Chorale Saint-Dominique, un concert digne des 25 ans au top

Dimanche 27 août, la chorale Saint-Dominique soufflait ses 25 bougies. Un événement qui a vu la participation de plus de 4000 personnes, toutes générations confondues. Un blogueur y était et il ne tarit pas d’éloges. 

Avant toute chose, je tiens à préciser que ce n’est pas une publicité, ce n’est que mon humble opinion. Ce serait disgracieux de la part d’un auteur d’inciter ceux qui le lisent à faire quelque chose contre leur gré. Alors dans cette affaire, vous serez juges, membres du jury et bourreaux. 

Je suis né dans une famille catholique, et comme la plupart des enfants nés dans ce genre de conditions, j’allais à la messe que je le veuille ou non. Que les parents soient pratiquants ou pas, là n’était pas la question, je devais y aller. Durant plusieurs années, dans ce chemin vers une absolution de mes péchés, une chanson m’est restée dans la tête. Bizarre que tout ce que j’ai retenu de l’église catholique soient quelques chansons, mais c’est ce qu’on gagne quand on n’a pas le choix hein ! 

Pour faire court, cette chanson est « Shima », de la chorale Saint-Dominique.  Grâce à la divinité qui offre de quoi écrire à un écrivain, je me suis retrouvé dans le concert Intahe de la chorale Saint-Dominique. Parmi ceux qui me liront, se trouvent certainement des personnes qui étaient à ce concert. Ils peuvent le confirmer, on n’a jamais vu un tel concert d’une chorale de l’Eglise catholique. 

Plus de 4000 personnes, de toutes les générations : enfants, jeunes adolescents, jeunes adultes, jeunes mariés, parents et grands-parents, s’étaient tous déplacés. C’était un rassemblement à la Chris Ndikumana. A côté de ça, le Party People, c’est une fête d’anniversaire. 

Seule la chorale saint-Dominique pouvait provoquer un tel engouement dans les cœurs des gens jusqu’à sacrifier leur dimanche en famille, ou pour les bourgeois, un barbecue entre amis. 

Pour ceux qui n’ont absolument aucune idée de quoi je parle (même si j’en doute),  je vous explique. Si vous vivez au Burundi et que vous êtes déjà allés dans une quelconque église catholique, pour une messe vite fait avant d’aller travailler ou encore une messe d’enterrement ou une célébration de mariage, vous avez surement déjà entendu leurs chansons. La chorale Saint-Dominique, pardonnez la comparaison pour les âmes sensibles, ce sont les Jay-Z et Beyoncé de l’industrie musicale catholique. Ils ont innové et ont apporté plusieurs pierres à l’édifice qu’est notre chère église catholique. 

Au commencement…

L’histoire commence quand un groupe de jeunes, passionnés par la musique, la louange et l’adoration décident de se mettre ensemble pour chanter. Ces jeunes se retrouvaient les dimanches pour aider lors des messes à l’endroit maintenant appelé maintenant « Kuba Dominicains », au centre-ville. D’autres les rejoignent jusqu’au 15 août 1998, quand ils ont chanté leur première messe en tant que chorale. Certains ne le savaient pas, mais c’était le début d’un long chemin, et la création de la légendaire chorale Saint Dominique. 

Plusieurs membres continuaient à affluer de tous les quartiers de la capitale, des rencontres qui créeront des amitiés soudées, des couples, et même des ménages. La crise de 2015 perturbera les activités de la chorale. « Parmi les grands défis que la chorale a eu à surmonter, la crise de 2015 en fait partie. Nous avons perdu plusieurs membres de la chorale, d’autres sont allés à l’étranger. Pendant plus de 4 mois, nous avons cessé nos activités, et il nous a fallu nous reconstruire, et grâce à l’aide de Dieu nous y sommes parvenus », m’a confié Diomède Ntamwana, actuel représentant et président de la chorale. 

L’empreinte indélébile de la chorale 

L’apport de la chorale Saint-Dominique à l’Eglise catholique est indéniable. Imaginez ma surprise quand on m’a appris que la première chorale à avoir porté un uniforme quand ils chantaient, était celle-ci. La chorale Saint-Dominique  a été aussi la première à avoir introduit la batterie dans les messes, alors que plusieurs prêtres étaient contre. «  Ce sont des instruments qui n’ont rien à faire dans une église, allez plutôt jouer ça dans les karaokés », disait un prêtre catholique. La chorale Saint-Dominique, c’est aussi la première chorale de l’Eglise catholique à avoir enregistré leur propre chanson dans un studio. D’ailleurs, elle est aussi la première chorale qui compose ses propres chansons.  

Intrigué par l’écriture de ces chansons, on m’a fait savoir que l’auteur d’à peu près toutes les chansons à succès de la chorale, comme Ingo tuyivyinire, certains jours, Sebibondo, Shima, Naganze,… c’est Hervé Nkunzimana, membre de la chorale depuis l’an 2000. Et ces chansons sont jouées partout. Même dans les boîtes de nuit. La chanson « Naganze » par exemple sera jouée juste avant l’aube, mettant les fêtards dans une ambiance de louange et d’adoration : «  Nous rendons gloire à Dieu, notre mission d’amener la parole de Dieu à tout le monde s’accomplit chaque jour. Personnellement, je ressens une satisfaction. Quand je vois l’impact que cette chanson a par exemple, je suis le premier à être étonné. Je comprends que je n’écris pas seulement pour moi ou pour la chorale, c’est inexplicable, forcément que la main de Dieu y ait pour quelque chose », se réjouit Hervé.

Les grands moments d’Intahe Concert

Avant toute explication, Intahe Concert, comme le nom l’indique, était une commémoration, l’embarquement du public sur un grand bateau à travers les différentes époques qu’à traversées la chorale. Plusieurs hommages ont été rendus aux choristes qui ont perdu la vie, ou encore à la chorale Exo, dont les chansons, à une époque, étaient les seules à être jouées dans les messes du dimanche.  

La chorale a aussi pensé à tout le monde en travaillant sur l’œcuménisme, qui par définition signifie un mouvement favorable à la réunion de toutes les églises chrétiennes en une seule. Dans le cas qui nous concernait, un mashup de quelques chansons des chanteurs gospels burundais : Ekisa, Omega du groupe Victorious Team, Ayayaya de Dudu T. Niyukuri, Si jewe nkiriho de Redemption Voice et d’autres. 

L’événement s’est achevé plus de 3h après sur une prière dirigée par un des pères dominicains qui a vu la chorale grandir et devenir ce qu’elle est maintenant.