Il y a des moments où les mots perdent de leur sens. Des moments où ce ne sont que les larmes qui peuvent parler. En ce temps où Yaga vient de perdre un des siens, ceux qui ont connu Cédric Bahimpundu ont trempé la plume dans l’encre de la douleur pour lui rendre hommage.
A jamais dans nos cœurs…
Cece, je suis fier de t’avoir connu dans cette vie. Ta disparition est un vrai déchirement pour toute l’équipe dont tu étais un rouage essentiel. Ami, confident, collègue,…c’est avec une profonde douleur que ta disparition s’est imposée à nous.
Telle une étoile filante, tu as traversé nos vies à la vitesse d’un éclair.
D’un clignement des yeux, voilà que tu es déjà parti.
Cher ami, la perspicacité de ta pensée nous manquera.
Le vide que tu laisses, cet abîme de chagrin,
La misère de la condition humaine,
La hideuse réalité de ne plus te voir,
Voilà brusquement la source de nos désespoirs.
Ton nom ne s’effacera jamais de nos cœurs.
Ta simplicité sera une leçon pour nous et pour toujours.
Nous humerons le parfum de ta plume longtemps après ton départ.
Malheureux, ceux qui n’auront pas le plaisir de palper la vivacité de ton esprit.
De ta gentillesse légendaire, nous apprendrons.
De ton dévouement nous fabriquerons un modèle.
Seul ton humour allège la souffrance de nos âmes.
Rastaman, igire amahoro !
Parfait Nzeyimana
Reste, Ced! Promis, je ne t’embêterai plus…
Il y a des disparitions qui vous laissent sur le carreau. Des pertes qui vous dépouillent… de tout. Je ne suis pas des plus taciturnes, mais là, vois-tu, Céd, des mots, j’en manque.
Il y a à peine une semaine, je te disais, en grande soeur chi…nte de bien te reposer, de te nourrir correctement, tu sais, les 5 fruits et légumes. Tu me parlais d’une anémie, tiens encore une chose en commun, je te parlais alors des vitamines de fer et leurs miraculeux bienfaits…tu allais bien, non ? Alors…c’est quoi cette histoire?
Reste Céd, promis je ne t’embêterai plus avec mes consignes. Tu pourras me pondre des phrases kilométriques, on s’en fout d’aller droit au but. Je ne te dirai plus, qu’il nous faut des propos clairs, courts et concis. Tu te souviens des 3 C ? Pour le coup, c’est moi qui ne les respecte pas là…
Reste, l’ami…
Mais puisque tu pars, brille comme tu l’as toujours fait. Là-haut, des plumes, tu en croiseras beaucoup, mais la tienne sera certainement la plus belle.
Nadine Sahabo
Cédric, pas toi, ne nous fais pas ça
Difficile de parler de toi au passé. Une chose est sûre, la faucheuse qui vient de t’emporter brise le cœur de plus d’un, le mien en particulier. Tu étais un ami, un frère, un confident et un collègue de travail. D’aussi loin que je me rappelle, nous formions une dream team.
Le travail nous obligeait à parler tout le temps en message privé. On riait, on se corrigeait, on se fâchait, on se lamentait, on s’encourageait. Notre fonction de community manager rimait avec fatigue, dépression, surpassement. Mais avec toi dans mon équipe ce n’étais qu’une partie de plaisir.
Je te parlais plus que je ne parlais à ma famille, presque autant que mon mari. D’ailleurs le livre que tu lui as offert (« La revanche du destin » de Sébastien Katihabwa) en guise de cadeau, il le garde jalousement.
Ton amour des livres et de la lecture me manquera, ton sens de l’humour, tes répliques, ta plume, ta taille svelte, ton appétit d’oiseau, tes tweets et tes répliques. J’étais si fière de t’avoir dans mon équipe. Je savais qu’en mon absence tu pouvais assurer. Je vais durement me remettre ta disparition.
Isney Bariko
Cécé, mon ami
Te pleurer ? Si égoïste que je suis…
Tu nous as tout donnés, tu nous as tout laissés, mon ami ! Oui, ideni risigaye iwacu !
Le sourire ? Oui, c’est ce que ton cœur et tes yeux réclamaient… seulement ça… Tes intentions, tes sentiments, tes pensées, c’est de leur abondance que ta bouche parlait…
Ta famille ? Inconsolable, oui, mais Dieu est au contrôle, et Lui seul peut embrasser leurs cœurs et leur rappeler à quel point elle a eu de la chance de partager le même sang avec un être aussi parfait que tu étais.
Tes parents, à chaque fois que tu parlais d’eux, et surtout de ton papa, tu avais vraiment de l’affection pour lui, tu parlais de lui comme un père modèle… Et oui, tes parents ont été les meilleurs pour avoir élevé un garçon comme toi qui est devenu un grand homme au grand cœur. Ils ne méritent que de la reconnaissance… Je les admire profondément pour l’éducation qu’ils avaient donnée à leur bébé, chers parents, ndabagumbiriye cane❤️.
Cécé, l’homme le plus positif, notre plus grand humoriste, oui, tu laisses un grand vide, mais là où tu es, tu es en paix, car c’est ce que tu dégageais, c’est ce qui sortait de ta bouche. Merci pour le témoignage que tu nous laisses, et surtout pour la prophétie. Je n’oublierai jamais, et j’en parlerai même à mes enfants, que j’ai eu un collègue qui était un homme humble, humain, intelligent, très aimant… bref, un être parfait❤️.
Iruhukire amahoro ibihe bidashira muvukanyi mwiza Cécé.
Adieu, mon ami
Blandine Niyongere
Bousculade de souvenirs
Comme ce 14 septembre 2014, quand nos chemins s’entrecroisent pour la première fois. Nous sommes alors à Gitega, « Ku ba Bébé« , en attente de la Dyna du Petit Séminaire de Mugera qui doit nous conduire à l’école. Moi, je suis le nouveau venu, alors que toi, tu es un ancien.
Ton allure s’impose à moi, me rappelant celle de ton père, que je connaissais déjà. Je m’approche de toi et t’interroge : « Est-ce toi, Cédric ? » Tu me renvoies la question : « Et toi, es-tu Guillaume ?« . Il semblerait que chacun avait entendu parler de l’autre. Ce qui est certain, c’est qu’une amitié profonde et durable allait naître, nourrie par notre passion commune pour les livres, nos débats animés sur le football. Et surtout, tes analyses perspicaces de la société et tes observations des comportements humains. Même si je ne partageais pas toujours ton point de vue, je reconnaissais l’acuité intellectuelle qui se cachait derrière.
Cédric, l’étendue de ta culture générale n’avait d’égal que ta soif insatiable d’apprendre, de découvrir de nouvelles choses. Tu ne dévorais pas moins de trente livres par trimestre, et moi, je m’étais promis de faire de même, car une compétition bienveillante avait insensiblement germé entre nous. A un certain moment, Cédric, je voulais être ton reflet. Tu le sais. Marcher comme toi, parler comme toi, s’habiller comme toi, faire tout comme toi. Mais le Créateur a voulu que chacun ait sa propre personnalité, son propre univers, et je n’avais même pas un dixième de ton talent. Arrivé en seconde, j’ai renoncé à t’imiter mais cela m’avait déjà aidé à forger mon intellect. Cédric, tu es resté un guide précieux pour moi, une référence, un modèle. Grâce à toi, j’ai découvert Yasmina Khadra, Aamin Maalouf, Gustave Flaubert ainsi que ton écrivain favori, le roi de la nouvelle Honoré de Balzac. Tu m’as fait découvrir Radio Vacances où j’ai rencontré des amis exceptionnels et depuis lors, ce sont les contacts que j’ai noués là-bas qui m’ont fait avancer. Tu as vécu une vie si courte mais si intense et pleine. Pour moi, tu resteras toujours le grand-frère, l’ami, l’enseignant Cédric.
Tu ne meurs pas, Cédric. Tu rejoins ta galaxie d’étoiles où, du haut de là-bas, tu brilleras comme tu as brillé ici-bas. Encore en vie Cédric.
Guillaume Muhoza
Je ne souhaiterais jamais à personne d’annoncer la mort. Dans le groupe de travail comme sur les plateformes de Yaga, c’était le plus dur et le plus moche travail que j’ai eu à faire ; dire aux gens qu’un bon enfant est parti. Je ne sais pas si un jour j’arriverai à fixer mes yeux sur le portrait de Bahimpundu dans le salon de Yaga.
La blague du jour : on se taquinait entre collègues quelques heures avant l’horrible nouvelle que duhembwe, on allait organiser un weekend à Gitega, près de notre Cédric. La faucheuse en a décidé autrement, hélas !
Hugues Safari
Maybe the world was too big for him. His ambitions were too basic in the lenses of motivational speakers. His life was too simple in today’s life standards. He was able of dreaming of the same place in 5 coming years. But they always resonated with me because… he had what the world is lacking so much: contentment. He read the books he read because he loved reading and was genuinely curious about their content. He was doing his master’s because he was interested in the subject. He was not “kuri page”. His desires did not rhyme with trendy. He could listen to the same old school songs for ages. He could quote the same old books and praise late authors over and over again. Louis de Funes’ movies were still funny to him. The marks of veins were a beauty trait, and the smile lines were the sexiest thing for him. He craved boiled cassavas. He watched football with elders. He read the dictionary in his break time. His collection of role models was not accustomed to the glimmer of spotlights. He delivered his admiration and jokes in a raw way and somehow, somehow it never sounded uncomfortable or cheeky. So, tell me, please tell me, what is more ambitious than pursuing what you love? So….
Maybe the world was too small for him. The minds of the sharpest took some time to download the immense humor of his jokes. His articles still carry hidden meanings for his language was too sophisticated to understand in one go. His life was so full that some mistook for being empty, and he was the master of its filling. His ideas too many to master, too loud to contain so he hid behind the imaginary to let their echo live on the web. Oh, the web of his mind! How can such a soft-spoken voice be so unbound? How can such a small body house such a gigantic soul and mind?
And maybe he would laugh at me reading these lines that the world was too small for him. He would definitely laugh at me! Then he would probably crack a joke or give me a compliment; because he was always ready to give a smile and an encouragement. Yeah, man that is what he did with his genius. Have you ever had that person who puts pressure on you by believing in you so much? Who finds thousand ways of validating you? I did! And he never ran out of ways. How could he with such creativity and imagination?
And I hope he left his passwords; I hope his family will share the treasures his laptop and notebooks enclose. I hope he will forgive us, his non-ready to publish, imperfect in his eyes, writings and thoughts are too advanced for us anyways.
I hope you forgive our tears; they might linger for some time because when your humor left us, tears became a little bit stronger…
Lily Ange Kaze
Chapeau l’artiste
Aujourd’hui, je me suis levé plus tôt que prévu. De tristesse? D’amertume? Groggy? “Se dit d’un boxeur très éprouvé par les coups de l’adversaire, mais encore debout”, indique le dictionnaire. Une pièce sombre et un écran d’ordinateur plus tard, je tente un récit. Qu’est-ce que les mots peuvent être perfides! Foisonnants lorsqu’il faut dire des inepties et fugitifs lorsqu’il faut raconter un être d’exception . Groggy.
Cédric est la plus lente des étoiles filantes. Sa démarche n’est qu’une illusion. Il est si nonchalant que l’on croirait qu’une limite de pas quotidiens pèse contre lui. Il n’a pas la nonchalance de ceux qui flânent. Mais celle de ceux qui n’ont pas besoin de gaspiller leurs jambes pour quitter un point A pour un point B puisqu’un livre suffirait pour les y amener. C’est le b.a-ba de tous les rats de bibliothèque.
Sa lenteur, une illusion. En réalité, Cédric vit à plusieurs kilomètres à l’heure. S’il ’arrive à votre rendez-vous à 9 heures du matin, il est probablement debout depuis 4 heures du matin. Ou alors il s’est couché à 3 heures du matin. S’il tarde d’envoyer un article pour édition, c’est qu’il a déjà déchiré plusieurs brouillons. Ou alors qu’il était inspiré pour trois autres articles, tous des bijoux.
Éditeur de textes pendant deux ans, je me retrouve souvent inutile devant la perfection de ses récits. Il sait rendre la vie à des sujets barbants. Là où la facilité suggère de livrer une parole d’expert indigeste, il sait contextualiser les choses, humaniser les acteurs. Impossible pour lui de rendre un article sans partager une bribe de lui-même, une once de sa vaste culture générale. D’une traite, il convoque d’illustres penseurs et écrivains comme on invite des amis de longue date. Il y a quelque chose de surréaliste à retrouver Paul Ekman, Stephen King, Richard Wright, Hannah Arendt et autres Thomas d’Aquin côte à côte dans un article d’un jeune de 27 ans. Cédric écrit avec les tripes, mais sans forcer, toute en élégance. C’est là tout son génie.
Il est plusieurs vies pour le prix d’une. Bibliophile, amateur du ballon rond, amoureux de la bonne musique, c’est un collectionneur d’expériences humaines doublé d’un conteur d’exception. Il sait se faire écouter sans élever la voix. A quoi bon, puisqu’il sait élever le débat? Il sait se faire entendre sans philosophie. A quoi bon, puisqu’il a l’humour pour allié? De petite taille, impossible pour lui de passer inaperçu. Son humilité, loin de le rendre discret, force l’admiration pour un être si jeune et pourtant si noble. Aux âmes bien nées…
Et pourtant! Loin de lui l’idée de se prendre au sérieux. Si la vie donne des coups, alors il s’est forgé une carapace: le sens de la répartie. Cédric est un pince-sans-rire qui vous tord de rire tandis que lui reste impassible, ses yeux minuscules logés derrière des lunettes juste assez fumées pour voir le monde sans trop se laisser voir par celui-ci. Il s’amuse de tout l’air de rien. Les hommes, leur vanité, leurs tabous, leurs religions, autant de sujets dans le répertoire à vannes du bon vivant qu’il est. Autant de sujets qui font objet d’étude pour l’anthropologue qu’il devient. Il s’amuse de tout, sérieusement.
Plusieurs heures que je suis dans cette pièce. Seul face au clavier, seul face au noir. A quelques reprises au cours de ce récit, il m’est arrivé de raconter Cédric au passé. J’ai vite fait de corriger cette hérésie. C’est que, même décédé, Cédric reste parmi nous. Il est passé du présent de l’indicatif au présent éternel.
Yves Irakoze
Cher Bahimpundu, genda ubahe impundu nabo !
Tu sais Bahi, depuis mars dernier, je rédige des petits messages d’appréciation aux personnes qui m’aident à tenir mes journées. Je leur lance mes fleurs avec des petites épines bien-sûr (fidèle à moi-même, comme tu aimais me taquiner). Et imagine que tu étais sur la liste ! Mon background de journaliste m’a influencé, j’attendais un bon prétexte pour te faire des éloges, mais cette fois-ci d’une manière un peu publique pas dans un message privé comme réplique à tes textes de compliments comme j’avais l’habitude de le faire.
Bahi, je te remercie déjà pour cet acte. Tu ne m’as pas seulement appris à aimer les compliments, mais aussi à les donner. De là ou tu es, sois fier de la “ femme forte” à laquelle tu as toujours transmis des ondes positives car elle a fini par les ramasser et les propager à ses environs.
Bahimpundu, tu n’étais pas un simple collègue, tu étais un ami, un frère, un conseiller, un assistant quand le travail pesait lourd. Tant qu’on y est, que deviendront les campagnes sans toi ? “Bahi ndakurungikiye document ushiremwo vya bifaransa vyawe”.
T’es un de ces amis on se texte pas tous les jours, mais on sait qu’on est là l’un pour l’autre. Cet ami qui me mettait la pression en me révélant des petits succès que je ne pourrais jamais voir. T’étais un de ces amis avec qui on parle des projets utopiques et des discussions réalistes sans faux-fuyants. De ces amis avec qui on se taquine avec beaucoup de respect… un trésor.
Oh, comment j’oublie ton humour. Je me souviens quand tu as commencé à m’appeler mabuja et moi comme je le faisais souvent, j’étais prête à t’expliquer pourquoi je n’aime pas l’appellation. À peine, j’avais fini avec mes explications, tu avais déjà ton plan B. Et sans toutefois me couper la parole, humblement et avec un ton humoristique “sawa Mama Mukuru !’’
Et quand tu revenais des reportages sur terrain dans les contrées ayant rencontré des femmes et d’autres groupes minoritaires, tu me disais “Nininahazwe, mvuye kuraba ba bantu bawe »…
Bahimpundu, j’écrirais des milliers de papiers pour toi, mais tu ne seras pas là pour me relire et enlever les petites coquilles que tu détestais tant. Et comme tu n’aimais pas la médiocrité, je ne vais et surtout ne veux pas te trahir donc je m’arrête par ici.
Mais attends un peu, j’ai une dernière chose à te dire !
Seule ta voix m’appela des noms par lesquels toi seul m’appelle. Elle va sûrement me manquer sinon tu m’avais déjà donné assez, je t’en remercie.
Merci pour tes messages forts et plein de conseils,
Merci pour les livres que tu m’as recommandés et les auteurs que tu m’as fait découvrir (“Nini, aka kantu mbona kajanye na vya bintu vyawe”)
Merci pour ta plume, tes analyses, poèmes, opinions, …
Bref, merci pour tout Bahi ! Tu avais fait plus que tu devrais faire à ton âge et je suis si fière de toi.
Les petits projets humanitaires dont on avait déjà discuté, j’essaierai d’en réaliser un centime tant que je respire l’air de ce monde, comme un honneur à toi Bahi ❤
Les anges ont aussi besoin de belles plumes – belle âme plutôt, genda ubahe impundu nabo !
Bella Lucia Nininahazwe
Cechou, promis ! Je continuerai à tirer mes balles
C’est la troisième fois que j’écris, et que j’efface. Il y a tellement à dire que je ne sais pas comment le dire. Tu mérites mieux que ces quelques phrases ramassées alors que j’essaie de naviguer dans cet océan de pleurs, mieux que ces vers gribouillés dans le noir, je me dis.
Si tu me voyais, je suis sûre que tu rirais, tu me dirais comme tu aimais le faire : « Wewe! Uri agapina jako. »
C’est bizarre de parler de toi au passé alors qu’il y a tant de choses qui me font sans cesser penser à toi. Tiens, commençons par Astérix et Obélix, je ne te parle même pas de ces auteurs que tu m’as fait découvrir et d’ailleurs le dernier roman de Fatou Diome que tu m’as donné, je le garde jalousement, puisque j’ai l’impression de t’avoir si près.
Luke Luke, tu m’avais surnommée, tu disais que j’avais le pouvoir d’impacter les gens autour de moi en laps de temps, tirer plus vite que mon ombre… Tu croyais encore qu’on pouvait changer le Burundi, qu’il suffisait juste de tirer nos balles. Peu à peu, j’ai commencé à y croire, tu faisais tout pour que j’y croie.
J’espère que là-haut, tu continueras à chanter les chansons de ta préférée Céline Dion, je ferais de même ici, plus particulièrement celle que tu aimais tant : « Je ne vous oublie pas », sinon à défaut on chantera du Goldman, mais plus important encore, il faudra continuer à briller, à tirer tes balles, il nous en faudra pour essayer de combler le vide que tu laisses.
Ella Iradukunda
Cher ami, Cédric !
J’ignorais, il y a une semaine, jour pour jour, alors que tu m’annonçais que tu étais convalescent, à Gitega, que c’était un au revoir que tu me laissais. Comment pouvais-je deviner, comment pouvais-je me douter que cette convalescence mettait fin, pas seulement à tes souffrances, mais à ton séjour parmi nous tout simplement ? Comment… alors que tu as réussi à garder ton humour, depuis ton lit, me taquinant sur l’un de mes statuts whatsapp ?
Cher Cédric, comment, comment, comment avons-nous pu te perdre ? Si jeune ! Si brillant ! Si bienveillant !
Merci pour ton amitié. Merci d’avoir été cette étoile que nous avons eu la chance de croiser. Une étoile filante, partie très tôt. Trop tôt ! Adieu l’ami !
Maxime Domagni
L’adage qui dit que « Intore ntiziramba » vient de prendre tout son sens pour moi. Tu laisses un vide incommensurable derrière toi, Cédric. Les larmes sécheront, mais ton absence se fera sentir indéfiniment.
En ce jour triste, je pense aussi à ta famille de sang. Quelqu’un a dit un jour : « Perdre un enfant est une tragédie qui ne finit jamais. » Mon cœur de maman saigne, car avant d’être « Cécé wacu », tu étais avant tout un fils et un frère. Je leur souhaite de trouver l’apaisement. Amajambo ni makene…
Merci. Pour tout.
Élodie Muco
À peine suis-je arrivée (à Yaga) que tu t’en es allé. Il semblerait que la chance ne soit pas de mon côté. « Wabonye injeni ya Yaga ? », m’a dit l’un de mes collègues quand nous sommes venus te voir sur ton lit de malade. Je ne te connaissais pas autant que les autres, mais j’ai pu te découvrir à travers chacune de tes douces remarques qui m’encourageaient à donner le meilleur de moi-même. J’aurais tant aimé te connaître, connaître cette personne étonnante qui savait allier intelligence et humilité. J’aurais aimé apprendre de toi, rire à tes blagues. Je regrette sincèrement de ne pas t’avoir mieux connu. Puisse-tu vivre heureux là-haut.
Sonia Nelly Keza
Cécé, tu restes toujours mon école !
Le matin du 27 juillet 2023, mon cœur est déchiré par une triste nouvelle : Bahimpundu n’est plus. Je ne suis pas parvenu à gérer la douleur. Pire, j’ai été appelé par la rédaction à rédiger très vite une petite bio du collègue que nous venions de perdre. Je l’ai fait les mains tremblantes. Bahimpundu, la faux du cruel destin s’est abattue sur toi à tes 28 ans. Saches que tu ne seras jamais éteint dans mon cœur, même si tu y laisses un vide.
Je n’oublierai jamais comment tu me couvrais souvent de compliments, tu m’encourageais au travail, tu me donnais des conseils et des remarques en cas de besoin. Je m’améliorais grâce à ton travail qui inspire plus d’un. Tu m’avais promis de m’apprendre des choses, mais à travers tes œuvres qui parlent d’eux même, je vais apprendre. Je garde jalousement les livres que tu m’as offerts et je continue à les lire.
Wiruhukire amahoro !
Hervé Irankunda
Cher Bahimpundu ou Bartra comme on se surnommait, lors de la finale de la Copa del Rey en 2014, le joueur barcelonais Marc Bartra s’est fait surprendre par un certain Gareth Bale, rapide comme un éclair, qui l’a déposé pour marquer un but d’anthologie.
Quand on a échangé sur nos rêves, tu t’es inspiré de cette finale, en me glissant une petite phrase « ntuzobe nka Bartra ».
Comme quoi il me faudra toujours tenir le coup afin de bien défendre et batailler dur pour la réalisation de mes rêves. Je m’accroche toujours Bartra
Ça va me manquer nos discussions sur le football, tes piques envers le pauvre fan de Leicester city que je suis et ton humour sur ma vie, me manqueront mais pas que.
Mon cœur est brisé parce qu’on s’était convenu que, au sortir de l’hôpital, je serai ton médecin privé. Nous nous sommes même mis d’accord sur les molécules que tu prendrais pour stimuler ton appétit pour la nourriture qui te faisait tant défaut.
Je me souviens du tout dernier message que tu m’as envoyé où tu disais (en taquinant toujours) que tu étais même prêt à boire « n’umubirizi » si ça en vaut la peine. Et Dieu, souverain qu’Il est, en avait voulu autrement.
Tu pars si jeune, mais en grand homme.Comme dit ton ami Guillaume Muhoza, arahomvye umuntu witavye Imana, mutarahura.
Repose en paix frérot.
Landry Rukundo
Mon cher Cédric,
Je te connaissais depuis 2012. On s’est croisé pour la première fois en adversaires lors des tournois de « génies en herbes ». Ton équipe a vaincu la mienne, et vous le méritiez. Mais ton fair-play après le match était incomparable. Tu nous a rassemblés tous et nous avons voulu fonder la troupe théâtrale « la fontaine » et un journal « Oasis du centre ». Lors de nos petites réunions de rédaction, tu avais toujours des idées plus claires que nous, et un esprit d’analyse critique qui dépassait notre entendement. Le tout dans un discernement et une vision du monde propre à toi. On a été rapproché par le fait que tous les deux nous n’aimions pas les discussions centrées sur les discriminations ethniques. Tu savais que tu pouvais être à l’aise avec moi. C’est de là qu’est née notre amitié.
Tu me disais que j’étais l’ange providence des amis que nous avions en commun, mais par contre c’est toi qui méritais ces compliments. Tu voulais qu’on avance tous ensemble.
Au vue de l’intelligence et des connaissances que tu avais, tu aurais pu être arrogant, mais tu as toujours su garder l’équilibre entre l’intelligence, l’humanité et l’humilité. Quand il me devenait difficile de sortir de ma zone de confort, tu me disais toujours » il y a toujours une première fois à toute chose » , » tout s’apprend », » tu peux le faire ». Et cela me rassurait énormement, surtout quand je manquais de confiance en moi. Ça m’a poussé à voir le côté positif de la vie, et je te le dois. De là-haut, saches que je continue à m’améliorer chaque jour grâce à tes conseils. J’essaie de suivre tes pas. Ton départ m’a causé une énorme douleur. Je n’arrive toujours pas à retenir mes larmes. J’espérais tellement te revoir guéri. J’avais tellement de choses à apprendre de toi, comme tu me l’avais promis. Toutefois, je remercie le ciel d’avoir fait que nos chemins se croisent.
Merci d’avoir été mon ami, mon frère. Merci d’avoir été cet ange gardien qui me poussait à aller de l’avant et à donner au monde la meilleure version de moi-même.
Repose en paix mon ami.
Ange Providence
Un modèle de vie pour la vie
Je ne saurais décrire le (s) sentiment (s) qui m’habite (nt) depuis ce soir où la mauvaise nouvelle nous est tous tombé dessus tel un couperet!
Le déni des premiers instants: pas toi Cédric, pas si tôt!, me murmurais-je.
Puis le questionnement: qu’est-ce qui est arrivé ? Je ne parviens pas à comprendre. De loin, le médecin en moi se retrouve à poser des questions pour savoir ce qui s’est passé. De quoi souffrait-il au juste ? Un diagnostic ? Quel traitement avait-il réçu ?
Puis vient le moment de la constatation du fait que je ne parvenais /parviens encore pas à croire.
Alors que dire quand il y a beaucoup à dire mais qu’on ne trouve pas les mots justes pour l’accoucher sur papier ou sur clavier, ces mots qui t’étaient pourtant si chers cher Cédric ?
Par où commencer pour parler de ta personnalité unique et singulière ?
Peut-être par ton semblant de légèreté qui cachait bien une profondeur sans commune mesure ? D’ailleurs, les mots, les métaphores qui habitaient ton langage donnaient un ton et une signification bien au delà des simples mots.
Ou peut-être par ta facilité de contact humain et d’adaptation où ton allure mi-blagueur mi-serieux te donnait un charme et un accès facile au gens ? Comme ce soir où nous nous retrouvons au fin fond du Gishubi à la quête d’infos, sans réel contact à notre disposition, mais que tu glannes une source, comme on dit dans le jargon, en un clignement d’oeil même dans un lieu “inconnu jusqu’alors”.
Ou alors par ta critique de ceux qui voudraient s’ériger en “modèles de la bienpensance” tout en feignant de bien cacher leur hypocrisie ? La “guerre” entre les utilisateurs des différents reseaux sociaux, l’éthnie ou en fait son usage par ceux qui veulent en profiter, et je ne sais plus encore. “Vaudrait mieux être authentique qu’hypocrite”, tu disais! J’en rajouterai-pas.
Les modèles justement. Qui d’autre pour plaider pour notre Kirundi comme tu le faisais ? Pour plaider l’érection de nos intellectuels et autres écrivains Burundais au rang de modèles dans nos écoles, avec des récits décrivant “des paysages, des gens qui nous ressemblent…” comme tu l’écrivais ? Ou encore pour nous faire découvrir ces faits de notre histoire que d’aucuns ignoraient et j’en passe ? Et tout cela avec un mot juste, le verbe à la perfection, ton esprit si large et ta mémoire si pleine aidant !
Au finish, je ne me retrouve pas. Plus de questionnements que de réponses face à tout cet espoir que tu représentais et incarnais. Mais une chose est sûre : tu auras été ce mélange d’intelligence, d’humour et d’humilité qui semblent rarement faire bon ménage ces derniers temps. Mais toi, tu auras montré que c’était possible. Un vrai modèle.
Alors, vas briller à l’au-délà et continue de marquer de ton empreinte là où tu es, comme t’as su bien le faire ici.
Till we meet again Bahimpundu !
Blaise Migabo
Chèr Bahimpundu, tu es parti si tôt mais je suis convaincu que tu as bien accompli ta mission sur Terre et que tu es assis à la droite du Très Haut et que tu veuilles sur moi, de loin comme tu le faisais toujours quand j’étais à court d’idée ou d’orientation. Le chagrin que ta disparition me laisse sera effacé progressivement par la chance que j’avais eu de t’avoir comme ami, tes blagues, la façon dont on se taquinait, le partage du repas, de Gitega à Bwiza en passant par le Campus Mutanga et j’en passe, ta personnalité restera toujours gravé dans mon coeur et me guidera partout.
Intore ntiramba. Akira impundu y’abo usize, wakirizwe iyindi iyo ugiye.
Rest in Eternal Peace Cédric
Richard Nininahazwe
Il est rare que je lise une jeune personne, burundaise qui plus est, et que je tombe littéralement amoureuse de la richesse et de la finesse de sa plume sur le champ. Et pourtant, Dieu seul sait combien je veux en lire plusieurs, aussi souvent que possible et aussi longtemps que je vivrai. Bahimpundu fut de ces as des lettres qui émerveillaient mon petit esprit avide de mots et de tournures plus ou moins rocambolesques à chaque coup de plume.
Mon admiration voit doucement le jour où je commence à reconnaître la signature en haut de page, à chaque lecture sur Yaga. Je commence même à parier intérieurement que c’est lui qui a écrit un billet avant de le finir. Je vais même jusqu’à deviner son identité dans certains des textes qu’il publie sous un de ses multiples pseudos, tellement le style me semble familier à force de le lire. Il y avait dans ses textes une touche singulière, fine, savante, subtile et si raffinée. Et encore là, je trouve que les mots restent pauvres face à la beauté de ce que je lisais à chaque fois.
Peut-être suis-je une groupie me direz-vous, et au fond s’il faut être une groupie de l’une des meilleures plumes que notre pays aura connu, alors oui je veux bien être nommée ainsi. Faites-moi cet honneur. En décembre 2021, une de mes amies, amoureuse des lettres et poétesse comme moi, fut recrutée à Yaga et remarqua mon engouement pour les textes de son collègue (c’était obligé, je ne faisais que ramener ses billets dans notre groupe whatsapp et chantais l’originalité de ses écrits à chaque publication).
C’est à partir de ce moment que le nom Bahimpundu devint l’un des sujets de conversation fréquents dans notre groupe whatsapp: sa culture prodigieuse, son humour, sa bonté, sa légendaire répartie, sa polyvalence, son art de la satire. Nous ne tarissions pas d’éloges à son égard. Il écrivait avec une dextérité et un sens des détails exacerbés. Quel que soit le sujet abordé, il maniait la langue de la plus noble des manières et en faisait un récit exquis. Ses articles devinrent rapidement mes préférés: je disséquais le moindre jeu de mots, passais au microscope la moindre référence subtile, passais de longues minutes dans le dictionnaire pour ne rien rater de son vocabulaire, riais aux multiples tournures humoristiques dont lui seul avait le secret. Je ne vous cacherai pas que bien souvent, je pouvais me retrouver à les lire à haute voix, pour ressentir le ton enjoué de son auteur et me faire transporter dans la réalité brute des faits racontés.
Ma plus grande fierté aura été de l’avoir lu, et d’avoir su qu’il me lisait parfois également. Ma plus grande confusion aura été d’avoir été témoin de son immense humilité et de sa perpétuelle recherche de la perfection: avec lui, un simple tweet d’introduction pouvait devenir une véritable œuvre d’art linguistique (oui je le sais parce que j’étais devenue un véritable détecteur du style Bahimpundu). Ma plus grande joie aura été de lui avoir fait connaître mon admiration, d’avoir pu entendre parler de lui, de près ou de loin, et d’avoir décelé dans chaque témoignage une admiration et une estime sans nom, autant de son vivant qu’aujourd’hui.
Au lendemain de la triste nouvelle, l’humeur est sombre, la peine est immense, le déni s’installe et les cœurs sont déchirés. Mais les hommages affluent par centaines car il aura fallu juste 28 ans à Bahimpundu pour illuminer la vie de plusieurs âmes, les proches comme les inconnus. Comme le disait si bien Pierre Corneille, aux âmes bien nées, la valeur n’attend point le nombre des années.
Cher Bahimpundu, merci d’avoir vécu. Merci d’avoir soufflé ton art, ton humanité et ton génie autour de toi.
Gretta Dushime
I’ll tell you all about it when I see you again
Cher Cédric, ça fait des jours que je voulais t’écrire… mais les mots ne venaient pas. Quand je lisais les hommages de nos collègues, je me demandais ce qui clochait avec ma plume, mais je ne trouvais pas. À un moment, j’ai cru que je ne savais plus écrire man. Je te jure, à un moment, je me suis dit que ataco ngisigaranye musi y’umushatsi comme tu disais de quelqu’un qui tenait des propos qui feraient croire qu’il avait été plus rapide que l’intelligence.
Man, le déclic pour écrire uyu musi je l’ai tiré de la dernière conversation qu’on a eu toi et moi.
Tu sais, aujourd’hui je suis allé à ton bureau. Une de tes collègues avait des soucis avec son ordinateur. Quand j’ai pris et allumé ce dernier, il fonctionnait comme si de rien n’était. Ça m’a ramené direct à ce jour où ton téléphone faisait le malin en te refusant d’accéder aux plateformes que tu gérais avec tant de diligence. Tu me contacta pour me demander de l’aide et je t’envoyai un petit son pour te dire comment procéder, ce qui marcha évidemment. Tu me diras ce jour ngo: « Ivyuma birakugamburukira cane. Irambire ».
Cécé, aujourd’hui je ne pleure pas. Je choisi de te célébrer. Je choisis de célébrer cette courte vie qui fut la tienne mais qui toucha un très grand nombre de cœurs qui, aujourd’hui, accueillent différemment ton départ.
Mais bien sûr . Les émotions sont différentes selon qui les ressent, parce que tu es plein de choses pour plein de personnes. Moi , je suis de ceux qui te célèbrent parce qu’on a partagé des moments merveilleux ensemble.
Cécé, il est vrai qu’on ne va plus émincer Maurice, comme on le fit à Kirundo, Landry Rukundo s’en souvient, mais Ced, crois-moi sur parole, je vais en émincer pas mal en ton honneur. Et quand on se reverra, j’aurais plein d’anecdotes à te raconter man. Et je sais qu’avec ta plume et ton sens du détail, tu m’en raconteras plein.
Mbega tu te souviens de ce jour où on a dépassé un camion de la Brarudi et après un long silence tu nous a fait part de cette réflexion qui restera légendaire dans nos souvenirs ? Tu nous as demandé ngo: « Mbega nk’aha iyo kirya gi camion kiturwako, abantu bovuga ko twishwe n’inzoga? ». Mais mon frère, comment as-tu pu penser à ça vraiment ? Erega j’en rigole jusqu’à maintenant 😃. Tu me pardonneras d’avoir omis de dire que depuis lors j’ai peur de dépasser un camion chargé de la sainte mousse.
Ced, comme aujourd’hui la terre de tes ancêtres t’accueille, je te promets de continuer à apprendre afin que « ivyuma bibandanya kungamburukira » pour que d’autres en profitent.
Maintenant que nous avons un centre qui porte ton nom, nous essaierons autant que faire se peut d’empêcher que les enfants du pays « bakura ataco bafise musi y’umushatsi », comme tu disais.
Cher Bahimpundu, uyu musi ndagukurikije impundu kuko nta kindi kikubereye atari uguhabwa impundu naho inkumbu n’ibigumbagumba vyuzuye imitima y’abagukunda.
Ruhuka amahoro muvukanyi.
Idriss Muhoza