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Clap de fin pour le Burundi à la tête de l’EAC, quel bilan ?

Successeur du président kenyan, Uhuru Kenyatta, le président burundais Evariste Ndayishimiye, détenait le bâton de commandement de l’EAC depuis le 22 juillet 2022. C’est lors du 23è Sommet ordinaire des Chefs d’Etat de la Communauté des Etats d’Afrique de l’Est (EAC), qui s’est tenu à Arusha ce 24 novembre 2023 qu’il a passé le témoin à Salva Kiir, président sud-soudanais. 1 an après, quels défis relevés ?

Juillet 2022. La sous-région est en pleine crise diplomatique entre voisins. Les frontières du Burundi et du Rwanda sont toujours fermées. La RDC accuse le Rwanda de soutenir le mouvement rebelle M23 qui attaque l’Est de la RDC. Propos soutenus par les Etats-Unis, certains pays occidentaux ainsi que des experts indépendants de l’ONU. La sécurité est alors la priorité numéro un du Chef d’Etat burundais lors de son accession à la tête de l’EAC. 

« Pour créer un environnement commercial stable et améliorer la vie des Africains de l’Est, nous continuerons à renforcer la paix régionale, la sécurité, la responsabilité politique, la bonne gouvernance et à institutionnaliser les mécanismes d’intervention d’urgence de l’EAC. », souligne Evariste Ndayishimiye dans son discours d’investiture à la tête de l’EAC. 

Une entrée triomphale

Au menu d’entrée, le président burundais Evariste Ndayishimiye nous propose l’amélioration du niveau de vie des populations de l’EAC à travers une compétitivité accrue. Il veut aussi accroître la production et le commerce et promouvoir les investissements. 3 mois seulement après son accession à la tête de l’EAC, Evariste Ndayishimiye fait un pas et ouvre officiellement les frontières du Burundi avec le Rwanda. Cela faisait à peu près 7 ans que ces frontières étaient fermées. 

Le 4 février 2023. Bujumbura brille. Il accueille le 20è sommet des Chefs d’Etats membres de l’EAC.  Kagame, président rwandais, vole la vedette à tous ses homologues. Sa venue au Burundi fait la une des médias locaux. Sa dernière visite datait de 2013. Sa photo sur une pancarte du boulevard Mwezi Gisabo est une anomalie à Bujumbura. La situation de la RDC est le sujet de cette réunion. Le 21è sommet aussi sera accueilli par Bujumbura, mais cette fois-ci moins brillant que le 20ème. 

En visite au Burundi en mai 2023, António Guterres, secrétaire général de l’ONU, avait salué le rôle du Burundi dans les initiatives régionales pour la paix à l’Est de la RDC. « Je tiens aussi à saluer le rôle positif du Burundi dans la région et surtout les efforts entrepris par le président burundais en sa qualité de président en exercice de la communauté de l’Afrique de l’Est », avait-il déclaré lors de son passage à Bujumbura. 

RDC ou talon d’Achille de Neva 

Alors que Kinshasa n’a jamais cessé d’accuser le Rwanda de soutenir les rebelles M23, l’approche du président burundais était un peu plus neutre. « Travaillez sachant que le même Satan qui vous incite à vous entredéchirer au lieu de gérer ensemble ce bon gâteau que le bon Dieu vous a offert comme des frères, ne servira qu’à vous apporter des ennuis en vous amenant des rapaces qui ne viendront que pour vous piller. », avait-il averti dans son discours à l’occasion du lancement de la 3ème session des consultations politiques du processus de Nairobi le 28 novembre 2022.

Dans le cadre de la Force régionale de l’EAC, le Burundi a officiellement déployé un bataillon dans le Nord Kivu pour restaurer la paix dans l’est de la RDC, région connue pour ses divers groupes armés. Néanmoins, le Burundi quitte la tête de l’EAC pendant que son armée est accusée de jouer un double jeu. Selon certaines rumeurs, le Burundi aurait déployé secrètement d’autres bataillons dans le Nord-Kivu qui combattraient en tenue des FARDC (Forces armées de la République démocratique du Congo). Malgré toutes ces accusations, aucune source officielle de Gitega ne s’est encore exprimée sur la question. 

Dans le 23ème Sommet ordinaire de l’EAC tenu à Arusha en Tanzanie, Kinshasa a défendu son désir de mettre fin au mandat de la force régionale de l’EAC vivement critiquée pour son inefficacité. « Le sommet a noté que la RDC ne prolongera pas le mandat de la force régionale de l’EAC au-delà du 8 décembre »,  précise le communiqué du 23ème Sommet ordinaire de l’EAC. Kinshasa reproche cette armée régionale de ne pas contraindre les rebelles à déposer les armes.

Neva aussi quitte la tête de l’EAC laissant le Burundi avec la mention « mauvais payeur de la contribution à l’EAC » ainsi que son successeur, le Sud Soudan, qui lui s’est quand même acquitté de sa dette avant d’accéder à la présidence.

 

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