Depuis le début de ce mois d’octobre, les lettres de rappel de certains ambassadeurs burundais dans d’autres pays ont circulé sur les réseaux sociaux. Le ministère en charge de la diplomatie le confirme sans plus de détails. L’ex-ministre des relations extérieures et chef d’État burundais Sylvestre Ntibantunganya donne les raisons qui peuvent expliquer le rappel d’un ambassadeur et la fermeture d’une ambassade.
Cela a commencé par la lettre du ministre burundais en charge des Relations extérieures envoyée à l’ambassadeur burundais au Kenya qui a beaucoup circulé sur les réseaux. Selon cette note, l’ambassadeur burundais au Kenya va occuper d’autres fonctions. Des informations parlent d’une dizaine d’ambassadeurs burundais rappelés tandis que d’autres ambassades seraient fermées.
Cependant le ministère en charge des Relations extérieures qui confirme cette information ne donne pas de précisions. D’après la porte-parole de ce ministère, les noms des ambassadeurs et les pays où ils sont accrédités restent une information secrète. « La rotation ou les mouvements diplomatiques font partie des pratiques établies en diplomatie dans le cadre de la gestion des ressources humaines affectées au service extérieur. Toutefois, l’information en rapport avec le rappel des ambassadeurs burundais est authentique », explique Sonia Niyubahwe.
Le ministère burundais en charge de la diplomatie note que les relations diplomatiques du Burundi avec d’autres pays « se portent bien ». Pour Sonia Niyubahwe, le sort de ces ambassades sera décidé par l’autorité compétente. « Les ambassades du Burundi à l’étranger ont d’autres membres du personnel. C’est-à-dire que les ambassades ne sont pas fermées. Les relations vont continuer », rassure Mme Niyubahwe.
Plusieurs facteurs d’établissement d’ambassades et de rappel d’ambassadeurs
Pour établir une ambassade dans un pays, le pays vise les intérêts politiques, diplomatiques et économiques. Sylvestre Ntibantunganya rappelle que c’est la Belgique qui a été le premier à installer son ambassade au Burundi car elle assurait la tutelle de l’ONU. L’ancien ministre en charge de la diplomatie burundaise et qui a également été chef d’État burundais note aussi la présence au Burundi des ambassades des pays limitrophes et les grandes puissances mondiales.
D’après cet ancien numéro Un burundais, l’ambassadeur représente généralement le chef de l’État auprès de la puissance où il est accrédité. De plus, dit le président Ntibantunganya, il est en relation régulière avec le chef de la diplomatie. Il précise que le rôle de l’ambassadeur est de travailler à ce que les intérêts et les relations diplomatiques entre les deux pays soient bien coordonnés.
Qu’est-ce qui pousse un pays à rappeler son ambassadeur ou fermer son ambassade ?
Pour tout diplomate, explique l’ancien ministre des relations extérieures, il y a un mandat. Au niveau du Burundi par exemple, le mandat d’un ambassadeur est de quatre ans. Selon lui, c’est normal qu’à la fin du mandat, l’ambassadeur soit rappelé expliquant que c’est une procédure typiquement administrative. Toutefois, explique le président Ntibantunganya, l’ambassade peut être fermée ou suspendue suite aux tensions diplomatiques, à la réorganisation diplomatique d’un pays, au manque de moyens ou tout simplement parce que les intérêts que le pays avait suivis ne sont plus.
Même une ambassade fermée peut être rouverte. « C’est toujours possible. Ce sont des cas qu’on observe dans le monde et même dans notre région. Un pays peut décider de suspendre des relations avec un autre mais après X temps les relations peuvent s’améliorer et le pays en question changer de position. La diplomatie c’est l’art d’organiser les relations internationales », considère le président Sylvestre Ntibantunganya donnant l’exemple du Rwanda et de la République Démocratique du Congo.
Somme toute, la diplomate est dynamique. « Tant que les gouvernements des divers pays auront des rapports entre eux, il leur faudra des agents pour les représenter et les renseigner, et qu’on leur donne le nom qu’on voudra, ces agents feront de la diplomatie », analyse Jules Cambon dans Le Diplomate.