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La limitation des naissances : un sujet qui divise

Les discussions dans un groupe WhatsApp de la famille autour d’un nouveau-né démontrent bien que la question de la limitation des naissances divise encore et toujours les Burundais. En plus d’autres mesures, la conscientisation sur le bien-fondé de la limitation des naissances est plus que nécessaire.

Samedi, 10h. Je m’assois tranquillement dans mon petit salon après quelques séances de sport. Un message accompagné d’une photo d’un magnifique bébé tombe dans un groupe WhatsApp de la famille élargie. David, (mon cousin) et sa femme Bella viennent d’avoir leur troisième enfant. Des messages de félicitations à la burundaise pleuvent dans ce groupe. « Muragakira. Nimwonkwe. Rusizi mwarujabutse, etc. » Jusque-là, tout est normal.

D’autres messages continuent : « Muravyara benshi mumpe kamwe (Mettez au monde plusieurs enfants, et donnez-moi en un, Ndlr), lance ma tante, dans la retraite et mère de 7 enfants et grand-mère, suscitant de vives réactions, parfois contradictoires dans ce groupe. « Félicitations aux parents, mais je crois que certains adages ne sont pas d’actualité », tacle Fiacre, père d’un enfant, avant d’enchaîner : « Le coût de la vie devient dur dans ce pays, il faudra plutôt limiter les naissances. Il faudra des enfants dont tu es capable d’assurer les besoins de base : l’alimentation, le logement décent, les soins de santé. Des enfants dont on est capable d’assurer leur scolarité, etc. ». Ma tante signe et persiste : les enfants sont des créatures de Dieu et c’est lui qui sait comment ils vont grandir. 

Jacques, tout  célibataire qu’il est et enseignant au post-fondamentale, défend la position de ma tante (ne pas limiter les naissances) et sort son artillerie : « Un parent est capable d’élever combien d’enfants ? », interroge-t-il. « Tu peux te limiter à deux enfants, mais ils peuvent devenir des délinquants par après, comment tu vas t’y prendre ? ». Il évoque un autre aspect. « Si ton enfant tombe malade et qu’il nécessite des soins de santé par exemple en Inde, seras-tu capable ? ». Pour lui, il faut avoir autant d’enfants que tu peux avoir.

Des chiffres qui en disent long

Avec ce genre de mentalité qu’ont par ailleurs des millions de Burundais, le chemin est encore long pour freiner la démographie galopante qui pèse déjà sur le pays.  En 2023, la population burundaise dépassait 13 millions de personnes, selon les chiffres fournis par la Banque Mondiale. Plus de 41 % sont des jeunes de moins de 15 ans. Le Burundi est donc l’un des pays avec une densité de la population élevée, 442 hab/km2, selon les projections démographiques de 2020. L’enquête démographique et de santé 20216-2017 montre qu’une femme burundaise a en moyenne 5 enfants au cours de sa vie. Une autre raison de s’inquiéter, et cela concerne aussi les jeunes. Selon cette enquête, 8 % de femmes de 15-19 ans avaient déjà commencé leur vie procréative et 6 % avaient déjà des enfants. 

A côté d’autres mesures ou alternatives qui pourraient contribuer à freiner l’ascension de la population burundaise, il faut de la conscientisation sur la limitation des naissances. Plus de sensibilisations sont nécessaires pour le changement de mentalités des Burundais, restés notamment sur la culture et les croyances religieuses. Il faudrait plus de stratégies, de réflexions sur comment atteindre la population lambda qui est au fin fond des collines du Burundi et montrer l’ampleur et les conséquences qui peuvent découler de la question de la démographie galopante au pays. Impliquer les leaders d’opinion et les leaders religieux contribuerait à atténuer le choc.

 

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