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C’était donc sérieux !

Lundi 21 mars : mise en vigueur de la décision concernant la restriction du périmètre d’accès aux tuk tuk, motos et vélos en mairie de Bujumbura. Jusqu’aux premières heures de cette date, certains n’y croyaient pas encore mais la décision a été largement respectée dans plusieurs coins de la capitale économique. Récit. 

Dimanche, 20 mars. Côté basketball, Urunani s’incline face à une New Star déterminée ! La nuit, c’est le classico. Pens down, stress down, c’est le match. Le Real se fait corriger à domicile par son rival, le Barça sur un score fleuve de 4-0. A Kamenge, c’est le brouhaha des supporters blaugrana. Certains ont quand même pris le soin de faire évacuer leurs vélos, motos et bajaj des zones interdites avant d’aller siroter la dernière bière. Steve*, un ami de Bwiza, m’a confié sa Jeho Kuki. 

Lundi donc…

Il est 8h15. Un lundi normal à Kamenge. Le soleil s’est levé à l’Est. Il fait beau. Un constat : à la 6ème avenue, celle du marché de Kamenge, une foule de gens attendent désespérément le bus. Un bus otraco vient à la rescousse. Au parking des taxis vélos à la 4è avenue du quartier Kavumu,  seulement 4 vélos y sont garés. 

A la première avenue, une agglomération de vélos. Interdiction de dépasser la pancarte. Une moto semble avoir été saisie. Je remarque quelques policiers sur les lieux. Un coup d’œil devant, à droite et à gauche, pas de vélo, pas de moto, pas de tuk-tuk à la gare du Nord. C’est la zone interdite. La route semble déserte. Deux pick-up remplis de policiers passent à côté de moi comme pour donner un message : mwihende basha (faites gaffe, ndlr) ! Un conducteur d’un 4*4 hilux a été généreux : toute l’arrière de la voiture est remplie. Avoir où poser les deux pieds et où mettre les deux mains suffist. Je traverse facilement le quartier Ngagara vers Kigobe. Pas d’embouteillage. Le seul point positif noté jusque-là.

8h35. Je suis sur le boulevard 28 novembre. Pardon. Boulevard Mwezi Gisabo. Deux minutes après, un mini-bus arrive. Puis deux. Puis trois, puis un coaster. A ma grande surprise, les gens ne sont pas nombreux. Les bus attendent. Le premier arrivé est parti à moitié vide. 

 » Problème, problème… « 

Deux dames inquiètes discutent entre elles. Une d’elle est en tenue policière et armée. « Malheur à moi. Je fais vacciner mon bébé à l’hôpital militaire de Kamenge. Vais-je quitter là-bas chez moi à pied ? Me réveiller tôt, c’est impossible à cause du bébé », se plaint l’une des deux braves dames.

Apparemment, elle habite côté Mutakura-Carama comme ça. En tout cas, assez loin de l’HMK. La policière s’exclame : « As-tu vu les gens-là au terminus et au marché de Kamenge ? »

  » Ni ibibazo ni ibibazo… «  (problème, problème…) chantonne Majambere*, un portefaix, sac rempli de viandes sur son cou. Sûrement, qu’il les sort de l’abattoir.

« Ainsi dit, ainsi fait !»

Enfin, j’aperçois une moto devant le portail du centre hospitalo-universitaire de Kamenge (CHUK). La distance me fait défaut. Je ne peux pas bien visionner son numéro d’immatriculation. Mais à en croire sa couleur, une plaque GB (gouvernement burundais) peut-être. Contrairement à Kamenge, devant le CHUK, les bus ne sont pas du tout un souci ! 

8h48. Je suis en train de rebrousser chemin. Toujours pas d’embouteillage. Je ris jaune en jettant un coup d’œil vers la route Kamenge. Des têtes à perte de vue ! » Iryavuzwe ryatashe  » (Ainsi dit, ainsi fait) s’exclame Blaise, la vingtaine. Le parking des taxis vélos semble s’être déplacé vers les bureaux de l’Interbank à la première avenue.

Une résistance impuissante

Des coups de sifflet policiers se font entendre intimant l’ordre aux taxis vélos de dégager la route et de se garer du côté du quartier Heha. Les taxis vélos veulent résister et ne reculent pas directement au premier coup de sifflet.  Je me faufile dans la foule.

« Uno musi mwatewe basha, barenze inyuma ya kirya capa baca bayorwa? » (Aujourd’hui vous avez été envahis, s’ils dépassent la pancarte ils seront saisis ?ndlr) demande un civil à un policier. « Ego » (Oui, ndlr) répond le policier sans hésiter.

 » Nta muntu n’umwe yotera ikofe, nticokunda  » (Il ne peut gifler personne, impossible, ndlr) lance un taxi vélo. Les policiers restent imperturbables, engagés à faire respecter l’ordre du gouvernement. Sire Gervais a été clair :  » Gare aux récalcitrants ! « 

La loi, c’est la loi

9h03. Casque à la tête, un papa a quitté son Yamaha 125. Il négocie le passage avec les policiers. Le non est catégorique. Nul n’est au-dessus de la loi. Très peu de taxis motos sur place. Les vélos sont les plus nombreux. 

Cas intéressant : une moto à plaque gouvernementale dépasse la limite. Les policiers l’arrêtent et discute avec le conducteur avant de le laisser partir. 

9h08. Je vois la première caméra sur place. Quelques plans pour faire le journal. De passage, un fan blaugrana crie : « Barcelona oye ». J’en ai assez vu. Je rentre.

 

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