans les régions montagneuses où la densité de population pourrait être sous-estimée si seule la surface projetée est utilisée. Une compréhension précise de la superficie réelle permet de mieux évaluer la distribution de la population et les besoins en infrastructures, en services de santé, en éducation, et en ressources naturelles.
Au-delà du recensement, cette différence entre surface projetée et surface réelle peut avoir des implications importantes dans plusieurs domaines, comme la géographie et la cartographie où une compréhension précise de la surface réelle est essentielle pour des études géographiques détaillées, telles que l’évaluation de la biodiversité, où la surface réelle peut influencer la densité de la population ou la distribution des espèces.
Quel est intérêt de connaître la surface réelle du Burundi ?
Alors que la surface projetée du Burundi est officiellement de 27 834 km², sa surface réelle est probablement plus grande, en raison du relief varié du pays. Le cas du Bhoutan montre qu’il est possible, avec des technologies modernes et une méthodologie rigoureuse, d’obtenir une estimation plus précise de la superficie réelle d’un pays. Cette différence, bien que souvent marginale, souligne l’importance de comprendre les nuances des mesures géographiques et leur impact sur la compréhension de notre monde physique. Pour une précision accrue dans les études géographiques, la gestion des ressources, et surtout pour un recensement exact, il est pertinent d’intégrer le relief dans les calculs de superficie, particulièrement dans des régions montagneuses comme le Burundi.
Connaître la surface réelle peut aussi nous aider dans la gestion des ressources naturelles, comme l’eau ou les forêts, où une connaissance exacte de la surface réelle est cruciale pour évaluer la quantité de ressources disponibles. Cela peut nous aider aussi dans la géopolitique et le territoire, car dans certains cas, la surface réelle peut influencer les discussions territoriales ou les accords internationaux.