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Burundi : la santé mentale et ce qu’elle devrait être

On les voit tous les jours, on passe toujours à côté d’eux, dans nos villes, dans nos quartiers, dans les églises,… Eux, ce sont nos frères et sœurs atteint des troubles mentaux, qui se retrouvent dans les rues faute de moyens pour assurer leurs soins, ou suite à une mauvaise conception de la maladie. 

À l’entrée du Centre Neuro-Psychiatrique de Kamenge, un écriteau de 4 phrases en Kirundi et en français rappelle la réalité de la maladie mentale : « Jewe ndemanga ko ngwaye mu mutwe weho gute? » (Moi, je reconnais que j’ai une maladie mentale, qu’en est-il de toi ?). « La maladie mentale n’est pas une fatalité », « Umugwayi wo mu mutwe ntitumukumire » (Ne stigmatisons pas la personne souffrant de troubles mentaux)  et la dernière, « Plaidons pour la gratuité des soins de santé mentale ».

En effet, si la première phrase rappelle l’importance pour le malade de reconnaître et assumer son statut de malade mental, c’est parce que les maladies mentales restent incompréhensibles pour beaucoup de Burundais. Certains pensent directement à la sorcellerie et font d’abord recours aux guérisseurs et aux chambres de prières, avec comme conséquence, le retard dans la prise en charge effective du malade par les institutions habilitées et la dégradation de l’état du patient. La pauvreté, le manque de personnels qualifiés et de centres de prise en charge sont aussi des freins à l’accès aux soins. Les familles se heurtent souvent aux difficultés de payer les soins médicaux. D’autres ne parviennent pas à atteindre les centres de prises en charge, etc.

« Puisqu’on a pu trouver un petit lopin de terre à vendre afin de la faire soigner, vous penser qu’on trouvera un autre pour garantir ses soins ? En plus d’une famille à nourrir, ces médicaments doivent être pris régulièrement et pendant une durée indéterminée. Elle finira par rejoindre les autres dans la rue ! », raconte avec amertume Bernadette*, qui après une fréquence des troubles mentaux qu’a connu son mari et sa fille aînée hospitalisée l’année passée au CNPK, c’est au tour de sa cadette de 16 ans d’occuper un lit au CNPK.

À cela, on ne peut ignorer les violences répétitives enregistrées au cours des différentes crises politiques que le pays a connues jusqu’à présent, qui ne peuvent que laisser des traumatismes psychologiques dont certains sont toujours non traités, explique le DG du CNPK, Frère Herménégilde Nduwimana.

Que peut-on faire ?

« Des émissions radios/télé devraient être organisées pour sensibiliser la population sur la connaissance et la prise en charge primaires de ces maladies mentales, ainsi remédier à cette mauvaise connotation (Umusazi) qu’on accorde aux personnes atteintes des troubles mentaux. », explique Egide* un patient rétabli mais toujours sous traitement.

D’après le DG du CNPK le gouvernement devrait élaborer des stratégies pour aider tous ces cas qui se trouvent dans différents foyers et qui constituent des candidats potentiels de la rue, car avec le peu de ressource que dispose le CNPK, ils ne parviennent à soigner que ceux qui les consultent. Et par là on peut comprendre aussi l’intérêt des centres de counseling.

« Une mutualité basée sur l’équité ou un programme de gratuité des soins comme celui des tuberculeux ou les PVVIH serait nécessaires pour que ces personnes puissent avoir accès, sans se soucier de s’appauvrir, à des services sanitaires et sociaux essentiels leur permettant de se rétablir et ainsi atteindre un meilleur état de santé. », souligne le directeur.

Selon Aristote Ndagijimana le chef de poste social au CNPK, une approche multisectorielle serait nécessaire, avec toutes les parties prenantes intervenant dans le domaine de la santé mentale, pour garantir la promotion et la prévention de celle-ci, avant, pendant et après les soins, notamment par une réinsertion socio-professionnelle. 

Enfin, rappelons que la santé mentale fait partie intégrante de la santé. Il n’y a pas de santé sans santé mentale.

 

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Les commentaires récents (1)

  1. Oui, je trouve cette article très utiles car beaucoup des gens ne parviennent pas de comprendre que la maladie mentale peut être traitée et mm guerir une fois bien diaagnostiqué il faut faire des sensibilisations dzns tous les coins du pays