Dans de nombreux foyers burundais, les médicaments périmés ou non inutilisés s’entassent dans les armoires, souvent sans surveillance. Mal conservés ou jetés n’importe comment, ils deviennent une menace silencieuse pour la santé et l’environnement. Pourtant, des gestes simples peuvent éviter le pire.
Dans les ménages burundais, il n’est pas rare de trouver des armoires remplies de médicaments : sirops pour enfants, comprimés de paracétamol, doliprane, ibuprofène ou encore, des antibiotiques prescrits puis abandonnés. Ces produits s’entassent sans suivi ni contrôle. Beaucoup sont périmés, d’autres encore valides mais inutilisés. Cette accumulation témoigne d’une gestion domestique inappropriée des médicaments, source de risques souvent ignorés.
Selon des observations de terrain et des entretiens menés dans le district nord de la mairie de Bujumbura par l’Association des professionnels en art pharmaceutique du Burundi (APRAPHABU), « quatre ménages sur cinq possèdent des médicaments hors d’usage, stockés sans précaution ». Cette réalité soulève de sérieuses inquiétudes : risques d’automédication, d’intoxication et surtout d’impact environnemental lié à une mauvaise élimination, comme le souligne le pharmacien Rénovât Girukwishaka, vice-président de l’APRAPHABU.
Un danger pour la nature… et pour les êtres vivants
Le pharmacien interrogé rappelle qu’il est strictement interdit de jeter les médicaments à la poubelle, dans les toilettes ou dans l’évier. De telles pratiques peuvent contaminer les sols, les rivières et les nappes phréatiques. Résultat : les résidus médicamenteux pénètrent dans la chaîne alimentaire, mettant en péril la santé humaine, la faune et la flore.
Les principaux risques identifiés
Les risques sont bien évidemment multiples. On citerait notamment :
-La pollution de l’eau : les médicaments jetés avec les ordures ménagères ou dans les toilettes peuvent finir dans les eaux usées, contaminant rivières, lacs et nappes phréatiques.
-La résistance aux antimicrobiens : les antibiotiques mal éliminés favorisent l’émergence de bactéries résistantes, rendant certaines infections plus difficiles, voire impossibles à traiter.
-L’intoxication accidentelle : des enfants ou des animaux domestiques peuvent ingérer des médicaments mal stockés ou jetés n’importe où, avec des conséquences graves pour leur santé.
Un réglementaire muet
À ce jour, le Burundi ne dispose pas d’un système structuré pour le retour et la destruction des médicaments périmés issus des ménages. Une étude de l’ABUCO menée en 2018 révèle que seuls les médicaments périmés provenant des structures pharmaceutiques (districts sanitaires ou pharmacies publiques et privées) sont collectés et détruits périodiquement par les services compétents.
Consciente de ce vide laissé par les pouvoirs publics, l’APRAPHABU a lancé des campagnes de collecte de médicaments périmés ou hors d’usage dans les foyers. Bien que ponctuelles mais malheureusement limitées, ces initiatives représentent une réponse à un problème souvent passé sous silence.
Comment bien gérer les médicaments à la maison ?
Pour une gestion responsable des médicaments au sein des ménages, le pharmacien Rénovat Girukwishaka recommande de suivre ces bonnes pratiques :
-Conserver les médicaments dans un endroit frais, sec, à l’abri de la lumière et hors de portée des enfants.
-Ne jamais partager un médicament, même s’il semble anodin.
-Respecter scrupuleusement la durée du traitement prescrit, sans l’interrompre prématurément.
-Ne jamais jeter les médicaments dans la nature ou avec les déchets ménagers.
-Rapporter, si possible, les médicaments périmés dans les pharmacies ou aux autorités sanitaires pour destruction.
Il souligne également qu’il est essentiel de n’acheter que la quantité prescrite par le médecin afin d’éviter les restes inutiles, et de sensibiliser son entourage à l’importance d’une élimination correcte. Une telle gestion responsable contribue à protéger à la fois l’environnement et la santé humaine.