Chaque été au Burundi, la saison des mariages bat son plein. Entre les bénédictions, les fêtes et les bridal showers, un même message se répète : la femme doit respecter, servir et plaire à son mari. Mais où apprend-on aux hommes à aimer, à se donner, à respecter en retour ?
L’été est terminé. Il a été beau, rempli de fêtes, de danses, de moments heureux. Mais comme tous les étés au Burundi, il y a eu trop de mariages. Moi qui ne suis pas vraiment une « personne de mariage », j’ai quand même fini par aller à cinq ou six cérémonies… et même à quelques bridal showers.
Et on oublie la moitié du message
C’est étonnant, ces moments. On y prépare la future épouse à être « une bonne femme », c’est-à-dire prendre soin de son mari, se montrer responsable, respecter son homme en tout et pour tout, être disponible, toujours. C’est beau, oui. Mais une question me brûle les lèvres : existe-t-il une fête, un rituel, une réunion où l’on apprend cela aux hommes ?
Aux bénédictions nuptiales, c’est le même refrain : « la femme doit respecter son mari ». On cite la Bible, mais toujours les versets qui insistent sur l’obéissance. Pourtant, Éphésiens 5:25 dit aussi : « Maris, aimez vos femmes, comme Christ a aimé l’Église et s’est livré lui-même pour elle. » Un amour exigeant, total, un don de soi. Mais ce verset-là, combien de fois l’entend-on ? Presque jamais.
Et si tu vas sur YouTube, c’est encore pire. Des vidéos en cascade : « Comment garder ton mari », « Comment rester belle pour lui », « Comment ne pas le perdre ». La femme est présentée comme un objet fragile qu’il faut polir et entretenir pour qu’il reste. Mais cherche la version inverse, et tu verras : le silence ! Comme si l’homme, lui, n’avait rien à apprendre.
« Les femmes changent », ce crédo cher aux hommes
On dit souvent : « Après le mariage, les femmes changent. » Mais les hommes, eux, resteraient éternels, figés dans leur éclat de fiancé ? Après trois enfants, vous voulez la même taille, le même éclat, le même feu ? Elle est épouse, mère, travailleuse, et vous la voulez encore sirène ? Mais vous, avec vos ventres qui gonflent, vos cheveux qui désertent, vos dos qui grincent… Etes-vous sûrs de rester les mêmes ?
Et si on regardait les choses autrement ?
Au fond, le problème n’est pas que les femmes changent. Ni que les hommes changent. C’est que, dès le départ, on a mis tout le poids de l’amour, de la patience et du respect sur les épaules des femmes. Comme si l’homme n’avait qu’à s’asseoir et recevoir. Et quand ça craque, on pointe du doigt la femme qui « n’a pas su…»
Peut-être qu’un jour, entre deux bénédictions et trois fêtes, on devrait rappeler aussi aux hommes que le mariage n’est pas un trône à occuper, mais un chemin à parcourir à deux. Et qu’aimer, ça use aussi. Mais qu’à deux, ça use beaucoup moins.