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Les attaques à la grenade au centre-ville : « J’étais au parking »

La soirée du 10 mai 2024 restera gravée dans la mémoire collective comme celle de l’horreur et de cauchemar. Alors que la nuit tombait, une série d’explosions de grenades a semé la panique au cœur de la capitale économique provoquant des scènes de chaos et de panique généralisée. Les ondes de choc ont retenti dans les quartiers proches du Centre-ville. La Police parlera plus tard de 38 blessés et, heureusement, pas de mort à déplorer. Une blogueuse de Yaga était en ville au moment des faits. 

Témoin direct de cet événement tragique, je me trouvais à proximité du parking des bus lorsque l’impensable s’est produit. Face à la confusion qui régnait, au lieu de fuir, j’ai choisi de m’approcher pour mieux comprendre la situation. Une femme, paniquée, a saisi ma main et m’a interpellé : « Les autres s’enfuient et toi, tu t’approches ? N’as-tu pas entendu ces explosions ? ». Un homme à mes côtés a murmuré : « Mureke abo ni bamwe ngo barinzwe na Yesu canke afise écouteur mu matwi ». Quelques instants après, les policiers ont été dépêchés dans tous les coins et recoins du Centre-ville, incitant les gens à quitter les lieux. Le temps n’était plus à la curiosité, journaliste ou pas, il fallait prendre ses jambes à son coup. J’ai donc couru comme les autres, sans savoir où aller. Rentrer chez moi à pied n’était pas envisageable, car la journée avait été trop épuisante et j’habite au sud, loin du Centre-ville. 

Les voitures roulaient dans toutes les directions pour échapper au danger. Ce n’était pas la première fois que je me retrouvais dans une telle situation, ayant vécu une expérience similaire l’année précédente lorsque j’étais près du kiosque de la Brarudi. Cette soirée, les mêmes sentiments de peur m’ont envahie.

Le chaos 

La scène qui se déroulait devant mes yeux était terrifiante. Les détonations assourdissantes résonnaient encore dans mes oreilles plusieurs minutes après. J’ai encore en mémoire le chaos indescriptible des gens courant dans tous les sens et le vacarme des klaxons des véhicules. Les gens, désorientés, cherchaient désespérément à se mettre à l’abri. Les policiers faisaient de leur mieux pour nous guider et nous protéger, mais la terreur était palpable. Les voitures démarraient en trombe, les moteurs vrombissaient furieusement, ce qui amplifiait le climat de terreur qui régnait. 

Arrivés à la Cathédrale Regina Mundi, les policiers ont rebroussé chemin et nous nous sommes mis à la recherche d’un improbable moyen de transport. Trouver de la place dans un bus Coaster était un véritable parcours du combattant ! J’ai finalement réussi à monter à bord d’un taxi avec dix autres personnes. On dit souvent « Haga imitima ».  Je l’ai découvert avec ce taxi-voiture que je n’aurais jamais imaginé qu’il pouvait transporter autant de personnes, car normalement ce genre de véhicules n’embarque que quatre passagers. Un soupir de soulagement a envahi mon être aussitôt que la voiture a démarré. Sinon, j’avais déjà commencé à réfléchir à prendre une chambre dans un hôtel pour dormir en ville.

Ce qui m’a le plus marqué, c’est la peur obnubilante du Centre-ville. Dans ces moments d’horreur, nous reprenons conscience de la fragilité de la vie face au destin, de la rapidité avec laquelle tout peut basculer dans un laps de temps. La sécurité qui semblait pourtant être un acquis s’est évaporée, laissant place à une vulnérabilité terrifiante. Les récentes attaques à la grenade laissent comme des plaies profondes qui mettront longtemps à cicatriser pour ceux qui ont vécu ces moments.

 

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