Perchée sur les hauteurs de Bujumbura, la montagne de Kiriri, affectueusement surnommée « Kw’i Koreji », est bien plus qu’un simple lieu de sport. C’est un véritable centre de remise en forme à ciel ouvert, où se mêlent passion, courage et énergie positive. Chaque jour, à l’aube comme au coucher du soleil, des centaines de personnes de tous âges s’y retrouvent pour entretenir leur corps, apaiser leur esprit et partager une ambiance unique. Là-bas, la motivation est contagieuse. Un blogueur fasciné par le phénomène raconte.
Lorsque j’habitais à Nyakabiga, j’avais pris l’habitude de monter à Kiriri à 5h30 du matin ou vers 18h30, après le travail. Très vite, ce rendez-vous est devenu bien plus qu’une simple activité physique : une véritable culture. Le lieu déborde d’énergie. On y croise des coureurs déterminés, des cyclistes audacieux, des amateurs de musculation improvisée, et même ceux qui viennent simplement s’imprégner de cette atmosphère stimulante. À Kiriri, personne n’est laissé de côté : l’encouragement est collectif, et l’esprit d’équipe transforme l’effort en plaisir.
Quand la marche devient une école de vie
«J’ai commencé la marche il y a plusieurs années, dans le seul but de perdre du poids. Mais avec le temps, ce que j’ai gagné a été bien plus précieux que ce que j’ai perdu. Ma confiance en moi s’est renforcée, mon mental s’est transformé. Je suis devenue plus patiente, plus tolérante, capable de pardonner et surtout, de lâcher prise. La marche est devenue mon moment à moi, un me-time d’environ une heure, durant lequel je me ressource, je respire, je réfléchis et je laisse venir les bonnes pensées. » Confie B.N, une amoureuse de la marche.
Selon elle, ce sport demande de la volonté, de l’engagement et surtout de la constance. Mais ses bienfaits se reflètent dans tous les aspects de la vie : physique, mental, émotionnel et spirituel.
« Alors, à ceux qui hésitent, qui se disent fatigués ou trop occupés, je dis simplement : essaie, et tu comprendras. Car au fond, ce n’est pas qu’une activité physique : c’est une véritable thérapie du corps et de l’esprit ». Conseille-t-elle.
Un remède naturel et sans effets secondaires
Dans un monde où l’obésité, le diabète et l’hypertension gagnent du terrain, le sport apparaît comme le meilleur médicament naturel. Pas besoin d’ordonnance, aucun effet secondaire, juste un peu de volonté et de persévérance. Les coachs de Kiriri aiment le rappeler avec humour : « Genda urabe mu bitaro, niho uzotahura igituma kwinyagaza bikenewe ! » (Va voir ceux qui sont à l’hôpital, tu comprendras pourquoi bouger est vital !) Le message est clair : mieux vaut transpirer aujourd’hui que souffrir demain. Certains montent à Kiriri sur recommandation médicale. Leur médecin leur a simplement dit : « Bougez, marchez, courez. » Et souvent, ce qui était au départ une contrainte devient un véritable plaisir.
Une dépendance saine et une thérapie collective
Je l’avoue, lorsque je passe plusieurs jours sans gravir Kiriri, quelque chose me manque. L’ambiance, les sourires, les défis, les coachs charismatiques… tout cela crée une dépendance positive. Parmi ces sportifs, je me souviens d’un coach singulier, toujours prompt à lancer, sur un ton à la fois provocateur et motivant, des phrases marquantes comme : « Kura izo nka zibarimwo ! » (Fais sortir la vache qui sommeille en toi !) Une formule à la fois drôle et stimulante, destinée à pousser chacun à se dépasser, quelle que soit sa taille ou son niveau. Kiriri n’est pas qu’une montagne. C’est une salle de sport à ciel ouvert, un lieu de rencontre, une thérapie gratuite. On y vient pour transpirer, mais on en repart apaisé, fier et rempli d’énergie positive. Le sport, ici, est un remède gratuit, d’une efficacité rare, une addiction saine pour le corps et l’esprit.