La semaine dernière s’est terminée sur une note tragique : un incendie a ravagé le bistrot Win Club, emportant la vie d’une personne et transformant tout ce qui s’y trouvait en cendres. Ces derniers jours, des incidents de ce genre se multiplient. Il est temps que des mesures concrètes soient prises.
Il est presque 13h, au cœur de Bujumbura. Le boulevard de l’Uprona est submergé par une foule inquiète. Dans la voiture avec trois collègues, nous sommes pris dans une atmosphère d’angoisse collective. Depuis T2000, une fumée noire obscurcit le ciel, près de la Clinique de l’œil et derrière le siège du Magazine Jimbere. Le bistrot Win Club est en train de partir en fumée.
À notre arrivée, une tension palpable règne parmi les employés des bâtiments voisins. Les travailleurs d’une pharmacie voisine s’activent, le regard inquiet. Ils tentent de sauver leurs biens. Nos collègues du Magazine Jimbere peinent à assembler leur matériel, terrorisés à l’idée que les flammes ne se propagent à leurs bureaux. Trois camions citernes de lutte contre l’incendie sont mis à contribution. Les agents de la police anti-incendie sont mis à rude épreuve contre ce qui ressemble à un déferlement de flammes. Leur vaillance semble insuffisante face à la colère des flammes.
Nous nous frayons un chemin à travers la foule, avec une curiosité mêlée d’inquiétude. Chaque pas nous entraîne plus profondément dans une scène de désolation. Le toit du bistrot Win Club s’est transformé en une toile de papier brûlé. Les matériaux à l’intérieur sont réduits en cendres. Les embouteillages de voitures et le va-et-vient des personnes contribuent à créer une atmosphère lourde, empreinte d’angoisse et de tristesse.
Le bilan humain de l’incendie est sur toutes les lèvres et fait objet de toutes les spéculations. Les murmures évoquent un homme brûlé à l’intérieur. Mais aucune précision ni sur son identité ni sur les circonstances de son décès. Puis, la confirmation arrive, glaciale. Elle viendra du directeur de la Plateforme Nationale de Prévention des Risques et Gestion des catastrophes qui en est le héraut. Lors d’un point de presse, le visage marqué par l’émotion, Anicet Nibaruta raconte comment le patron de la victime l’avait contacté pour lui révéler l’emplacement de l’argent. Dans un élan d’héroïsme, l’homme était entré à l’intérieur pour sauver les billets de son patron. C’est là que le feu l’a surpris, mettant brutalement fin à sa vie.
Les incendies, jusqu’à quand ?
Au début de septembre, le feu a éclaté dans l’aile Est du marché de Kamenge. Là aussi, les rêves et les espoirs des commerçants ont été ravagés. À peine quelques jours auparavant, un incendie au marché Ku Kabasazi, au cœur du quartier de Mutanga Nord, a détruit des objets de menuiserie d’une valeur estimée à 10 milliards de francs burundais. À la fin du mois d’août dernier, l’immeuble Africana House, près de l’hémicycle de Kigobe, a également été l’objet d’un incendie. Dans la nuit du 12 août, un atelier de menuiserie a été englouti par un autre incendie, emportant avec lui plus de cinq kiosques en bois. Ce n’est pas tout :deux mois plus tôt, un incendie avait déjà ravagé le bureau du district sanitaire de Nyanza Lac. Quatre blocs administratifs, des ordinateurs, des outils essentiels à la vie de la communauté de cette localité ont été anéantis.
Le bilan de tous les incendies survenus entre juin et septembre reste incertain. Dans la plupart des cas, les causes demeurent un mystère mais des problèmes électriques sont régulièrement épinglés. Une question me hante : la Regideso est-elle consciente de l’urgence de réévaluer les installations électriques ? Cette question mérite notre attention, car les ravages des incendies se multiplient, et à chaque jour qui passe, la peur s’installe un peu plus dans le cœur des habitants.
Bien sûr, le risque zéro n’existe pas. Mais lorsque des drames se répètent inlassablement, il devient impossible de céder à la fatalité.
La Regideso, en collaboration avec la Plateforme Nationale de Prévention des Risques et Gestion des catastrophes, devraient prendre leurs responsabilités. Il est impératif que ces deux institutions prennent en main l’inspection des installations dans chaque foyer, car chaque vie en dépend. Il est tout aussi important d’exiger et de vérifier la présence des équipements de lutte contre les incendies, en particulier dans des lieux publics. C’est une question de sécurité nationale comme une autre.
Savez-vous qu’il y a des personnes d’origine burundaise qui se sont spécialisées en matière de sécurité incendie qui pourraient donner un coup de main en matière de formation ?