Métier encore relégué au rang de passe-temps dans la société, les mannequins burundais luttent incessamment pour obtenir cette bouffée d’air salvatrice pour la subsistance de leur art. Pourtant, Bigana Alvin s’est cravaché à ce mince espoir qui finira par le conduire sur l’une des plus grandes scènes mondiale de la mode, le panthéon des mannequins. Apprenons de lui…
Il est 03h54. Heure à laquelle les derniers couche-tard survolent les réseaux sociaux attendant de tomber dans les bras de Morphée. Pour moi, ça sera les statuts WhatsApp. Mon ahurissement sera sans second quand je verrai la photo de mon ami, récemment envolé pour la France, posté sur Vogue Magazine défilant pour la marque Balmain Paris. Comme le veut la tradition WhatsApp pour le club des potes fiers, un partage sur statut s’exigera avant toutes félicitations amplement méritées connaissant son passé.
Un parcours semé d’embûches
Bigana est l’aîné d’une fratrie de 5 enfants. Né le 17 Novembre 2004 en Zone Cibitoke de la Municipalité de Bujumbura, Alvin verra naître sa passion pour le mannequinat grâce à « un ami qui tenait un club de mannequin appelé taïga où chaque semaine nous étions formés et initiés aux rudiments du métier. Souvent quand les rares évènements de mode du pays avaient lieu nous étions sollicités. Mais cela revenait à perdre, la paie que nous touchions ne suffisaient même pas à nous payer le transport pour retourner à nos domiciles ».
Loin d’être le seul obstacle pour le jeune d’un mètre quatre-vingt-huit, la continuité de sa carrière tiendra assez souvent sur le bout d’un fil. Son travail nécessitant des shootings réguliers pour se vendre sur les réseaux sociaux, il sera confronté au refus de sponsor de la part des photographes de mode. « Dans le monde de la mode, il y a une manie scandaleuse de refuser d’aider tel ou tel mannequin parce qu’il n’est soutenu par aucun des ténors du milieu. Pour se débarrasser des personnes du genre, il donne des prix catastrophiques et le tour est joué ».
Le bout du tunnel
Comme tout calvaire a une fin, le sien s’allégera le jour où : « Je fis la rencontre de Best, un ami photographe et de Boris qui possédait un appareil. Ces derniers ne me faisaient payer aucun frais de shooting et grâce à ces photos mes plateformes étaient régulièrement alimentées m’attirant les services d’agences de modeling ».
De fil en aiguille, ce jeune à la peau noire ébène, diplômé du Lycée Technique Saint Jean réussira à prendre l’avion pour la ville lumière pour une réinstallation familiale. Une agence l’ayant récemment contacté pour collaboration l’enverra pour des test-shoot avec marques comme Gucci, Adidas et d’autres. Ses efforts conjugués depuis le début de sa carrière en 2018 paieront quand il sera retenu pour la Paris Fashion Week et pour bien d’autres évènements encore tenus secrets.
« Je n’y croyais aucunement pas, mes rêves les plus fous allaient se réaliser. J’ai défilé devant des stars internationales comme Kylie Jenner, Neymar Junior, Stromae et bien d’autres. Comme quoi, naitre dans le pays classé le plus pauvre du monde n’empêche en rien la réalisation de nos rêves ».
Bravo
Courage