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Les réfugiés burundais, victimes collatérales des tensions entre le Burundi et Rwanda ?

Il y a plus d’une année de cela, le gouvernement burundais entreprenait un programme de rapatriement  volontaire de réfugiés en collaboration avec le HCR et les organisations partenaires. Et ils sont des milliers, ces Burundais réfugiés en Tanzanie, à être retournés dans leur pays. Mais par contre de l’autre côté de la Kanyaru, le retour reste timide. Pourquoi?

Alors que bon nombre de réfugiés burundais en Tanzanie continuent d’affluer, de l’autre côté de la Kanyaru, j’ai nommé le Rwanda, aucun mouvement massif de retour volontaire ne se fait remarquer alors que ses camps et villes hébergent un nombre important de Burundais qui y ont trouvé refuge. Une situation qui n’est pas sans susciter des interrogations dont la principale est : «Serait-ce dû au conflit entre les deux pays?» La question mérite d’être posée, surtout que même le président de la République du Burundi dans son message à l’occasion du nouvel an 2019 a reconnu que les 30.000 Burundais (des chiffres qui restent à vérifier tout de même) qui seraient rentrés du Rwanda l’auraient été par expulsion. Une expulsion qui ne concernait pas, notons-le, ceux qui logent dans les camps ou qui sont reconnus par la HCR comme réfugiés.

Cet état de fait m’a amené à poser la question aux concernés, à certains de nos compatriotes qui peuplent les camps et villes de notre voisin du nord. Et leurs avis sur la question sont on ne peut plus tranchés.

C’est le cas de David*, qui a fui le Burundi en 2015 au plus fort des manifestations et est réfugié pour le moment dans un camp. Pour lui, à  l’heure qu’il est, difficile d’envisager le retour. Il explique: «À en croire ce que nous entendons, la situation n’est pas aussi calme que le prétend Bujumbura. Un sentiment de peur me hante toujours». Et d’ajouter que :«Les relations entre mon pays d’accueil et mon pays natal n’arrangent pas les choses».

Ces relations tendues entre les deux pays faux jumeaux seraient l’une des raisons qui poussent Dany*, habitant Kigali, la trentaine révolue, à ne pas envisager le retour, du moins dans un futur proche : «Tu n’es quand même pas sans savoir qu’à maintes reprises, les autorités de Bujumbura ont accusé Kigali d’abriter les rebelles burundais. Comment alors veux-tu qu’un jeune comme moi débarque comme si de rien n’était. Ce serait du suicide et je ne suis pas candidat».

Des raisons fondées?

Ces mobiles de non-retour avancés par David et Dany sont-ils  fondés? Peut-être ou peut-être pas. C’est selon. Mais pour moi, ils ont le mérite  de souligner un point important : le poids de ce conflit qui n’intéresse personne sauf les deux voisins. Comment envisager le retour volontaire quand on connaît  les relations de suspicion entre le Burundi et le Rwanda? Entre le premier qui accuse le second d’entretenir une rebellion et d’abriter les putschistes et le Rwanda qui accuse le Burundi de soutenir les FDLR? Dans tous les cas, ce sont les réfugiés qui restent coincés entre le marteau et l’enclume.

Et à ce qu’il paraît, eu égard à la lettre du numéro un burundais à son homologue ougandais, médiateur dans la crise burundaise ainsi que le récent rapport des experts de l’ONU qui font état d’un soutien de Bujumbura aux rebelles rwandais du RNC, l’heure n’est pas encore à l’apaisement, le climat devient de plus en plus tendu. De quoi retarder les chances de rapatriement de nos compatriotes et installer encore plus d’amertume dans le cœur des familles séparées par cette guéguerre.  

*Noms  d’emprunt

 

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