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Barundi, Barundikazi, arrêtons cette hypocrisie autour de la nourriture !

« Imfura ziranywa ntizirya » (les ainés boivent, ne mangent pas), « Ntagushira inda imbere » (Faut pas mettre le ventre en avant), « Ndayamutaye » (Ventre qui l’a perdu)…voilà quelques uns des proverbes/idiomes qui renseignent sur l’imaginaire collectif des Burundais concernant la nourriture. Cela étant dit, certains de nos compatriotes, de vrais gloutons, préfèrent aller se remplir la panse au bar ou au resto au lieu de partager les repas dans le cadre familial. Ce blogueur semble avoir été ulcéré par cette hypocrisie. Voici son coup de gueule. 

Je suis sûr que vous l’avez déjà fait mais sans remarquer que c’est limite ridicule. Je parle de quand vous êtes quelque part atari iwanyu (pas non plus chez votre besto) et qu’arrive ce moment très gênant (mais qui n’est pas censé l’être) ou l’on vous demande de passer à table ou qu’on dépose de la bouffe devant vous. Je parle de ce moment où vous commencez à scruter les tableaux accrochés au mur comme si vous étiez soudain expert en œuvres d’art. 

La meilleure c’est quand votre ventre gargouille à cause de la faim, qu’on vous appelle pour passer à table mais que vous faites la sourde oreille pour qu’on répète l’invitation plusieurs fois ou alors vous finissez par donner la plus absurde des réponses : « oya naje mfunguye » (j’ai déjà mangé). Le motif donné par plus d’un est que c’est difficile ou gênant de manger « ahantu utamenyereye » (manger chez les gens). Vous verrez la même chose dans les fêtes où l’on doit se servir soi-même à manger.  Nombreux seront ceux qui se serviront peu de nourriture possible sous prétexte de penser à ceux qui sont derrière. Non chers amis : « Twarabahinyuye » (On vous a déjà démasqué). Vous avez honte à l’idée qu’on puisse penser que vous mangez beaucoup ou qu’on vous qualifie d’ « ibisambo » (glouton).

Pour pas mal d’entre nous, on nous a appris que ce n’est pas bien, voir interdit, de manger « mu muhana » (ailleurs que chez soi). La réalité est que ces attitudes se sont ancrées profondément dans l’imaginaire des Burundais.

Même dans les institutions

Il y a quelques jours, j’étais dans une activité qui réunissait un bon nombre de personnes influentes dans plusieurs sphères de la vie du pays. En principe, ces personnes sont censées être les plus à cheval avec la gestion du temps. Mais quand arrive le moment de la pause-café, le Burundais en eux prend le dessus sur le professionnel. Muti gute (Comment)? Quand le modérateur annonce que c’est le moment de la pause-café et qu’elle va durer 15 min max, personne ne se lève. Certains sont pris par une envie subite de se concentrer à 250% sur leur travail, d’autres focalisent leur attention sur des documents, etc… 

D’ailleurs moi-même, pourtant tenaillé par la faim, je ne me suis pas levé. La logique dans tout ça ? Ne pas y aller en premier. Cela prouverait que l’on aime manger, ce qui est très mal vu par les Burundais. Et dans une culture patriarcale comme la nôtre, ce ne sont pas les femmes qui vont y aller les premières. Le pauvre modérateur doit encore revenir supplier nos respectables messieurs de venir prendre ce café qui d’ailleurs coûte les yeux de la tête à l’organisateur de l’activité. La même scène se produira au moment du déjeuner. 

Mais pourquoi donc ?

Revenons brièvement sur les rapports qu’entretien le Burundais en général, et particulièrement l’homme, avec la nourriture. Dans notre culture, la nourriture est reléguée au second plan. Certains proverbes voudraient même nous faire croire qu’une certaine catégorie de personnes ne mange pas. Qui n’a pas encore entendu le dicton bizarre qui dit : « Imfura ntizirya » (les ainés ne mangent pas) ou encore « nta jambo ry’indya » (pas de parole de circonstance pour la nourriture) ? Mais cela n’empêche pas de voir nos chers papas, qui pourtant répètent à qui veut l’entendre : « ivyayi ni ivy’abana » (le petit déjeuner c’est pour les enfants) commander des petits déjeuner « King size » au restor-bar « Ku mutsinda » (un bar-resto branché) ou ailleurs. Y a-t-il honte à assumer son appétit ? Même la bible dit que : « Les aliments sont pour le ventre, et le ventre pour les aliments ». En attendant que vous m’aidiez à comprendre la raison de ces hypocrisies dans les commentaires, je m’en vais chercher quelque chose à grignoter.

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