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Biberonner les enfants à l’idéologie politique : bon ou mauvais ?

Est-il pertinent d’embrigader les enfants en bas âge dans les partis politiques ? S’il faut déjà être prudent avec les jeunes qui militent dans des formations politiques pour qu’ils ne compromettent pas leur avenir, ne faudrait-il pas l’être encore plus avec les enfants ? Voyons ce qu’en pensent les parents…

Une fois encore, les  images des enfants, ‘’ibiswi vy’inkona’’ (les aiglons), portant des tuniques du parti au pouvoir ont fait le tour des réseaux sociaux. C’était lors de la troisième édition de la journée dédiée au patriotisme qui a récemment été célébrée en grande pompe. Certains internautes se sont inquiétés pour ces enfants impliqués dans les activités des partis politiques alors qu’ils sont encore en bas âge. Bon ou mauvais ? Les avis des parents sont partagés.

Adeline, la quarantaine, habitant la zone urbaine de Nyakabiga, est mère de 3 enfants. Sans appartenance politique, elle s’insurge contre cette pratique : « Je ne laisserai jamais mes enfants être manipulés par des politiciens. Nous sommes en pleine période d’examens pour la fin de l’année scolaire. Je ne saurai comment qualifier un parent qui envoie ses enfants dans des activités politiques »

Pour cet autre parent membre du parti de l’aigle, sous anonymat, c’est plutôt normal que son enfant participe au défilé organisé par son parti. « C’est vrai, c’est en période d’examens, mais mon fils participe au défilé préparatoire après avoir revu ses cours et  fait ses devoirs. Je pense que cela n’aura pas de conséquences  sur ses résultats de fin d’année scolaire. Qu’il connaisse certains concepts et chansons de mon parti, quoi d’anormal ! »

Par ailleurs, justifie ce parent, sous l’ancien parti unique, des écoliers chantaient, défilaient et portaient des bérets de pionniers appartenant à l’Uprona : « Cela ne les a pas empêchés de réussir. Ce n’est pas aujourd’hui qu’on dira que nos enfants sont politisés »

La place de l’enfant est à l’école 

Antoine Manuma Président de la Fédération nationale des syndicats du secteur de l’enseignement et de l’éducation du Burundi, trouve que les enfants subissent différentes formes d’exploitation, dans notre pays. « Il y en qui sont victimes de travail abusif ou sont parfois sexuellement abusés. D’autres sont utilisés dans des activités politiques en participant dans les festivités. C’est un phénomène qui était déjà observé à l’époque du parti unique. Mais à l’ère du multipartisme, de tels agissements n’ont pas de place. Les politiciens devraient respecter les droits humains, y compris les droits des enfants. Notre pays a ratifié la convention internationale relative aux droits des enfants  », indique-t-il. 

Pour lui, les mineurs n’étant pas capables de discerner les idéologies politiques, ils doivent être préservés car la lutte pour le pouvoir ne les concerne pas à leur âge. Leur place se trouve à l’école pour la préparation de leur avenir et celle de la Nation.     

 Et la loi dans tout ça ? 

L’article 7 de la loi de septembre 2011 portant révision de la loi de juin 2003 sur l’organisation et fonctionnement des partis politiques est clair, rappelle Gabriel  Banzawitonde président du parti APDR : « Tout Burundais ayant l’âge de 18 ans  révolus et jouissant de ses droits civils et politiques peut adhérer à un parti politique. Cette adhésion est libre et individuelle ».  

De quoi laisser penser que les écoliers devraient se concentrer plus sur leurs études et surtout en période d’examens. Qu’un parent soit membre d’un parti politique ou d’un autre, c’est son droit le plus absolu. Mais, il serait prudent de ne pas impliquer leurs rejetons. D’autant plus qu’ils auront le plein droit de devenir politiquement actifs quand ils deviendront majeurs.

 

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